mercredi 18 septembre 2024

Cyclisme : comment et pourquoi l’UCI lance son « carton jaune »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Pour en finir avec les chutes, les accidents et les comportements dangereux, l’UCI a décidé de lancer un système de cartons jaunes pour sécuriser les courses et protéger ses acteurs.

« La sécurité des coureurs est une priorité pour l’UCI, et c’est dans cette perspective que nous avions créé SafeR, une structure dédiée à la sécurité, réunissant les principales parties prenantes du cyclisme sur route professionnel. Je suis convaincu que les mesures annoncées, fruit du travail de ce nouvel organisme et qui touchent à de nombreux aspects de l’écosystème des courses cyclistes sur route, nous permettrons de progresser vers un sport plus sûr. »

Au moment d’officialiser l’arrivée des cartons jaunes dans le vélo, le président de l’UCI David Lappartient tenait surtout à rassurer. Au regard des derniers gros accidents et des incidents qui se multiplient dans le peloton, il fallait répondre favorablement à une demande des différents acteurs du vélo.

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Des chutes inhabituelles sur les classiques

« Il y a eu tellement de chutes comme au Pay basque cette année, nous explique Felix Gall, le coureur de Decathlon-AG2R La Mondiale. Les routes n’étaient pas dangereuses, mais le niveau est tellement de plus en plus exigeant. La pression est plus forte. En général, on peut toujours penser à faire des routes sécurisées, mais ça ne sera pas forcément une solution. »

« Le danger est une composante de notre sport, mais il est difficile de chercher à protéger les coureurs. Ce n’est pas comme la F1. On doit être plus dans l’apprentissage et essayer de faire prendre conscience aux coureurs de certaines situations. »

Pour l’Autrichien, l’idée des cartons jaunes peut être une solution intéressante. « L’idée de mettre des cartons, ça peut avoir du sens, surtout si ça doit forcer certains coureurs à prendre conscience du danger. Il y a tellement de coureurs à gérer. »

Depuis le 1er août, le peloton a basculé dans une nouvelle ère. Celle du carton. L’accumulation de cartons donnant lieu à des sanctions ne sera effective qu’à partir du 1er janvier 2025 pour permettre aux coureurs de s’habituer à ces nouvelles règles. Deux cartons jaunes dans une même course seront synonymes de disqualification.

Les oreillettes dans le collimateur

Puis ce sera le jeu des suspensions, 7 jours après deux cartons jaunes, 30 jours après trois, 2 semaines après six, voire un mois… Le tout étant valable pour les coureurs, les directeurs sportifs, les conducteurs de véhicules et même les journalistes ! Cela devrait faire prendre conscience du danger que certains créaient. Une réalité qu’Emmanuel Morin coureur de Van Rysel-Roubaix ne manque pas de pointer du doigt.

« Certains jeunes arrivent et n’ont pas forcément l’expérience du peloton. Ils ne se posent pas la question de savoir si ça passe ou ça casse. Ce n’est pas que pour le sprint. Il y a beaucoup d’exemples sur les chutes, pas seulement en France, on voit que ce sont des jeunes qui les provoquent. Il faut connaître ses forces et ses faiblesses sans prendre des risques inconsidérés. Les coureurs doivent prendre conscience. Le comportement, c’est le principal problème dans les chutes. Il y a des solutions, il faut les trouver. »

L’UCI prend également sérieusement le problème des oreillettes. « Elles apportent de la tension dans le peloton, affirme Felix Gall. C’est plus dangereux quand plus de 20 coureurs doivent prendre la meilleure position, au même endroit, au même moment même si ça peut aider aussi à prévenir du danger. »

L’instance régulatrice du World Tour et du cyclisme mondial pourrait faire que ce ne soit que deux coureurs par équipes qui puissent en avoir pour limiter les tensions et l’accumulation des consignes obligeant même à être plus stratégique à certains moments. La règle des 3 km passerait être à 5 sur les arrivées. Pour Adam Hansen, le président des CPA (Cyclistes Professionnels Associés), ces règles vont dans le bon sens.

L’UCI frappe fort pour une meilleure sécurité

« SafeR constitue pour moi la plateforme permettant de répondre à la préoccupation numéro un des coureurs : la sécurité dans les courses. Les réactions ont montré que la majorité des coureurs souhaitaient que la règle des trois kilomètres soit étendue afin de réduire le stress lors des finales de course mouvementée. »

« Je suis ravi que cette règle soit testée lors de certaines phases finales au sprint du Tour de France, et je remercie l’UCI et ASO de l’avoir autorisée. En outre, une vaste enquête menée l’année dernière a révélé la nécessité d’un système de cartons jaunes dans le cyclisme, qui sera testé avant d’être mis en œuvre l’année prochaine. »

Le Tour de France et Christian Prudhomme ont également œuvré pour apporter des réponses positives en tenant en compte déjà la liste des infractions sur la dernière édition de la Grande Boucle avant le démarrage officiel des cartons jaunes, le 1er août montrant que la famille du cyclisme se doit d’être unie pour tenter d’apporter des solutions dans l’intérêt de la sécurité de tous.

Même si Felix Gall estime qu’il ne faut pas que ça modifie son sport. « Je pense que ça peut changer l’essence de notre sport. Si tout est contrôlé, ça peut retirer un côté héroïque au cyclisme. » Réponses dans les prochains mois.

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