samedi 20 avril 2024

Cyclisme : Mark Padun, au nom de l’Ukraine

À lire

Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, Mark Padun est passé par tous les états que ce soit sur son vélo ou en dehors. Protégé par son équipe, l’Ukrainien tente de continuer à vivre sa saison pleinement avec le Tour de France en ligne de mire.

Après avoir été bousculé pendant deux ans par la Covid, le monde du sport et le vélo en particulier doit maintenant composer avec la guerre en Ukraine. Et, forcément, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour les coureurs ukrainiens.

En particulier, Mark Padun, l’unique coureur ukrainien en World Tour. Même si on ne peut pas oublier les dommages collatéraux de la guerre sur les coureurs russes comme Vlasov, chez BORA-hansgrohe ou Zakarin, qui a vu son équipe Gazprom-RusVélo ne plus être conviée sur les différentes épreuves, pour Mark Padun, il a fallu être fort dans sa tête pour continuer à être un coureur professionnel en 2022.

D’ailleurs, il n’avait pas manqué de le prouver en février alors que la Russie envahissait l’Ukraine et qu’il démarrait sa saison avec une victoire sur l’épreuve espagnole du Gran Camino. Mark Padun s’était alors livré à cœur ouvert sur les évènements tragiques qui se passaient dans son pays.

« Je ne peux pas être très heureux à cause de la situation dans mon pays, mais je veux partager cette victoire avec tous mes compatriotes. Mais je suis là et j’essaie de les soutenir autant que possible dans cette situation. Je suis tout ce qui se passe et je voudrais dire Slava Ukraini (Gloire à l’Ukraine, Ndlr). »

Mark Padun touché par la guerre en Ukraine

Vainqueur du contre-la-montre, il avait surtout impressionné son manager général Jonathan Vaughters qui ne s’attendait pas à une telle démonstration.

« Il a trouvé les mots et a su répondre aux critiques. Nous l’avons encouragé à s’ouvrir et nous l’avons aidé pour le contrela-montre. Et il a lui-même montré qu’il était une belle personne. Il est dur et très têtu, mais ce sont aussi les caractéristiques de son peuple. Je suis en train de l’apprendre aussi. Je suis fier de lui. C’est incroyable comme il a tenu bon ces dernières semaines. Nous allons beaucoup parler de lui cette année. Je n’ai aucun doute là-dessus, aucun. »

Depuis, Mark Padun se fait plutôt discret. En effet, il n’a plus terminé une course que ce soit Tirreno-Adriatico ou le Tour du Pays basque où il avait abandonné. Désormais protégé par son équipe qui le laisse récupérer en prévision du Tour de France, l’Ukrainien a fait en sorte de tenter de prendre sur lui pour continuer sa progression dans sa nouvelle équipe. Originaire de Donetsk, il était déjà habitué à vivre dans une région en guerre mais, depuis, il a pu rapatrier sa famille aux Etats-Unis, à Seattle, pour la mettre à l’abri de l’horreur de la guerre.

Les équipes russes exclues des courses

Maintenant Padun cherche à repartir dans sa saison comme de nombreux coéquipiers tels Andrii Ponomar (Drone Hopper-Androni Giocattoli), son compagnon d’entraînement en Italie, Vitaliy Buts (Sakarya BB Pro Team), Mykhaylo Kononenko (Sakarya BB Pro Team) ou encore Anatoliy Budyak (Terengganu Polygon Cycling Team) qui roulent dans les divisions inférieures. Le Tour de France est son objectif majeur, mais alors qu’il aurait dû reprendre sur le Tour de Romandie, il a fait encore fond bond à l’épreuve suisse du World Tour.

« J’aurais aimé que cela se passe d’une manière différente, expliquait Jonathan Vaughters. Je suis content de la perception que les gens ont sur lui. C’est un soulagement. La guerre est évidemment au premier plan de son esprit, mais sa personnalité n’a pas été occultée par les événements de son pays. Mark est un super garçon, il est très gentil et a un grand cœur. »

Protégé par son équipe

Les rumeurs de dopage le concernant et datant de la saison dernière après ses deux victoires de suite remportées sur le Dauphiné sont oubliées. Tout le monde souhaite revoir Mark Padun sur son vélo et sans états d’âme.

De retour en France, l’été dernier, le footballeur du FC Sochaux, Maxime Do Couto Teixeira a porté pendant plusieurs saisons les couleurs de l’Olimpik Donetsk. Très touché par ce qui se passe en Ukraine, il reconnaît que pour ses anciens coéquipiers, il est difficile de penser au sport dans des moments comme cela.

« C’est compliqué depuis le début de la guerre, là-bas. J’ai des amis qui y sont restés. D’autres sont partis. Ce n’est pas simple. C’est très difficile d’accepter la situation même si on n’est pas forcément Ukrainien. Il faut espérer que la paix va revenir rapidement. Ça a surpris tout le monde là-bas. J’ai été choqué comme tout le monde. Personne ne s’y attendait. C’est comme ça. C’est l’homme dans ce qu’il a de plus négatif. Mais il faut garder espoir, le sport dans sa globalité va revenir en Ukraine. »

En attendant, EF Education-EasyPost ne souhaite pas bousculer son grimpeur qui fêtera ses 26 ans le 6 juillet. Au sein de la formation américaine, on fait confiance à Mark Padun pour refaire parler de lui sur la route.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi