jeudi 25 avril 2024

Cyclisme : Monte Zoncolan, la montée la plus dure en Europe ?

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Quelles sont les montées les plus difficiles ? Pour beaucoup, le sommet italien n’a pas d’égal. Pour d’autres, le Mont Ventoux a une place à part.

Qui n’a jamais entendu parler du Mont Ventoux (1910 m), du Col de l’Iseran (2764 m), du Mont du Chat (1496 m) pourtant pas le plus connu des cols français du Col du Tourmalet (2115 m), du Col du Grand Colombier (1498 m), du Col du Galibier (2642 m), du Col de l’Izoard (2362 m), du Col de la Croixde-Fer (2065 m), de la montée de l’Alpe d’Huez (1815 m), du Col d’Aubisque (1709 m) ? Des montées où de grands coureurs ont connu l’agonie et d’autres ont écrit la légende du Tour. Mais, au fait, quels sont les cols les plus difficiles ?

« Cela dépend le pourcentage, de la longueur du col et de combien de temps on y passe, explique Richard Virenque. Quand on escalade le Tourmalet et le Mont Ventoux, on sait que c’est très, très compliqué. Ils sont également mythiques car ils dépassent les quinze kilomètres comme la Bonette (2715 m). A mes yeux, en France, les trois plus durs sont le Tourmalet, le Mont Ventoux, et la Bonette ».

Et à l’étranger ? « Le Monte Zoncolan en Italie et l’Angliru en Espagne sont également très durs. L’Angliru, ce n’est pas long, mais c’est tellement dur avec de forts pourcentages, ça fait très mal. Sans oublier qu’à l’époque on n’avait pas les braquets adaptés de maintenant. Monter ce genre de col s’apparentait vraiment à faire une énorme séance de musculation. Mais comparons aussi les choses comme elles doivent l’être. Dans le Mont Ventoux, on passe une heure dans l’effort. Si on passe 35 minutes dans d’autres cols, ce n’est pas la même chose… ».

« Le Mont Ventoux, l’Alpe d’Huez, le Tourmalet… sont des cols à part, rappelle John Gadret vainqueur de la 11ème étape du Giro 2011. De grands champions ont vraiment marqué l’histoire du cyclisme dans ces cols-là. Cela les a rendus mythiques. Mais, à mes yeux, il y a peut-être d’autres cols moins réputés, mais au moins aussi durs.

Les grands cols dans les Pyrénées sont même plus durs selon moi (Peyresourde, etc) que dans les Alpes. Ils sont certes moins longs mais, pour grimper à la même altitude, c’est plus pentu. Le col de la Madeleine dans les Alpes reste évidemment difficile notamment pour sa longueur. Ce genre de col est surtout compliqué mentalement à accepter. »

« La difficulté d’un col ne se résume pas qu’à son pourcentage »

« Quand vous voyez le sommet à 5 km, c’est vraiment dur dans la tête. Quand je vais en vacances à la montagne, je me surprends à me dire que je suis monté à cet endroit ! Moi qui refais un peu de vélo, je vois ce que c’est de souffrir beaucoup (sourire). En Haute-Savoie, il y a de sacrés endroits aussi comme le Plateau des Glières. Ce n’est pas très long, mais c’est très dur. Le Col de Romme (1297 m) a également été emprunté à plusieurs reprises sur le Tour. Vous basculez et vous tombez ensuite dans le col de la Colombière (1607 m) ».

3ème du Giro en 2011, le Français connaît bien le monstrueux Zoncolan : « Je me souviens d’un contre-la-montre. C’était hyper dur avec une pente très raide. Le plus dur ? On ne peut pas comparer la difficulté d’un Zoncolan avec un Tourmalet.

Le Tourmalet, l’Alpe d’Huez, il y a de gros pourcentages, mais un Zoncolan c’est juste monstrueux avec des rampes hyper raides. D’un autre côté, étant un pur grimpeur, je préférais monter le Zoncolan car les pourcentages me convenaient davantage. Je pouvais alors faire des différences. Un sprinteur aurait certainement eu une autre vision des choses…

En Espagne, il y a l’Angliru. Dans ce col, on ne peut pas faire de différences énormes. Lors d’une Vuelta, je me souviens de David Moncoutié. Il était à 50 mètres de moi. Il devait être 7ème, moi 8ème. Je n’arrivais pas à le rattraper tellement c’était pentu et longtemps. Je m’ étais mis à un rythme de croisière.

Si j’allais un peu plus vite, j’explosais. Si j’allais moins vite, je risquais de poser pied à terre tellement c’était raide. Plus globalement, la difficulté d’un col ne se résume pas qu’à son pourcentage. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte comme le temps de récupération, les conditions météo. La température idéale pour monter un col, c’est 15/20 degrés. En temps de pluie ou de canicule, ce n’est pas la même chose ! Les grands cols resteront toujours compliqués à monter en dépit de l’évolution du matériel ».

L’Europe regorge de cols avec une grande altitude et des dénivelés élevés

L’Europe regorge aussi d’ascensions terrifiantes. Outre l’Angliru en Espagne, le Zoncolan en Italie, le Mur de Sormano (1105 m en Italie), le Kitzbuheler Horn dans les Al-pes autrichiennes (1996 m d’altitude), l’Ordino-Arcalis (2223 m) situé dans la principauté d’Andorre est régulièrement au programme du Tour et de la Vuelta.

Nicolas Geay, auteur de l’ouvrage « Cols de légendes », nous révèle son top 5 des cols mythiques français les plus difficiles : « 1/ Le Mont Ventoux 2/ Le Mont du Chat 3/ Le col de la Loze 4/ Le col de la Joux Plane 5/ Le Galibier… J’ai eu la chance de les avoir tous faits donc de pouvoir évaluer leur degré de difficulté. Au-delà de ce top 5, j’aurais aussi pu citer l’Iseran, le Tourmalet ou le col des Glières… Le plus dur, pour moi, reste le Ventoux, pas forcément pour sa dernière partie, lunaire, la plus connue, plutôt jusqu’au chalet Reynard où c’est l’enfer sur 15 km sans débrancher à 9-10%.

C’est très, très dur et la difficulté tient aussi à sa réputation. Je n’ai ressenti cette sensation de peur qu’au pied du Ventoux qui est une des rares difficultés où, en bas, vous pouvez voir le sommet. On prend conscience comme nulle part ail-leurs de ce qui nous attend. Au-delà du pourcentage pur, ces sommets sont hyper difficiles en raison de leur environnement, de la qualité de la route, de l’altitude.

Lorsque vous faites le Galibier, côté Valloire, vous sentez physiquement que vous êtes au-dessus des 2000 mètres. L’oxygène se fait rare et vous êtes vite essoufflé. Pour en avoir parlé et en avoir fait certains avec lui, je sais que Cédric Vasseur a le même top 3 que moi, à savoir le Ventoux, le Mont du Chat et la Loze.

A l’étranger, je ne les ai pas expérimentés, mais deux sont certainement les plus difficiles ; l’Angliru (Alto del Angliru en Espagne, 1573 m, 12,5 km, 10,1%) et le Zoncolan (Monte Zoncolan en Italie, 1730 m, 8,9 km, 12,8%). L’altitude du Stelvio avec ses lacets caractéristiques (Col du Stelvio en Italie, 2758 m, 24,3 km à 7,4%) le rend plus redoutable que les autres. Le col du Mortirolo est aussi un sacré morceau avec un fort pourcentage de pente (1852 m, 12,5 km à 10,4%). Ils font tous saliver ». Ou peur !

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