samedi 12 octobre 2024

Daniel Bravo : « Avec ce PSG là, il y a toujours un doute »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Eliminer le Barça en Ligue des Champions, Daniel Bravo l’a déjà fait. Aujourd’hui consultant pour la télévision, l’ancien joueur du PSG porte un regard critique sur l’état d’esprit des Parisiens.

Jusqu’au Final 8 de Lisbonne en août 2020 qui porta son ancien club en finale, il était de la seule demi-finale de Ligue des Champions du PSG. Avant le huitième de finale retour face au Barça, il fait encore partie de la dernière équipe à avoir réussi à éliminer le Barça. C’était en 1994-1995. 26 ans après, le consultant beIN Sports tente un parallèle qui n’est pas forcément à l’avantage des joueurs de Pochettino.

Daniel, d’une élimination du Barça (1-1 et 2-1) en 1995, en quart de finale, à ce match retour qui nous attend en mars prochain, voyez-vous des similitudes dans le rapport de force entre les deux équipes ?

Nous sortions d’une phase de groupe parfaite où nous avions réalisé un sans faute (6 matchs, 6 victoires) avec de très bons joueurs mais moins de talents individuels qu’aujourd’hui. Certes nous avions aussi des individualités, Weah notamment qui nous avait porté pendant toute la campagne européenne, mais aussi Valdo ou Ginola, mais notre force principale tenait à une solidarité et un mental à toutes épreuves. C’est dans le collectif que nous existions au très haut niveau, dans la haine de la défaite, la rage de vaincre. Le PSG d’aujourd’hui a plus de talents individuels, notamment devant et se repose moins, ou disons pas assez souvent, sur cet état d’esprit qui nous avait permis de compenser notre manque d’expérience de la C1.

Pourquoi n’aviez-vous pas pu aller au bout et éliminer le Milan AC en demi ?

On peut toujours nourrir quelques regrets tout en reconnaissant au final la supériorité du Milan AC de l’époque. Pour espérer se qualifier, il nous aurait fallu plus de réussite au match aller où nous perdons 0-1 après avoir eu des occasions et la possibilité de gagner. Au retour, nous n’avions pas existé (0-2), le match était plié… et un peu gangréné par le club italien qui avait contacté George (Weah) pour le faire signer la saison d’après. Alors qu’il avait été énorme jusque là, je suis certain que cela l’a déstabilisé.

« Il n’est pas possible de choisir ses matchs sinon à perdre cette culture de la gagne qui vous permet d’aller au bout. »

S’il élimine lui aussi le Barça, le PSG de Pochettino peut-il gagner cette C1 ?

S’ils gardent le même état d’esprit que le match aller à Barcelone, évidemment ! Mais leur irrégularité, à l’image de leur défaite dans la foulée face à Monaco, peut être inquiétante. Perdre six fois en championnat… c’est déjà énorme pour une équipe comme Paris. Donc il y a toujours ce doute de savoir si ce groupe aura la capacité, à chaque match de Ligue des Champions, de se transcender, de se mettre en configuration pour donner le meilleur de lui-même. Si t’es solide, t’es solide, que ce soit face à Lorient, Lille ou Barcelone. Il n’est pas possible de choisir ses matchs sinon à perdre cette culture de la gagne qui vous permet d’aller au bout.

Le 8 mai 1996, le PSG de Daniel Bravo devenait la deuxième équipe française à remporter une Coupe d’Europe.

Vous pensez que les joueurs choisissent leurs matchs ?

Choisir ses matchs est peut-être un peu exagéré, disons plutôt qu’ils ne mettent pas la même implication. C’est humain, ça s’explique après un tel exploit au Barça. Mais je dis qu’il faut faire très attention car il est toujours difficile et risqué de compter sur sa capacité à se transcender dans les grandes occasions et de négliger le reste. Ça ne marche pas comme ça. La Ligue 1 pour le PSG d’aujourd’hui c’est le train train quotidien. Les joueurs font le job mais, sans motivation, ils deviennent une équipe comme les autres. A notre époque, on n’avait pas autant gagné, on ne pouvait pas se permettre de se relâcher. Dès qu’on le faisait, on le payait cash. D’ailleurs, cette saison là, on avait laissé le titre à Auxerre alors qu’on avait dix points d’avance à la trêve. On était obligé de tout donner, tout le temps, si on voulait exister au niveau européen. C’est comme ça que l’année d’après nous avions gagné la Coupe des Vainqueurs de coupe. Sans être des morts de faim, jamais nous n’y serions parvenus.

« Le leadership de Thiago Silva n’a pas été remplacé »

Donc sans être morts de faim, le PSG de Pochettino ne peut pas espérer gagner la Ligue des Champions en 2021 ?

Ça parait difficile, oui. Il est humain qu’ils se relâchent mais ce n’est pas acceptable quand on ambitionne de gagner la Ligue des Champions. Si le Real Madrid a gagné trois Ligues des Champions en quatre ans ça veut dire que ses joueurs ont été capables de se remettre en cause tout le temps. Paris doit progresser dans cette approche.

Et d’abord en Ligue 1 !

Oui, et rapidement s’ils ne veulent pas perdre le titre. Il va notamment falloir qu’ils trouvent rapidement un successeur à Thiago Silva. A tort ou à raison, le Brésilien a souvent été critiqué mais dans son leadership, il n’a pas été remplacé. Des joueurs comme Matuidi étaient moteurs et toujours à fond, qu’ils soient à Lorient ou à Barcelone. Quand ils sentaient un relâchement, ils remobilisaient tout le monde et montraient l’exemple. On vient de voir le PSG se faire battre au Parc par une équipe de Monaco qui avait dix fois plus envie. Ils nous avaient habitués à plus de rigueur et de constance dans les efforts…

> Retrouvez l’interview complète de Daniel Bravo dans le prochain numéro du Foot Paris, en vente début mars.

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