Son repositionnement comme milieu défensif aura été une des clés de l’épopée européenne du PSG de Luis Fernandez en 1994/1995, jusqu’en demi-finale. L’interview de Daniel Bravo.
Cette campagne de Ligue des Champions 1994/1995 est-elle le sommet de votre carrière ?
Oui, on peut dire ça, même si l’émotion fut plus forte la saison d’après lorsque nous avons gagné la Coupe des Coupes. Mais c’est une vraie fierté d’avoir fait ce parcours en Ligue des Champions, face à des adversaires aussi prestigieux que le Bayern, Kiev, le Barça ou le Milan AC. On avait largement le niveau, pas l’expérience de la C1, que nous découvrions tous pour la plupart, mais celle des coupes d’Europe.
Regrettez-vous de ne pas avoir pu aller au bout ?
Eu égard à notre parcours sans faute 6 matches, 6 victoires en poule avant d’éliminer le Barça de Cruyff on peut en nourrir quelques-uns tout en reconnaissant au final la supériorité du Milan AC de l’époque. Pour espérer se qualifier, il nous aurait fallu plus de réussite au match aller où nous perdons 0-1 après avoir eu des occasions et la possibilité de gagner.
Au retour, nous n’avions pas existé, le match était plié… et un peu gangrené par le club italien qui avait contacté George (Weah) pour le faire signer la saison d’après. Alors qu’il avait été énorme jusque-là, je suis certain que cela l’a déstabilisé.
« Fernandez trouvait que Le Guen ralentissait trop le jeu au milieu… »
Peut-on comparer ce PSG là à celui de cette saison ?
Nous avions de très bons joueurs, les Valdo, Ginola, Weah, Ricardo… mais notre force principale tenait à une solidarité et un mental à toutes épreuves. C’est dans le collectif que nous existions
au très haut niveau, dans la haine de la défaite. Le PSG d’aujourd’hui a plus de talents individuels, notamment devant et se repose moins, ou disons pas assez souvent sur cet état d’esprit qui nous avait permis de compenser notre manque d’expérience du très haut niveau.
Daniel Bravo croit à une victoire de Paris en Ligue des Champions
Quel fut le moment le plus fort de cette épopée pour vous ?
Le premier match de poule, face au Bayern au Parc, que nous gagnons 2-0 et où je marque le second but d’une reprise de volée. Moins pour mon but que parce que cela correspondait à mon retour dans l’équipe à un poste inhabituel de milieu défensif. Luis Fernandez, qui trouvait que Paul Le Guen ralentissait trop jeu, avait eu cette idée.
Je traversais une période difficile à un poste plus offensif, j’étais souvent remplaçant et j’ai saisi cette opportunité. Cela m’a permis de décoller et de m’imposer, de vivre deux années magnifiques au PSG dans la foulée. Ce match, et ce but magique, furent deux éléments déclencheurs. Pour moi, et pour l’équipe qui se sentait forte à enchaîner les victoires à l’extérieur. On n’avait peur de personne, même pas du Milan AC.
Le PSG de Pochettino peut-il gagner cette C1 ?
S’ils gardent le même état d’esprit que le match aller à Barcelone, évidemment ! Mais leur irrégularité, à l’image de leur défaite dans la foulée face à Monaco, peut être inquiétante. Perdre six fois en championnat… c’est déjà énorme pour une équipe comme Paris.
Donc il y a toujours ce doute de savoir si ce groupe aura la capacité, à chaque match de Ligue des Champions, de se transcender, de se mettre en configuration pour donner le meilleur de lui-même. Si t’es solide, t’es solide, que ce soit face à Lorient, Lille ou Barcelone. Il n’est pas possible de choisir ses matches sinon à perdre cette culture de la gagne qui vous permet d’aller au bout.