vendredi 24 janvier 2025

Daniel Narcisse : « Il y avait une pression énorme »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Membre historique de l’équipe de France, Daniel Narcisse a largement contribué à l’âge d’or du handball français et notamment de cette médaille d’or aux Jeux Olympiques de Pékin.

Que vous reste-t-il du premier titre olympique de la France en 2008 ?

Il me reste une médaille qui brille plutôt pas mal… (rires) Mais, avant toute chose, il me reste un énorme souvenir. On s’en rappelle, surtout, à chaque fois qu’une compétition olympique commence. Les prochains JO de Tokyo nous rappellent tout ce que l’on a pu faire ces dernières années. Des grands moments inoubliables que l’on a pu vivre. En espérant que les prochaines échéances soient tout aussi réussies.

Daniel Narcisse marqué par l’importance des JO de Pékin

Le fait que ce titre soit le premier a-t-il une saveur particulière, ou le fait d’en avoir connu d’autres après, fait qu’il se noie dans la masse des conquêtes réussies ?

Les Jeux de Pékin étaient des jeux importants pour la fédération. Pour les joueurs de l’équipe de France aussi. C’est une compétition où l’on avait toujours été en-dessous des équipes qui avaient été meilleures que nous. On n’avait jamais réussi à atteindre au mieux une médaille de bronze magnifiquement remportée à Barcelone en 1992. On avait eu du mal à remonter sur le podium après.

Cela démontre la réelle valeur d’une médaille d’or olympique. Il y a eu beaucoup d’attente et de pression. Il y avait du stress durant cette compétition. On l’avait ressenti après Athènes. Le travail effectué en équipe de France était focalisé sur les Jeux Olympiques de 2008 avec comme objectif d’aller chercher une médaille. Le travail était énorme. La prise de conscience aussi.

Il fallait réussir cette compétition. Ça laissait une pression énorme sur les joueurs et le staff. Le travail effectué a été incroyable. Je me souviens des premiers rendez-vous de la préparation physique.

Daniel Narcisse éprouvé par l’intensité des matchs pendant les JO de Pékin

A partir de quand avez-vous senti que tout se mettait en place pour aller chercher l’or ?

Il n’y a pas vraiment de moment où on le ressent. On ne peut pas prétendre savoir que l’on va gagner un match ou une compétition. On peut très bien commencer une compétition et s’écrouler au pire des moments, notamment en quarts de finale, le match le plus important au final sur une compétition comme les JO.

Ça te donne accès à un match pour une médaille avec les demi-finales, la finale ou même le match pour la 3ème place. On a continué à bosser dur tout au long de la compétition. On a pris les rencontres comme elles venaient, jusqu’à la Russie, une nation qui nous avait fait beaucoup de mal par le passé. C’était important d’aller en quarts puis de se focaliser sur cette rencontre décisive. On s’est construit petit à petit. On avait l’envie de se surpasser à chaque rencontre.

« On a offert du bonheur et des émotions »

C’était impressionnant de voir la maîtrise que vous aviez sur vos adversaires.

Cela n’a pas été aussi simple. On a su surtout maîtriser la pression autour de ces matches. On connaissait bien nos adversaires. Nous savions qu’il fallait être prêt et performant dans les grands moments. On donnait l’impression d’une certaine maîtrise. Nous essayons à chaque fois que cela marche bien. On voulait avoir la main sur le match. Mais on a eu des matches accrochés comme la Russie en quarts ou la Croatie. Il a fallu alors des exploits individuels pour trouver des solutions. Cela a fait notre force jusqu’au bout.

Le parcours jusqu’en finale a donc été plus compliqué que le match pour l’or…

(Il coupe) Il ne fallait pas croire qu’une victoire sur la Russie allait nous donner tout de suite la médaille d’or. Face à la Croatie, on avait énormément de pression. L’une des meilleures équipes au monde. Elle avait toujours brillé aux JO. On avait un gros morceau. Surtout que face aux Russes, on avait dépensé beaucoup d’énergie.

En recherchant à taper dans nos ressources, une fois encore. Cela allait se jouer sur des détails. C’était l’un des matches les plus difficiles. Ce n’était pas le meilleur, mais il a été le plus dur, au niveau du stress et du défi physique. Il a fallu beaucoup d’efforts pour passer la Croatie que l’on avait déjà battue en phase de poules.

« Toujours sympa d’aller voir le Président de la République, on a fait honneur à la France »

Quelle est la sensation que l’on ressent au moment du coup de sifflet final, une fois que l’on est champion olympique ?

Il y a beaucoup de satisfaction. C’est un aboutissement. Il y a énormément de joie et de pleurs. Il y a une énergie spéciale après le coup de sifflet final. Ce sont beaucoup d’émotions qui se mélangent. Toutes ces émotions sont décuplées par le fait qu’on les partage avec ses copains et ses compagnons de bataille. On repense à nos années passées et au parcours fait depuis tout petit. Ce sont des moments difficilement explicables.

Le fait d’être désigné dans l’équipe-type de la compétition, est-ce une satisfaction personnelle en plus ?

C’est plus anecdotique. Ce n’est pas le plus important. La médaille olympique dépasse toutes les performances individuelles. C’est une vraie récompense collective. Cela rajoute un peu de joie supplémentaire, mais ce n’est pas l’essentiel.

Cela vous a permis de prendre vos habitudes à l’Elysée… (Rires)

C’est toujours sympa d’aller voir le président de la République. C’est bon signe. Et ça permet de montrer que l’on a fait honneur à la France. Personnellement, à chaque fois qu’on y allait, c’était important d’avoir cette reconnaissance nationale. C’est à l’image des remerciements que l’on reçoit encore au quotidien aujourd’hui de la part des gens que l’on croise dans la rue. On a offert du bonheur et des émotions. Ça n’a pas de prix. C’est incroyable.

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