RODEZ – TROYES (20H)
Après un début de saison très compliqué (Rodez était lanterne rouge avec 3 points, après 7 journées), le RAF, qui a quasiment renouvelé toute son équipe cet été, a remonté la pente. Malgré la sortie de route contre le Red Star la semaine dernière (0-3), l’équipe aveyronnaise peut intégrer la première moitié de tableau en gagnant contre Troyes. Didier Santini revient les six premiers mois de la saison.
Cette saison, Rodez est pratiquement reparti d’une feuille blanche, une douzaine de départs, des blessés (Lipinski s’est gravement blessé au genou), c’est quasiment une nouvelle équipe…
Par rapport au barrage retour à Saint-Etienne la saison dernière, il ne reste que trois titulaires : Mambo, Younoussa et Taïbi. Devant par exemple, j’avais Corredor, Hountondji et Arconte, ils sont tous partis.
Ce qui complique la tâche, c’est que ceux qui les ont remplacé avaient très peu d’expérience…
La grande majorité n’avait jamais joué en Ligue 2. Cadiou avait joué une saison en Ligue 2, mais il est arrivé après 3 ou 4 matchs. Baldé avait fait des apparitions en Ligue 1 mais a longtemps été blessé (4 matchs avec Lens, lors de la saison 2021/2022 et 20 matchs en Ligue 2 avec Annecy, la saison suivante, avant de se blesser, ndlr).
« Quand Klauss Allofs m’a appelé pour Giovanni (Haag), je lui ai dit que l’entraîneur disait non, mais que l’être humain le laissait partir »
Certains joueurs, comme Haag ou Corredor, sont partis tard, vous en avez discuté avec votre président avant ?
Oui, on en discute… On sait, bien sur, que c’est inévitable. Je donne mon avis. Pour Killian (Corredor, ndlr) par exemple, il avait eu plusieurs propositions avant, mais on ne voulait pas le laisser partir n’importe où (finalement, le joueur auteur de 12 buts en championnat la saison dernière, s’est engagé avec le club de Darmstadt, en 2ème division allemande, ndlr). Pour Giovanni (ndlr : Haag), le président m’a dit, « Didier, c’est toi qui décide ». Le soir où il signe, Klaus Allofs (membre du comité directeur de Düsseldorf, D2 allemande, ndlr), avec qui j’ai joué à l’OM, m’a appelé, on a parlé, je lui ai dit : « le coach il dit non, mais l’être humain il dit oui ».
Haag, c’était pas n’importe qui…
Je sais… Quand tu perds un joueur comme ça, tu ne peux pas t’empêcher de penser que tu affaiblis ton équipe.
« Je n’ai jamais été ouvert à un départ »
Comme pour Rajot et Danger, partis à Caen et au Red Star, mais qui, eux, étaient libre…
J’ai essayé de les retenir, mais, c’étaient leurs décisions. Après il faut te dire que tu vas pouvoir t’appuyer sur d’autres joueurs, ça ne sert à rien de passer son temps à dire, « si j’avais encore lui, et lui… », on fait avec ce qu’on a, en se disant qu’on va aider les joueurs à grandir.
Vous, d’un point de vu personnel, votre nom aussi a circulé (à Metz notamment, et à l’étranger, ndlr), mais vous avez tout de suite fermé la porte…
Je n’ai jamais été ouvert à un départ. Ça ne m’intéressait pas d’écouter des propositions, ni même d’être averti. Quand on voulait m’en parler, je répondais que ce n’était pas mon problème.
Et si un club comme Saint-Etienne, ou Nantes, venait vers vous maintenant, vous seriez prêt à discuter ?
D’abord, je pense que ces clubs ne s’intéressent pas à moi (sourire), ensuite, si c’était le cas, je leur dirais : on en reparle l’été prochain. J’ai des valeurs, du respect pour les gens avec qui je travaille. J’essaye de donner des valeurs à mes joueurs, de leur expliquer comment je veux travailler avec eux, de fixer des objectifs, individuels et collectifs, et je ne me vois pas leur dire : « au revoir, je me casse ailleurs ». Pas question de parler de quoi que ce soit avant la fin de la saison.
On sent bien qu’il sera très difficile de vous faire quitter Rodez…
Déjà, il faut savoir pour quoi on part. L’argent ne fait pas tout. En deux ans et demi ici, j’ai vécu tellement de choses, tellement d’émotions.
« L’équipe est meilleure que celle de la saison dernière. On a moins de banc, au niveau de l’effectif, mais l’équipe est meilleure ».
Cette équipe, vous pensez pouvoir l’amener jusqu’où ?
Franchement, je ne sais pas. A un moment, c’est eux (les joueurs ndlr) qui décideront. Je pense qu’on pourrait avoir plus de points, mais si on ne les a pas, c’est qu’il nous a manqué beaucoup de choses. Il y a des joueurs qui ont 15 matchs de Ligue 2. Il faut savoir s’ils ont digéré ces 6 premiers mois. C’est un championnat très compliqué dans lequel tout peut arriver. C’est difficile de se faire une idée du potentiel de l’équipe. Pour moi, on a joué moins de dix matchs. Je comprends certains supporters qui ont eu du mal à l’intégrer quand on n’avait pas de résultats. Certains disaient : « Mais il y a deux mois on faisait ça, on était là… ». Oui, mais c’était une autre équipe. Aujourd’hui, je pense que l’équipe est meilleure que celle de la saison dernière. On a moins de banc, au niveau de l’effectif, mais l’équipe est meilleure. Le groupe, comment il vit, comment il travaille, il est meilleur. Même si j’ai très peu de joueurs. 13 ou 14 qui peuvent être titulaires.
L’objectif, ça reste d’abord le maintien ?
C’est un championnat très particulier. Tu gagnes deux matchs, tu peux être 6ème ou 7ème, et si tu en perds deux, tu peux te retrouver relégable. C’est très serré, en dehors peut-être de Martigues qui est un peu détaché. Je ne vais pas faire mon Guy Roux, mais il est clair que l’on doit penser au maintien.
Alors justement, avec le mercato, vous allez en profiter pour vous renforcer, même si les moyens sont extrêmement limités ?
On va voir ce qu’on peut faire, on en a discuté aujourd’hui (mercredi 18 décembre, ndlr). Je ne vais pas prendre un prêt pour ajouter un joueur à l’effectif. Il faut que ce soit un joueur qui puisse rentrer tout de suite titulaire dans l’équipe. Ça ne veut pas dire qu’il va jouer, mais il faut qu’il puisse être titulaire.
Vous ne voulez pas de joueur simplement pour étoffer l’effectif, pour boucher les trous ?
Non, ce n’est pas du tout le but. D’abord, je ne suis pas un bouche trou, je ne prendrais pas un joueur pour prendre un joueur. Il faut que ce soit un titulaire.