Transfuge de Toshiba-Look, où il était aux côtés de LeMond, Bernard ou Leblanc dans l’équipe de Bernard Tapie, Dominique Garde découvrait, à 30 ans, le Giro chez Système U et dans les pas d’un Fignon… revanchard.
Quels souvenirs gardez-vous de ce Giro 1989 ?
Il s’agissait de mon premier Giro avec une équipe que j’avais souhaité rejoindre, justement parce qu’elle me permettait de découvrir cette épreuve. J’arrivais en fin de carrière et je voulais avoir fait les trois grands Tours (8 Tours de France, 3 Giro et 2 Vuelta, Ndlr). On l’avait préparé un peu à l’ancienne, et je me souviens que je n’étais pas au top de ma forme à mon arrivée en Sicile. Les premières étapes avaient été difficiles. Mais après avoir limité la casse en contre-la-montre par équipes, nous étions tous montés en régime par la suite, surtout Laurent évidemment.
Dominique Garde a couru avec Laurent Fignon
Dans quel état d’esprit Laurent Fignon avait-il abordé ce Giro ?
Il venait pour gagner et revenait sur le Giro avec un fort esprit de revanche. Après avoir perdu en 1984 face à Moser dans des conditions plus que douteuses, il voulait montrer qu’il avait les moyens de gagner à la régulière. Et c’est ce qu’il a fait en profitant d’une course très ouverte où son endurance et sa régularité ont fait merveille.
C’est là que s’est jouée la gagne ?
Oui, et peut-être aussi le lendemain dans l’étape annulée qui s’annonçait très difficile vers le col de Gavia, enneigé. Ils auraient pu la raccourcir. Ils ont préféré l’annuler, évidemment au bénéfice de ceux qui étaient devant au classement.
« Avec ce qui s’était passé en 1984, tant que la dernière étape n’avait pas été bouclée, on restait sur nos gardes… »
Qu’a représenté cette victoire pour Laurent Fignon ?
Nous l’avons tous vécu comme une grande victoire. Parce que, même si nous n’avions pas la meilleure équipe, nous étions quand même parvenus à mettre Laurent dans les meilleures conditions pour lui permettre de succéder à Anquetil et Hinault. C’était historique mais, paradoxalement, je pense que Laurent n’a pas pu l’apprécier à sa juste valeur parce que, tout de suite, le Tour de France est arrivé. A peine avait-il gagné le Giro que tout le monde lui demandait s’il allait gagner le Tour et faire le doublé ! Il n’y a pas eu de décompression.