Après avoir sauvé le club breton de la descente en en prenant les rênes en cours de saison passée, l’ancien coach de l’OGC Nice confirmait qu’il était bien l’homme providentiel du Stade Brestois. De là à faire du club breton un candidat à l’Europe, il y a un pas qu’il ne franchit pas encore. Entretien réalisé pour Football Magazine et Le Quotidien Du Sport.
Votre excellente entame de championnat peut-elle faire du Stade Brestois l’équipe surprise de la saison, à l’instar du RC Lens en 2022/2023 ?
Ce n’est pas comparable. Il suffit de regarder les moyens financiers et l’histoire récente des deux clubs. Le RC Lens, que je connais bien (il y a été manager général entre 2017 et 2019, Ndlr) construit sa réussite actuelle depuis trois ou quatre ans, avec un effectif d’une grande stabilité et un recrutement intéressant qui lui a permis une montée en puissance régulière. Nous ne sommes pas dans la même dynamique.
Même un club moyen de Ligue 1 comme le Stade de Reims a dépensé 50 M€ lors de ce Mercato quand nous ne dépensions que 500 000 euros ! Cela ne veut pas dire que nous ne rivalisons pas sportivement sur un match, la preuve nous avons gagné là-bas (2-1, 5ème journée, Ndlr), mais dans la durée, ça compte.
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500 000 euros dépensés sur le mercato
Le Stade Brestois ne peut-il pas envisager de prendre le même chemin ?
Si, bien sûr, à condition d’être pertinent dans le recrutement, d’avoir la chance de faire une grosse plus-value sur un jeune joueur, à Reims ce fut avec Ekitike, et de le réinvestir pour étoffer l’effectif. Quand vous ne vous trompez pas, ça fait boule de neige. Il faut acheter à hauteur de 5 à 10 M€ et revendre entre 20 et 30 millions. A Brest, ça passe aussi par une structuration de l’ensemble du club, le projet d’un nouveau stade à concrétiser, mais pas avant cinq ou six ans. A titre personnel, à mon poste, je ne me projette pas aussi loin. Le club, lui, par contre, a le devoir de le faire. Et il le fait.
« Tout faire pour rester en haut le plus longtemps possible »
Ce bon début de championnat peut-il générer de nouvelles ambitions pour le Stade Brestois ?
On sait d’où on vient, on connait nos forces et nos limites. Notre priorité reste la quête la plus rapide possible du maintien. Dans cet objectif, on appréciait d’avoir déjà 13 points après six journées (quand il a fallu attendre la 15ème journée pour les atteindre la saison passée, Ndlr). On a fait un tiers du chemin, c’est déjà joli. Il ne faut pas se méprendre sur nos ambitions. Nous restons humbles et on fait très attention de ne pas se prendre pour d’autres. Cela ne nous empêche pas d’aborder tous les matches pour les gagner, encore davantage avec la confiance générée par ce bon début de championnat.
Nous étions 1ers après la 6ème journée, on va tout faire pour rester en haut le plus longtemps possible, mais on sait très bien qu’on ne le sera plus à la 38ème… même si le foot peut parfois être irrationnel. Après tout, Leicester a bien été champion d’Angleterre en 2016 (rires) !
Eric Roy a patienté 11 ans
Quel discours tenez-vous à vos joueurs pendant cette période positive ?
Je leur ai dit qu’il fallait qu’ils apprécient cette mise en lumière. Tout le monde fait de nous le club surprise de la saison, c’est de bonne guerre si nous restons ce que nous sommes, lucides et exigeants tous les jours à l’entraînement.
Avant d’arriver sur le banc brestois en janvier dernier, vous n’aviez plus été coach depuis onze ans. Comment l’expliquez-vous ?
Après Nice, j’avais pourtant passé tous mes diplômes et ma volonté était claire de poursuivre dans la même voie. Mais quand vous êtes entraîneur, vous ne vivez qu’à travers le désir des autres. Et personne ne m’a fait confiance à ce moment-là. Comme ma volonté profonde a toujours été de travailler dans le foot, j’ai relevé d’autres défis à d’autres postes à Watford et Lens.