22 ans après y être né, le Viking est revenu accoster en Angleterre pour conquérir la Premier League avec les Citizens comme il avait mis la Bundesliga à sa botte avec Dortmund. Auteur d’un quintuplé contre Leipzig (7-0) seulement le 3ème en Ligue des Champions après Lionel Messi et Luiz Adriano – le Norvégien a déjà mis l’Europe à ses pieds
Il a beau évoluer dans l’un des plus grands clubs de la planète, dégager une incroyable impression de puissance et d’efficacité à chacune de ses apparitions, et donner le sentiment de ne pas avoir de limites, donc avoir le profil d’un futur Ballon d’Or, Erling Haaland n’a encore (presque) rien gagné.
Ses deux championnnats d’Autriche en 2019 et 2020 avec le RB Salzbourg et sa Coupe d’Allemagne avec le Borussia Dortmund en 2021 ne représentent pas grandchose sur l’échelle d’une notoriété qui ne cesse de grandir depuis qu’il a commencé son entreprise de démolition des défenses européennes. C’était le 17 septembre 2019, avec un triplé retentissant pour ses débuts en Ligue des Champions face au KRC Genk (6-2) en match de poule.
A 19 ans, il entrait de plain-pied dans la cour des grands. Six mois après, il signait au Borussia Dortmund pour quatre ans et 20 M€, soit une plus-value de 16 M€ pour le RB Salzbourg qui l’avait acheté 8 millions un an et demi avant au FK Molde, l’un des meilleurs clubs norvégiens qui ne lui aura servi que de sas de décompression après ses années de formation au FK Bryne.
Haaland explose tout en PL
Car en faisant ses débuts pros en D2 norvégienne, à 15 ans, dans cette petite ville du sud-ouest de la Norvège, Haaland avait entrepris l’esquisse d’un destin hors norme. Il ne pouvait pas en être autrement avec un tel gabarit (1m95 pour 88 kg) associé à une belle technique de gaucher et un sens du but hyper développé. L’instinct du buteur.
Toujours et partout où il est passé, le natif de Leeds a beaucoup marqué : 16 buts en 45 matches avec Molde entre ses 17 et 18 ans, 29 buts en 27 matches en une saison et demi au RB Salzbourg, 86 buts en 89 matches pour deux saisons gargantuesques avec le Borussia Dortmund. Comme si la difficulté ne faisait qu’attiser sa quête du but, son efficacité est restée la même depuis son arrivée chez les Citizens pour 60 M€ en juillet dernier.
De quoi donner des regrets à son ancien et impayable (sic) agent historique, aujourd’hui décédé, Mino Raiola, qui déclarait au média sportif anglo-saxon The Athlétic en mars 2021 : « Haaland passe des caps plus vite qu’on ne pouvait l’imaginer. J’ai probablement été trop prudent en l’envoyant à Dortmund. Il peut jouer n’importe où, où il veut ! »
Avec lui, City peut gagner la Ligue des Champions et rêve même d’un retour sur Arsenal en Premier League
Qu’elles soient norvégiennes, autrichiennes, allemandes ou anglaises, les défenses explosent de la même manière face à un tel rouleau compresseur qui est en train d’exploser tous les records en Premier League, avec déjà 32 buts en 28 matchs. En réalisant un doublé sur sa terre natale, face à Leeds lors de la 14ème journée, il devenait le joueur le plus rapide à atteindre les 20 buts en Premier League… quand Thierry Henry avait dû attendre 34 matches et Mo Salah 35 !
Ses temps de passage lui offrent la possibilité d’effacer deux autres légendes anglaises s’il parvenait à atteindre ou dépasser les 34 buts en championnat, record co-détenu par Alan Shearer et Andy Cole depuis la création de la Premier League en 1992. Vingt ans après son père, Alf-Inge (Citizen entre 2000 et 2003), lui aussi gaucher, mais moins doué et plus défenseur, Manchester City a récupéré une autre version beaucoup plus aboutie d’Haaland, 50% viking, 50% cyborg, 100% buteur.
Dernier élément du processus collectif savamment compilé par Guardiola depuis sept ans, le nouveau n°9 de City est là pour aider les Skyblues à gagner, enfin, la Ligue des Champions. Rien de moins, rien de plus. En conclusion d’une première saison de conquête, ça suffirait pour en faire un candidat crédible au Ballon d’Or, malgré Messi, sans aucun doute avant Mbappé. Pour un joueur ne pouvant pas s’appuyer sur sa sélection pour augmenter ses chances de sacre, ce serait un immense exploit.
Avec déjà 11 buts en Ligue des Champions et alors que City a marché sur le Bayern au match aller (3-0 à Manchester), une qualification attendue lui permettrait de se rapprocher encore un peu plus du Graal de tous les footballeurs.
City a raflé la mise pour le Norvégien
Convoité également par le Barça et le Real, par Manchester United avant de choisir City, celui qui est déjà considéré comme le plus grand joueur de l’histoire de Norvège et à terme de la Scandinavie, quoi qu’en pensent le Suédois Zlatan, le Finlandais Litmanen ou le Danois Simonsen, est déjà considéré à 22 ans comme le joueur le plus cher du monde selon les sites. Valorisé à 170 M€ par le site de référence allemand, Transfertmark, il devançait Mbappé et Bellingham (160 M€) pour un éventuel transfert qui serait certainement supérieur aux 222 M€ records de Neymar au PSG en 2018.
Qu’il est loin le petit Erling qui prenait sa première licence, à 5 ans et demi, au FK Bryne, où il allait passer dix ans à apprendre le football avec un déficit physique (si, si !) qui s’avèrera déterminant.
Longtemps plus petit que ses coéquipiers, ce relatif retard morphologique lui a en effet permis d’éviter de se reposer sur ses seules qualités physiques, d’ajouter de l’intelligence de jeu à son instinct de buteur, de la finesse technique à sa puissance de feu. Il fallait bien ça aux Citizens pour continuer à rêver.
« Sans faire injure à Gabriel Silva, depuis Agüero, il est le joueur qui manquait à cette équipe, nous dit Jean-Luc Arribart (voir l’interview ci-contre). Je ne sais pas si ça suffira pour gagner la Ligue des Champions parce que la Coupe du monde a bousillé leur saison, mais une chose est sûre, City est bien plus fort avec que sans lui. »