En choisissant de rappeler Karim Benzema, Didier Deschamps donne l’impression de s’être délesté d’un poids. Des répercussions sur le terrain ? Peut-être avec des Bleus davantage tournés vers l’offensive…
Contre le Pays-de-Galles le 2 juin dernier, Didier Deschamps s’est assis pour la 112ème fois sur le banc de l’Equipe de France. C’est de très loin le record de matchs dirigés par un sélectionneur des Bleus devant… Raymond Domenech ! Le paradoxe est saisissant : si DD est considéré comme le meilleur sélectionneur de l’histoire de l’Equipe de France, Domenech, lui est celui qui renvoie l’image (pas forcément justifiée sur son bilan comptable) du pire.
Pour Deschamps, l’Euro 2021 est un magnifique bonus
Depuis le 18 mai dernier, l’image de Deschamps a changé. Plutôt froid, imperturbable, grand maître de la langue de bois et sans pitié pour ceux qui se mettent en travers de sa route, le sélectionneur est apparu plus ouvert et plus détendu.
Comme si cet Euro représentait un magnifique bonus dans sa carrière après avoir soulevé le plus beau trophée du monde en Russie, vingt ans tout juste après l’avoir fait danser au Stade de France en tant que joueur.
Ce que personne n’aurait jamais pensé est arrivé : Didier Deschamps a rappelé Karim Benzema et dilué à l’occasion un parfum nouveau sur l’Equipe de France. Certains vous diront que le parcours du combattant promis aux Bleus pour sortir du « groupe de la mort » l’imposait. D’autres diront simplement que c’est le talent du buteur du Real qui l’obligeait.
Quoi qu’il en soit, Deschamps a pris l’une des décisions les plus importantes de sa carrière de sélectionneur en rappelant Benzema, comme il avait quatre mois avant la Coupe du Monde 2014 décidé de faire appel à un jeune de 23 ans, Antoine Griezmann.
Prêt à entrer encore un peu plus dans l’histoire
Deux choix, dont les motivations sont complètement différentes, qui symbolisent la carrière de Deschamps le sélectionneur. Le technicien n’hésite pas à provoquer le changement en faisant confiance à un parfait inconnu au poste de latéral droit mais se montre conservateur à l’extrême quand il s’agit de placer régulièrement Olivier Giroud à la pointe de son attaque, ou de transformer un milieu de terrain (Blaise Matuidi) en faux ailier gauche.
Et à chaque fois, ça marche. Même si certains observateurs fustigent le jeu des Bleus, les amateurs de foot sont conquis. En décembre, selon un sondage Odoxa pour RTL et Groupama, 93% des amateurs de football le plébiscitent et 83% des Français l’adoubent.
Alors que son contrat actuel se termine le 31 décembre 2022, au lendemain de la Coupe du Monde, on ne voit qu’un seul cas de figure qui pourrait ne pas le voir diriger les Bleus au Qatar : une soudaine envie de partir au sommet de la gloire après un possible titre décroché à Wembley le 11 juillet prochain. Même si on est certain que la possibilité d’entrer encore un peu plus dans l’histoire en gagnant deux Coupe du Monde de suite, soit encore plus fort.
« J’adore les joueurs offensifs »
Le 11 juillet, c’est un premier record historique qui lui tend les bras : être le premier footballeur à remporter deux Euros et deux Coupes du Monde, en tant que joueur ou comme entraineur !
Pour Deschamps, le retour de Benzema a aussi un sens thérapeutique. En le sélectionnant, DD s’est débarrassé du cailloux qui trainait dans sa chaussure, pour vivre pleinement cette période historique.
Sa sélection en générale va de ce sens. Les trois places libres en plus (la liste est passée de 26 à 23 en raison de la Pandémie et du calendrier surchargé), Deschamps les a essentiellement données à des attaquants (huit contre six en 2018). « J’adore les joueurs offensifs » souligne d’ailleurs le sélectionneur.
De là à associer le trio Griezmann, Mbappé, Benzema à un quatrième attaquant (Dembélé ou Coman) ? C’est le moment où jamais.