L’Euro démarre dans deux jours et l’Angleterre est la grande favorite du tournoi. Portés par sa génération dorée, les Three Lions semblent plus forts que jamais. Pourtant, quelques doutes subsistent encore…
«It’s coming home !» Ce slogan, voilà des décennies que toute la péninsule anglaise le chante à chaque compétition internationale. Seulement, la sélection semble maudite. On peut citer ce fameux but refusé de Lampard en 2010 contre l’Allemagne, le carton rouge de Beckham en 1998 ou encore la finale de l’Euro 2020, perdue à Wembley aux pénaltys. L’Angleterre n’a pas gagné un seul trophée international depuis leur unique coupe du monde en 1966. Un comble pour la nation-mère du football.
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Pourtant, voilà quelques années que la Grande Bretagne produit d’excellents joueurs et s’est construit une génération dorée, à l’image de Foden, Saka, Kane, Bellingham etc… Après l’immense déception de l’Euro 2020, l’Angleterre était attendue au Qatar. Finalement, les hommes de Southgate ont chuté en quart de finale face à un des finalistes de cette édition, l’équipe de France. Peut-être que les jeunes étaient encore trop tendres, peut-être que la France, favorite, était trop forte.
Depuis la Coupe du Monde 2022, d’autres pépites ont émergé, comme Kobbie Mainoo ou Cole Palmer, et ceux qui étaient alors des espoirs sont maintenant des joueurs confirmés. La sélection anglaise a prôné la continuité, en conservant son sélectionneur, Gareth Southgate, qui a d’ailleurs essayé de conserver ses cadres. Cependant, il est permis de douter de ce groupe, qui a montré de grandes variations dans son niveau de jeu. Les Trois Lions ont dominé 3-1 les Italiens en octobre dernier lors d’un match crucial pour les éliminatoires. Pour ensuite enchaîner les résultats décevants lors des matchs de préparation contre les grosses équipes (2-2 contre la Belgique, défaite 1-0 contre le Brésil). Vendredi dernier, les Anglais se sont même inclinés 1-0 contre l’Islande, en montrant un visage inquiétant, à une semaine des phases de poules.
Une défense en question
Le match perdu contre l’Islande représente bien les défauts de la sélection. L’Islande marque très vite, à la 12ème minute, sur une action solitaire avec John Stones qui trottine pour défendre. L’Angleterre domine ensuite tout le match, en possession, en nombre d’occasions, de passes réussies etc… Cependant, les Trois Lions ne marquent pas et manquent de réalisme et d’envie face au but. A l’image du match, Harry Kane rate une occasion énorme sur un centre de Palmer. Certes, le gardien islandais, Valdimarsson, fait un très grand match. Alors que tirer de cette rencontre ?
D’abord, le manque d’automatisme et de cohésion défensive est assez inquiétant. Sans son pilier Maguire (toujours bon avec la sélection), blessé, la défense anglaise doit réorganiser sa charnière centrale. Pour l’instant, seul Stones est assuré d’être titulaire, Southgate va devoir trancher entre Guehi, Gomez ou Dunk. Ensuite se pose la question de la perméabilité des ailes. Même si Rice et Mainoo peuvent décrocher et couvrir ces zones, les latéraux anglais, très offensifs, laissent un couloir énorme à leurs adversaires. Les hommes de Southgate vont devoir resserrer les espaces, car face à d’autres favoris, comme la France ou l’Allemagne, cela pourrait faire beaucoup de mal.
Harry Kane le maudit
Du côté de l’attaque, il y a moins de doutes. La circulation du ballon est au top, avec tout le front d’attaque impliqué. Faire tourner le ballon et trouver les espaces, ce n’est pas un problème pour l’Angleterre. Avec des joueurs aussi talentueux dans ce secteur, comme Foden, Trent-Alexander, Kane ou Bellingham, cela devrait aller pour les Three Lions. Seulement, une fois devant le but, il faut mettre la balle au fond. L’Angleterre va devoir travailler sa finition pour ne pas laisser échapper des chances qu’elle pourrait regretter plus tard.
Il y a aussi la question du leadership qui se pose. Ce groupe a-t-il ce qu’il faut pour aller au bout ? A-t-il des meneurs d’hommes à la Deschamps ou Cristiano Ronaldo ? Sur le terrain, peut on compter sur Harry Kane, qui semble maudit en sélection comme en club ? En l’absence de Maguire, qui sera le relais du coach sur le terrain ? Il ne semble pour l’instant pas y avoir de leader clair sur le terrain dans cette sélection anglaise, chose pourtant indispensable pour faire une grosse compétition.
Un entraîneur sous pression
Depuis sa nomination à la tête de la sélection, Gareth Southgate soulève aussi des doutes. Que ce soit sur ses choix de sélection (par exemple, de ne pas prendre Rashford, Grealish ou Sancho cette année), ses choix tactiques (faire rentrer Sancho et Rashford en finale de l’Euro 2020 pour les pénaltys), ou encore sur sa capacité à mener un groupe, Southgate va devoir faire taire les sceptiques. Au lendemain de la finale perdue à Wembley, il a été, avec les joueurs qui ont raté leur pénalty, désigné comme le coupable de cette défaite. Les médias anglais, historiquement durs avec la sélection, l’ont jeté en pâture à une foule de supporters en colère. L’Angleterre joue l’Euro, mais Southgate joue son poste.
Vincent Encrine