En passant la liste des sélectionnés de 23 à 26, en raison de la pandémie du Coronavirus qui a généré un calendrier très chargé, l’UEFA a aussi augmenté le nombre de joueurs qui pourraient être frustrés de ne pas jouer. Même si en général, ces derniers vivent plutôt bien cette situation. Retour sur les exemples les plus marquants de ces 25 dernières années.
Euro 1996 : Mickael Madar regrette surtout… 1998
En 1996, alors que les Bleus d’Aimé Jacquet chutent en demi-finale (aux tirs au but contre la République Tchèque), Mickael Madar est le seul joueur à ne pas avoir joué la moindre minute. L’ancien joueur de Sochaux, Monaco ou le PSG confiera toutefois ne pas avoir mal vécu cette situation, mais au contraire d’avoir apprécié l’Euro anglais. Ce que Madar a beaucoup moins bien vécu en revanche, c’est de ne pas avoir fait partie de l’équipe en 1998 lors de la victoire française en coupe du monde.
CM 1998 : Charbonnier n’a pas digéré
En 1998, tout le monde a joué. Enfin presque : comme c’est souvent le cas, le troisième gardien des Bleus a passé son temps à regarder ses copains aller chercher le titre suprême. « Arrêtez avec le troisième gardien, c’est bon » lâchera le portier de l’AJA Auxerre qui un peu plus tard ira au clash avec le successeur de Jacquet et mettra un terme à sa carrière internationale, avec une seule petite sélection. La carrière de Stéphane Ruffier en Bleu nous rappelle la difficulté du poste où les places sont très chères.
Euro 2000 : au bonheur de Ramé
Cependant, lors de l’Euro 2000, Ulrich Ramé, troisième gardien des Bleus, a bien vécu cette expérience, sûrement grâce à son bon état d’esprit. « Bien-sûr que je me sens champion d’Europe, j’ai apporté ma pierre à l’édifice », déclarait-il dans une interview accordée à So Foot.
Lors de la coupe du monde 2002, Roger Lemerre a été critiqué pour ses choix qui n’ont pas permis à la France d’aller loin. Les joueurs n’ayant pas joué ne se sont pas manifestés dans les médias pour s’en plaindre. C’est la même chose en 2004, les bleus passeront les poules avant de se faire éliminer en quart de finale par la Grèce. Les seuls joueurs de champs ne jouant pas (Steve Marlet et Sydney Govou) ne s’en sont jamais plaints.
CM 2006 : le malaise Dhorasoo
Un des exemples les plus marquants reste la Coupe du Monde 2006. Vikash Dhorasoo a très mal vécu le fait d’être cantonné au banc de touche par Raymond Domenech. Amertume qu’il a pu exprimer dans le film Subtitute de Fred Poulet. Pourtant le joueur passé par Lyon et le PSG a plus joué (deux apparitions durant la compétition) que son compère Patrick Chimbonda pas utilisé la moindre seconde par le sélectionneur et qui déclarera dans les colonnes de l’Express quelques années plus tard (à propos de la Coupe du Monde 2010) : « Je suis bien placé pour savoir que Domenech n’en fera qu’à sa tête ».
Du Mondial 2010, on se souvient beaucoup plus de la fameuse affaire du bus de Kyksna que de l’amertume de ceux qui n’ont pas participé aux trois matchs de poule joués par les Bleus sous haute tension.
CM 2014 : Cabella heureux d’être là
En 2012 seuls les gardiens remplaçants ne foulent pas la pelouse, l’Equipe de France se remet de ses blessures (avec Laurent Blanc qui a succédé à Raymond Domenech) mais tombe contre l’Espagne en quart de finale.
En 2014 lors du mondial au Brésil (la première grande compétition avec Didier Deschamps comme sélectionneur) seul Remy Cabella et les deux gardiens remplaçants ne jouent pas. L’ancien Stéphanois, sélectionné pour palier à l’absence de dernière minute de Clément Grenier avait même déclaré « être heureux et fier » de disputer le mondial.
En 2016 lors de l’Euro en France, on atteint un record : cinq joueurs ne disputeront pas la moindre minute :
Steve Mandanda, Benoît Costil, Christophe Jallet, Lucas Digne et Morgan Schneiderlin.
CM 2018 : Rami, gentil organisateur
En 2018, c’est avant le début de la compétition que « l’affaire Rabiot » fera tâche. Le joueur de la Juventus refusant son rôle de réserviste.
La compétition en revanche laissa apparaître une cohésion sans faille. Certes certains joueurs n’ont pas joué comme d’Alphonse Aréola, Florian Thauvin (entré moins de 5 minutes) et Adil Rami. Ce dernier, seul joueur de champ à ne pas avoir foulé la pelouse ne serait-ce qu’une minute, préfèrera en rire qu’en pleurer à l’image de cette sortie médiatique au coup de sifflet final de la victoire contre la Croatie quand une journaliste lui a demandé maladroitement s’il était fatigué. Il a tout simplement répondu avec le sourire : «Je n’ai pas joué moi ! ». Son titre de champion du monde, Adil Rami l’a gagné dans le vestiaire et lors des entraînements, en devenant une pièce essentielle de la bonne ambiance dans le groupe.
Qui seront les Madar, Dhorasoo ou Rami de l’Euro 2021 ? Par rapport à la composition de la liste, on peut penser que, outre les gardiens (le n°2 joue souvent le troisième match de poule en cas de qualification acquise) on peut penser que Jules Koundé, Wissam Ben Yedder ou Marcus Thuram auront du mal à avoir du temps de jeu.
Une chose est certaine : avec les réseaux sociaux et la multiplication des médias, à l’affût du moindre commentaire ou comportement équivoque, la gestion des joueurs est devenue presque aussi importante que les choix tactiques.