vendredi 29 mars 2024

Euro : la Finlande veut jouer les trouble-fête

Groupe B : Danemark - Finlande (18h)

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Dans le groupe B aux côtés de la Belgique, le Danemark et la Russie, la Finlande ne veut pas faire de la figuration. Soutenue par tout un peuple qui découvre les joies d’une grande compétition, elle n’ambitionne pas moins que d’aller en huitièmes emmenée par sa tête d’affiche Teemu Pukki.

Helsinki est en feu. Des supporteurs, drapeaux à la main, défilent dans les rues de la capitale. Il ne s’agit pas d’une victoire en F1 ni en hockey sur glace, les sports les plus populaires du pays. Il s’agit de célébrer l’équipe nationale de foot !

Pour la première fois de son histoire, la Finlande a réussi à se qualifier pour une grande compétition internationale. « C’est une célébration de masse… L’équipe nationale masculine n’avait jamais réussi à se qualifier pour un tournoi majeur alors c’était vraiment un évènement hors du commun. Les fans étaient ravis et les médias ont été très positifs. Markku Kanerva a été élu entraîneur de l’année. Teemu Pukki a gagné le titre de sportif de l’année » témoigne Janne Oivio, journaliste pour le tabloïd finlandais Ilta-Sanomat.

La Finlande en feu depuis la qualification à l’Euro

« On attendait ça depuis longtemps et se qualifier pour l’Euro est un soulagement. Le football finlandais a été pendant longtemps vu comme le mouton noir dans la scène sportive du pays. Le hockey sur glace domine, l’équipe de basket a souvent été performante à l’Euro, l’équipe de volley aussi. Finalement, la « Huuhkajat » (Grand-Duc) a réussi et n’est plus un sparring-partner ».

Placée dans une poule J avec la présence de deux anciens champions d’Europe, la Finlande a le mérite de s’être battue.

Si la défaite de la 1ère journée face à l’Italie (2-0) est tout sauf une surprise, les hommes de Marku Kanerva réagissent de la plus belle des manières. 4 victoires de suite contre l’Arménie (2-0), la Bosnie-Herzégovine (2-0), le Liechtenstein (2-0) et surtout la Grèce (1-0) relancent les Finlandais. La phase retour voit deux défaites face à l’ogre italien (1-2) et la Bosnie-Herzégovine (4-1) mais, à la faveur d’un succès lors de la dernière journée face au Liechtenstein (3-0) à domicile précédé d’une victoire écrasante face à l’Arménie (3-0), la Finlande sécurise la 2ème place.

Elle se qualifie directement pour l’Euro en terminant derrière le leader italien. Sur le papier, l’Italie ne joue pas dans la même cour vu le talent de son groupe. Le Liechtenstein et l’Arménie sont des petites nations qui ont plus servi à donner des points que proposer une adversité.

Mais terminer devant la Grèce et la Bosnie n’est pas anodin. Les deux victoires contre les champions d’Europe 2004 résonnent particulièrement comme un résultat annonciateur du dénouement du groupe.

Juste derrière l’Italie

« Après avoir eu connaissance du tirage, les Finlandais se sont dit que c’était finalement leur chance. L’Italie était bien sûr favorite, mais la Finlande a réussi à remporter son groupe C de la Ligue des Nations sous la direction de Kanerva et les sensations autour de l’équipe sont très positives » reprend Janne Oivio. « Je ne dirais pas que la qualification de la Finlande est logique, mais pas non plus un énorme choc vue la façon dont l’équipe jouait. »

Malgré plusieurs tentatives, la Finlande ne s’est jamais qualifiée pour une phase finale de grande compétition. Des échecs marquants comme le Mondial 1998 restent dans les mémoires. Un but contre son camp du gardien finlandais Teuvo Moilanen à la dernière seconde du match ruinant les espoirs.

La Finlande avait ouvert le score et n’avait besoin que d’un point face à la Hongrie, son adversaire du jour pour se qualifier. Les éliminatoires de l’Euro 1980 en Italie virent les Finlandais terminer 3èmes de leur groupe avec seulement un point manquant pour la qualification.

Il manque 2 points à la Finlande pour être à la hauteur de l’Irlande du Nord et se qualifier pour la phase finale de la Coupe du Monde 1986. Pour Ari Vitanen, journaliste pour le Heslingin Sanomat, la qualification à l’Euro est aussi le fruit d’un projet entamé il y a quatre ans, visant le long terme.

« Le développement actuel a débuté à l’automne 2017. La Finlande a battu l’Islande et le Kosovo et a fait match nul en Croatie. A ce moment-là, il était évident que quelque chose de bien était en train de se construire. »

Une nouvelle philosophie depuis 2017

Ce projet se traduit sur le terrain par un retour vers les fondements même du football. Sans chercher à révolutionner ou faire jouer son équipe d’une manière différente, Kanerva exploite au mieux la force de ses joueurs qui réside dans la discipline et la simplicité.

« L’idée était simple. La fréquence des rassemblements en équipe nationale ne donne pas le temps au sélectionneur de travailler en profondeur, de se préparer à jouer ensemble. Alors, il a jugé que c’était mieux d’être bons dans les bases même du foot plutôt que d’essayer de battre les adversaires par des innovations tactiques » explique Janne Oivio.

« Comme l’Islande il y a quelques années, tout le monde connaît son rôle à 100% et comme les résultats sont arrivés, un élan positif s’est créé. » La Finlande a installé un 4-4-2 basique au début des éliminatoires de l’Euro.

La solidité défensive et l’efficacité en contre-attaque en étaient les mots d’ordre. Mais, au fur et à mesure, que l’Euro se profilait et avec la qualification en bonne voie, elle a mué pour s’organiser en 3-5-2. Ce système ayant pour but de mieux se concentrer sur le contrôle du jeu à travers la possession de balle.

Après l’Islande, la Finlande ?

Maintenant, la Finlande maîtrise ses deux systèmes, permettant une variation selon les adversaires.

« Kanerva préfère le 3-5-2 quand la Finlande affronte des nations plus fortes. Cela se focalise sur les forces principales de l’équipe, c’està-dire l’axe du terrain. Ce système cherche aussi à minimiser les défaillances sur les ailes, qui constituent le gros point faible de l’équipe. Toutefois, ils peuvent revenir au 4-4-2 même s’ils l’utilisent moins ».

Deux systèmes maîtrisés, des faiblesses identifiées, un axe fort et tout un peuple derrière, quel est alors l’objectif de la Finlande dans ce groupe B ? Sur le papier, la Belgique, le Danemark et la Russie semblent tous être au-dessus.

Mais la dynamique défensive actuelle de la Finlande, couplée à la place que l’Euro donne souvent aux outsiders et au fait que certains meilleurs 3èmes peuvent se qualifier, permet aux Finlandais de pouvoir jouer le coup au maximum.

« La Finlande a une chance aussi longtemps que sa défense tient. Pukki peut marquer contre n’importe quelle équipe et les joueurs qui le soutiennent comme Joel Pohjanpalo et Robin Lod peuvent surprendre » confirme Janne Oivio.

« La Belgique sera bien sûr la favorite, mais les résultats récents de la Finlande font que ce serait une erreur d’aller à l’Euro juste pour faire figuration même si, sur le papier, la hiérarchie du groupe semble claire : la Belgique, le Danemark, la Russie et finalement la Finlande. Le but est quand même de se qualifier pour les huitièmes. Le groupe B est un groupe très difficile donc d’en sortir serait un immense exploit ».

La Finlande ne veut pas faire figuration

La Finlande a vu passer quelques grands joueurs dans son histoire. Jari Litmanen, arrivé troisième au Ballon d’Or en 1995, premier finlandais ayant soulevé la Ligue des Champions lors de l’édition 1995 où il finit meilleur buteur de la compétition avec l’Ajax. Sami Hyypia, 105 sélections, unedizainedetrophéesen10ansavecLiverpooldont la Ligue des Champions et la Coupe de l’UEFA.

L’effectif actuel ne comporte pas de stars, mais un joueur en particulier sort du lot; TeemuPukki(31ans,30butsen89capes).Passé par l’Espagne (FC Séville), l’Allemagne (Schalke), l’Ecosse (Celtic), le Danemark (Brondby) et sa Finlande natale (FC Kooteepee, HJK Helsinki), l’attaquant se stabilise en Angleterre avec Norwich.

Il aura une grande responsabilité offensive sur ses épaules pour mener son équipe. D’autres joueurs comme Glen Kamara à la récupération, Paulus Arajuuri comme leader défensif et Robin Lod pour lier l’attaque et le milieu de terrain ont une importance élevée dans le onze de Markku Kanerva.

Des éliminatoires réussis pour insuffler une dynamique positive, des années d’échecs pour aiguiser l’envie de l’équipe, deux systèmes maîtrisés pour s’adapter aux adversaires, des cadres qui prennent leur responsabilités, tout cela permettra-t-il à la Finlande de se qualifier pour les huitièmes et ainsi créer un deuxième exploit ? Si l’Islande l’a fait pourquoi pas la Finlande !

Anthony Rabemanisa

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