Sous le choc après sa non-qualification à la Coupe du Monde 2018, l’Italie a entamé un nouveau cycle sous la houlette de Roberto Mancini, avec qui la Squadra a réalisé un sans faute en qualifications. Le renouveau azzurri est en marche.
Le traumatisme est bien l’état qui permet de qualifier ce que les supporteurs de l’Italie ont vécu en voyant leur équipe nationale rater le train des qualifications pour la Coupe du Monde 2018. Une anomalie pour ce mastodonte du foot mondial habitué des grandes compétitions. L’Italie pèse quand même 4 Coupes du monde (vainqueur en 1934, 1938, 1982 et 2006) et un Euro (1968).
« Il y a pire dans la vie mais, dans son genre, c’est difficile à avaler. C’est un saut en arrière de 60 ans et à l’époque aussi l’Italie sortait de deux éliminations brutales en phase de poules » disait le quotidien la Stampa. Pour que la nation reparte de l’avant, la fédération italienne a nommé Roberto Mancini pour incarner le renouveau de la Squadra Azzura.
Et il faut dire que l’équipe menée par l’ancien coach de l’Inter Milan s’est reconstruite avec brio. Elle a ainsi brillamment réussi les qualifications pour l’Euro avec un sans faute de 10 victoires en 10 matches. Depuis un revers face au Portugal le 10 septembre 2018, les Azzuri enchaînent une série impressionnante de 25 matches consécutifs sans défaites toutes compétitions confondues.
Mancini ne chôme pas, les joueurs adhèrent à son discours, un jeu offensif est prôné et le rendu sur le terrain laisse présager d’un rebond spectaculaire.
L’effet Mancini bénéfique pour l’Italie
« Mancini a le courage de changer, de donner une nouvelle mentalité, de créer un nouveau groupe, d’appeler de nouveaux et jeunes joueurs. A ses débuts, il ne gagnait pas beaucoup de matches. Puis il a commencé à ne remporter que des victoires. Il fait un travail remarquable. Mancini est un très bon coach » se félicite Simone Togna, journaliste italien pour Tuttosport avant de rajouter :
« Je ne suis pas surpris par le bon travail qu’il fait. Mais l’Italie doit jouer et gagner contre les grandes nations. Actuellement, je suis satisfait, mais je le serai à 100% quand l’Italie aura atteint le top 4 de l’Euro. »
Le traumatisme du Mondial 2018 a vu des cadres arrêter. Le plus marquant est sûrement le monument Gianluigi Buffon qui, après 176 sélections, a fait ses adieux à la sélection. Dans son sillage, Andrea Barzagli (36 ans, 73 sélections) et Daniele De Rossi (34 ans, 117 sélections) ont choisi de prendre leur retraite internationale.
Tout un symbole d’une coupure avec le passé puisque ces trois joueurs ont tous été champions du monde en 2006. L’Italie choisit de fermer la page de son passé glorieux pour espérer des lendemains meilleurs.
Une nouvelle génération dorée ?
Cet espoir se traduit par un nouveau groupe composé de jeunes prometteurs qui veulent gagner en responsabilités, et de moins jeunes, mais avec un état d’esprit revanchard.
Gianluigi Donnarumma (22 ans), Sandro Tonali (20 ans), Federico Chiesa (23 ans), Alessandro Bastoni (22 ans), Davide Calabria (24 ans), Moise Kean (21 ans), Manuel Locatelli (23 ans) et Nicolo Barella (24 ans) font partie de la première catégorie (mêle s’ils ne sont pas tous dans le groupe pour l’Euro). On pourrait ajouter Stefano Sensi (25 ans) et Nicolo Zaniolo (21 ans), jeunes prometteurs qui représentent l’avenir de l’Italie.
Ces joueurs, malgré leur manque d’expérience, s’imposent déjà. Avec une mention spéciale pour Nicolo Barella et Gigio Donnarumma qui font partie des cadres avec l’Inter Milan et l’AC Milan.
« Barrela doit jouer à chaque match. C’est le futur de l’Inter Milan et de l’équipe nationale, tout comme Bastoni. Locatelli est en train de grandir, mais pour atteindre le niveau suivant, il doit jouer pour un club plus ambitieux que la Roma, peut-être la Juve ou l’Inter » souligne Simone Togna.
« Donnarumma est déjà un bon joueur, mais le fait que les médias le poussent un peu trop peut être un problème pour lui. Gigio (Donnarumma) n’est pas le meilleur gardien du monde, mais il le sera peut-être un jour… » Le désormais ex portier du Milan AC est d’ailleurs annoncé au PSG.
D’autres sont les cadres de l’équipe de Roberto Mancini. Alessandro Florenzi (30 ans, 40 sélections), Marco Verratti (28 ans, 38 sélections), Andrea Belotti (27 ans, 31 sélections), Stephan El Shaarawy (28 ans, 28 sélections), Lorenzo Insigne (29 ans, 38 sélections), Ciro Immobile (31 ans, 41 sélections), Federico Bernardeschi (27 ans, 25 sélections), Domenico Berardi (26 ans, 9 sélections), Leonardo Spinazzola (27 ans, 10 sélections), Giacomo Bonaventura (31 ans, 15 sélections) et Jorginho (29 ans, 27 sélections).
Chellini, Bonucci, l’ancienne garde toujours-là
Des anciens grands espoirs qui, s’ils n’ont globalement pas déçu, n’ont pas atteint leur quintessence sous le maillot azzurro. Ils n’ont jamais connu le succès avec l’Italie malgré quelques années de présence et aspirent à devenir les prochains piliers du groupe.
Des piliers toujours présents comme Giorgio Chiellini (36 ans, 106 sélections), Leonardo Bonucci (33 ans,100 sélections) et à moindre mesure Salvatore Sirigu (34 ans, 26 sélections).
Ils sont les seuls rescapés de l’épopée de 2012 où l’Italie était arrivée en finale de l’Euro (battue par l’Espagne 4-0). Pour cet Euro 2020 reporté en 2021, l’Italie se retrouve dans le groupe A aux côtés de la Suisse, la Turquie et le Pays de Galles. Sur le papier, l’Italie est favorite. Néanmoins, la Suisse et la Turquie sont des habituées des grandes compétitions.
Si ces deux nations n’ont pas un palmarès aussi conséquent que celui de l’Italie, elles jouent souvent les troubles fêtes et peuvent se targuer de posséder quelques joueurs qui évoluent dans des clubs compétitifs en Europe.
Granit Xhaka à Arsenal et Xherdan Shaqiri à Liverpool pour la Suisse ; Mehri Demiral à la Juventus, Ozan Kabak à Liverpool et Hakan Calhanoglu avec l’AC Milan pour la Turquie. Le Pays de Galles est une jeune nation à ce stade de la compétition puisque ce sera seulement sa 2ème participation dans une phase finale de l’Euro après 2016.
Un groupe abordable pour l’Italie
L’Euro 2016 où les Dragons, contre toute attente, avaient réussi à déjouer les pronostics pour arriver en demi-finales avec leurs deux stars Gareth Bale et Aaron Ramsey.
L’Italie se trouve donc face à des adversaires plus faibles sur le papier, mais qui ont déjà prouvé qu’ils pouvaient poser des problèmes aux grandes nations.
D’ailleurs, si l’on se réfère au classement FIFA, l’écart n’est pas très significatif. Si l’Italie est devant à la 7ème place, la Suisse (13ème) et le Pays de Galles (17ème) ne sont pas loin. La Turquie, elle, est à la 29ème place. En 10 rencontres, l’Italie n’a jamais perdu face à la Turquie (7 victoires et 3 nuls).
Sur 57 confrontations contre la Suisse, l’Italie présente 28 victoires, 8 défaites et 22 nuls. Sur 9 confrontations face au Pays de Galles, l’Italie en a gagnées 7 et en a perdu 2 « Ce n’est pas un groupe simple, mais l’Italie est plus forte que ses adversaires. Si les Azzurri jouent avec concentration et la volonté de gagner, ils ont de fortes chances de sortir de ce groupe » est convaincu Simone Togna.
Avant de rappeler encore une fois l’objectif réel de la sélection italienne. « Le but est d’arriver au stade des demi-finales. Tout autre résultat serait vécu comme un désastre ». Mancini va même plus loin en visant la victoire finale ! « Nous sommes l’Italie, nous irons à l’Euro pour gagner ».
Sauf énorme cataclysme, les hommes de Roberto Mancini devraient terminer à la 1ère place de leur groupe, avant, pourquoi pas, de rééditer l’exploit de 2012 où ils étaient arrivés en finale. C’est en tout cas leur objectif et ils ne se cachent pas.
Anthony Rabemanisa