jeudi 25 avril 2024

Euro : pourquoi les Bleus sont les grands favoris

France - Allemagne (21h)

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Après la deuxième étoile, la France rêve d’un troisième trophée Henri-Delauney. 27 ans après la victoire de la génération Platini (1984), 21 ans après la génération Zidane (2000), c’est l’heure de la génération Mbappé.

Les Bleus, champions du monde sont prêts à assumer leur statut cet été. Ce statut, les héros de 1998 l’avaient magnifiquement porté en 2000 en survolant le tournoi avant de renverser l’Italie dans le temps additionnel et d’arracher le titre européen en prolongation, avec le but en or de David Trezeguet.
Lors d’un Euro, cet exploit retentissant et légendaire reste le dernier pour la France, écoeurée en 2016 chez elle  par le Portugal de Cristiano Ronaldo et Eder, sortie en quarts de finale par l’Espagne en 2012, tristement en poules en 2008, et également en quarts de finale en 2004 par la Grèce.
Si elle a brillé au Mondial 2018, l’équipe de France devra s’arracher pour suivre les traces de Zidane et ses partenaires. Car l’histoire des Bleus à l’Euro reste parsemée d’embûches. Après une demi-finale lors du Championnat d’Europe 1960 organisé à Paris et Marseille, les Bleus traversent une longue période fantomatique jusqu’en 1984.
Et de nouveau à la maison, Michel Platini écrit un peu plus sa légende en inscrivant 9 buts en seulement 5 matches, dont un coup franc mémorable en finale contre l’Espagne du malheureux Luis Arconada.

Alain Giresse : « Une équipe faite pour gagner »

Sans sursaut avec une non qualification en 1988, la France est humiliée en Suède (1992) en sortant au 1er tour avant d’atteindre les demi-finales de l’Euro 96 en Angleterre et de perdre aux tirs au but contre la République tchèque, sur un raté de Reynald Pedros. L’attente a été longue. 16 ans avant de retoucher au titre européen en 2000, deux ans après la première étoile remportée… à la maison.
« Je pense que c’est une équipe qui est faite pour gagner », estime Alain Giresse, champion d’Europe 1984 avec les Bleus. « Elle l’a démontré ces dernières années. Elle s’appuie sur de la rigueur, de l’organisation, des précisions dans le peu de possibilités offensives qui se présentent. Sur ces éléments, la question se pose toujours pour une équipe championne du monde. Comment peut-elle appréhender une telle compétition en ayant vécu ce qu’il y a de plus grand et de plus fort ? Je ne pense pas que les Bleus soient en fin de parcours, loin de là. »
Michel Platini lui-même fait des Bleus ses favoris. « Sur le papier, aucune équipe de l’Euro n’est aussi forte que l’équipe de France », souligne l’ancien capitaine et sélectionneur des Bleus. Une évidence, mais c’est toujours mieux quand un ancien grand joueur le dit.
Pour aller loin, les Bleus devront démarrer fort d’entrée, avec un premier match en Allemagne au coeur du groupe de la mort. Cette bataille inaugurale, qui n’avait pas vraiment eu lieu en 2016 lors des phases de poules (Albanie, Roumanie, Suisse), est la conséquence des éliminatoires moyens. Malgré 8 victoires, la France s’incline et avec la manière en Turquie (2-0) avant de subir quelques mois plus tard un match nul à Saint-Denis (1-1) contre cette même formation.

Benzema un atout de plus 

Au final, septièmes meilleurs premiers des éliminatoires, derrière l’Ukraine, les Bleus se retrouvent dans le chapeau 2 et tombent dans le groupe F, celui de l’Allemagne. A cela vient s’ajouter le Portugal, deuxième de son groupe de qualifications derrière l’Ukraine justement, et la Hongrie, passée par les barrages et qui jouera deux matches à domicile au stade Ferenc Puskas.

« Les chances sont réelles pour les Bleus. Ils ont été vice-champions il y a cinq ans, champions du monde il y a trois ans », juge Bernard Genghini.
Le champion d’Europe 1984 fait des hommes de Deschamps les grands favoris de la compétition. « Les Bleus sont favoris numéro 1 pour moi, c’est logique. Ils ont le potentiel pour assumer avec beaucoup de grands joueurs qui jouent dans les plus grands clubs étrangers. On voit que le PSG, le Bayern, Chelsea et le Real sont représentés. Ces garçons ont mûri, ils sont ensemble depuis un moment, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont à l’abri de réaliser des prestations moyennes. »

Pour la première fois de sa carrière d’entraîneur, Deschamps devra faire avec le tirage au sort. Après des poules offertes (CM 2014 : Honduras, Suisse, Equateur ; Euro 2016 : Roumanie, Albanie, Suisse et  CM 2018 : Danemark, Pérou, Australie), l’équipe de France devra se frotter au champion du monde 2014, au tenant du titre, et à une sélection pleine d’envie, qui sera à domicile.

Etre tout de suite au top

Pour éviter un cauchemar, les Bleus devront bien débuter le 15 juin contre la Mannschaft et espérer se qualifier parmi les deux premiers ou figurer parmi les meilleurs troisièmes. « Il faudra tout de suite être au top, ne pas se rater », poursuit Genghini. 

« Les poules permettent d’avoir un avant-goût de la compétition. Effectivement, vue la qualité des adversaires, même si la Hongrie est un peu en dessous, il y a le Portugal et l’Allemagne qui sont deux calibres. Il faudra être tout de suite prêt. Ils ont montré dans le passé qu’ils pouvaient battre ce genre d’équipe. Les autres craignent l’équipe de France. C’est une évidence. Maintenant, est-ce que les Français auront toujours autant ce froid réalisme qu’ils ont eu pendant la Coupe du Monde 2018 ? L’équipe a mûri et a réalisé des matches aboutis. Il y a un potentiel joueurs énorme avec des bons joueurs partout. »

C’est peut-être pour cela que Didier Deschamps a estimé qu’il était temps de rappeler Karim Benzema. Si le trio Griezmann – Mbappé – Benzema se montre à la hauteur, la France peut nourrir de grandes ambitions.
« C’est une complémentarité technique orale qu’il doit y avoir et qui est nécessaire pour aller au bout d’une compétition. C’est pour ça qu’il y a d’autres équipes qui ont de vrais arguments. Les Bleus ont démontré qu’ils avaient un engagement collectif, en fonctionnant à l’unisson. La victoire de 2018 s’est bâtie là-dessus grâce aux joueurs et leurs qualités. Tout cela va faire que les Bleus pourront réaliser une grande compétition. »

France-Allemagne, un premier mach qui vaut cher

Le test sera idéal pour jauger des Tricolores qui ne devraient pas bousculer leur dispositif victorieux en 2018. Un 4-2-3-1 solide et basé sur une doublette terrible au milieu de terrain. Paul Pogba et N’Golo Kanté ont été alignés 27 fois ensemble, et n’ont jamais perdu. La victoire des Bleus de Russie a en grande partie été bâtie sur ce duo de choc. « Kanté montre toujours une disponibilité, un engagement, une présence dans son rôle », indique Alain Giresse.  « Mentalement, il est très fort, il fait le joueur tranquille, mais déterminé. Dans ce registre, on ne peut rien lui reprocher. A chaque fois qu’il joue, il a un énorme engagement. »

Alors qu’Hugo Lloris est indétrônnable dans les cages, Presnel Kimpembe a pris la place de Samuel Umtiti au côté de Raphaël Varane pour perpétuer la solidité de la défense des Bleus. 

C’est dans le secteur offensif que le changement majeur a lieu, avec le retour de Benzema, qui va transformer le jeu des Bleus. La forme étincelante de Kylian Mbappé et la bonne saison d’Antoine Giriezmann (sa meilleure depuis qu’il est au Barça) laissent présager le meilleur.

Adrien Rabiot, Corentin Tolisso ou Kinglsey Coman à gauche : le débat s’impose véritablement, alors que Blaise Matuidi, parti respirer le soleil de Miami, occupait avec brio cette étonnante place sur les terrains de Russie.
« Les choix de Deschamps seront déterminants, mais il aura un sacré vivier », assure l’ancien milieu de terrain du carré magique. « Devant, même si certains ont pris de l’avance sur les autres, il y a du choix. Même au milieu, le potentiel est là. Deschamps saura trouver l’équilibre entre les uns et les autres en espérant que tout le monde soit prêt et que personne ne soit blessé. Il faudra que le sélectionneur tranche. »  

En attaque, Ousmane Dembélé, revenu à un très bon nioveau au Barça, aura aussi son mot à dire.
Forte devant avec une quantité importante de solutions (n’oublions pas Olivier Giroud), solide derrière et impressionnante au milieu (auquel se mélange un Griezmann rarement décevant avec les Bleus), l’Equipe de France a tout pour réussir. Même dans la difficulté.

Oscar Bertrand (avec S.D.)

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