Le 16 juillet 2019, Karl Olive, maire de Poissy, signait le permis de construire du futur centre d’entraînement du PSG. Un écrin ultramoderne qui s’étendra sur 74 hectares, comprenant 15 terrains de foot, un stade de 5000 places et les bâtiments qui accueilleront le centre de formation, le service médical et les services administratifs. Un projet qui coutera près de 300 millions d’euros au club et qui a suscité de nombreuses convoitises. En exclusivité pour le quotidien du sport, Karl Olive revient sur les coulisses du projet.
Récupérer le futur centre d’entraînement ultramoderne du PSG, c’est un très gros coup pour la ville de Poissy ?
Mais pas seulement pour la ville de Poissy, pour l’ensemble du territoire. 74 hectares, 250 millions injectés par le Paris Saint-Germain, ce n’est pas rien !
On dit que vous avez bénéficié de votre influence au près du PSG pour décrocher le projet…
Non pas du tout. Pour le coup, on a été Bernardo dans Zorro. Muet de chez muet.
« C’était l’unique bonne solution »
Karl Olive (Maire de Poissy)
Vous avez agi en secret ?
Je savais que j’avais ici un potentiel de 74 hectares, j’ai vu avec le président du Conseil départemental, Pierre Bédier, comment on pouvait acheter les terrains qui ne nous appartenaient pas. On est passé par un portage foncier (Etablissement public foncier d’Ile de France), avec l’accord de la présidente de la région, Valérie Pécresse, avec l’accord des agriculteurs, avec l’accord des habitants, avec l’accord de la communauté urbaine qui est compétente en matière de voirie… Et on a fini par avoir ce que j’appelle un « alignement de planètes ». Et je constate très vite qu’on est le seul endroit à avoir l’alignement de planètes. On est l’unique et la meilleure solution. Mais je ferme ma gueule…
Mais ce projet de Centre d’entraînement du PSG attirait les convoitises ?
Saint-Germain proposait quelque chose mais pollué, archi pollué. Thiverval-Grignon proposait quelque chose mais avec des propriétés de châteaux… Pas possible de vendre aux Qataris… David Douillet, qui était député et que j’ai connu à l’époque de Canal, a été très facilitateur… Quand les planètes étaient alignées, David a tapé le président (ndlr : Nasser Al-Khelaïfi), moi j’ai actionné tous mes réseaux depuis l’époque Canal+, notamment Jean-Claude Blanc, le président Bédier a tapé les agriculteurs, la communauté de commune… Et quand on a acheté la dernière parcelle, Jean-Claude Blanc m’a dit, « ok j’ai compris, on vient chez vous ».
Là c’est devenu officiel. Mais six mois au paravent, on savait que le club allait venir chez nous, il n’avait pas d’autres solutions, mais on n’a rien dit. A tel point qu’un jour j’ai été interviewé par des journalistes qui me disent : « le PSG vient chez vous ». Je leur réponds : « absolument pas. Non seulement ils ne viennent pas chez nous, mais ce que je constate c’est que le PSG, malgré nos multiples relances, ne veut pas nous répondre. J’en prends bonne note, je souhaite bonne chance aux autres projets et nous on va continuer sur notre Pôle Régional du loisir sportif destiné aux familles ». Et derrière, j’envoie une lettre au président du PSG. Une lettre qui était pipeau de chez pipeau. Jean-Claude Blanc m’appelle et me dit : « mais Karl, vous avez changé d’avis ? ». je lui dis : « non, le ballon est arrivé un peu en arrière là et j’ai décidé de dégager en dehors du stade ». Il me répond : « ben putain, je sens qu’on ne va pas retrouver le ballon… ». Et c’est comme ça que ça a fonctionné. J’ai bossé à Doha en 2007 et la culture des Qataris fonctionne comme ça.
Le PSG ne changera pas de nom
Avec ce projet, vous êtes gagnant sur tous les plans… Poissy va être connu dans le monde entier. Economiquement, vous faites aussi une belle opération…
On a vendu « à l’Euro l’Euro ». Je n’ai pas fait un seul bénéfice sur les terrains. J’ai juste dit simplement au PSG : faites bosser les gens du coin, ce qu’il fait. Quand le PSG m’a demandé combien ça coute, je lui ai dit : « ça ne vous coute rien, je vous vends les terrains « à l’Euro l’Euro » ». Je sais qu’avec le PSG qui vient là… Tout ce que cela apporte. Ils se sont posés la question de devoir changer de nom, je leur ai dit, « non, ne changez rien ». Moi je suis très heureux. Je sais que quand ils vont couper le ruban, c’est ici que ça va se passer. Derrière, Porsche et Alfa Romeo m’appellent pour venir s’installer ici. Et là je peux vous dire que je n’ai pas vendu « à l’Euro l’Euro… »
> Prévue initialement pour l’été 2022 afin d’être opérationnel pour la saison 2022/2023, la livraison du nouveau centre d’entraînement a été retardée pour la fin de l’année 2022.