L’ancien milieu de terrain argentin du LOSC (1999-2003), Fernando D’Amico qui a créé son académie de football en Espagne, s’est formé pendant cinq ans au coaching mental et à l’intelligence émotionnelle à l’université de Madrid, analyse la personnalité de son compatriote.
Avez-vous été surpris par les performances de Martinez au Qatar ?
Non, parce qu’il avait déjà été décisif pour remporter la Copa America en 2022, où son rôle avait déjà été fondamental. Il avait déjà manifesté une forte personnalité. Il a confirmé pendant la Coupe du monde bien au-delà de cet arrêt de la 123ème minute en finale qui restera un moment d’histoire. Il est arrivé tard en sélection, mais il y est arrivé au bon moment.
Fait-il partie aujourd’hui des meilleurs gardiens du monde ?
Oui, clairement. Ce n’est pas un hasard s’il est parvenu à influer autant sur le score des matches en Coupe du monde, à être autant décisif tout le temps depuis la Copa America. Même s’il ne joue pas grand-chose à Aston Villa, un club de milieu de tableau de Premier League, il fait partie des meilleurs au monde. En Argentine, avec Fillol et Pumpido, champions du monde en 1978 et 1986, il est dans le top 3 et peut-être même n°1.
Martinez au plus haut niveau grâce à sa folie
Quelle est sa force principale ?
Il tire sa force de sa folie. Pour jouer à ce niveau, à ce poste, et agir comme il le fait, il faut être un peu fou. Il est fou ! Mais une folie maîtrisée qu’il parvient à mettre au service du collectif. La meilleure preuve, c’est que même s’il est souvent à la limite, il ne se fait jamais expulser. C’est un signe d’intelligence. Il sait s’arrêter à temps.
Il sait déstabiliser les adversaires; Il est même passé maître dans cet exercice. Et si Messi parvient enfin à s’extérioriser avec l’Albiceleste, c’est aussi grâce à Martinez, à sa manière d’entraîner les autres dans sa folie maîtrisée. Scaloni l’a aussi pris pour ça, parce qu’il savait qu’il pouvait compter sur lui pour être une sorte de guide. Quand vous avez un gardien qui réussit à arrêter autant de tirs au but, ça vous donne des ailes !
Quand l’art d’arrêter des penaltys rejoint celui de déstabiliser les adversaires…
Il bosse beaucoup pour ça. A la fin des entraînements, il parie des dollars avec ses coéquipiers sur des séries de penaltys. Avant les matches, il travaille beaucoup, étudie les habitudes des attaquants adverses. Il conseille même les tireurs de son équipe par rapport à la position du gardien adverse. C’est un bosseur qui est devenu un expert dans son genre. Il ne faut pas sous-estimer son professionnalisme.
Il voit par exemple un psychologue régulièrement ce qui lui permet de maîtriser ses émotions pendant les matches. En dehors… c’est autre chose. Il dépasse parfois les limites du « chambrage » et n’a pas forcément conscience de la mauvaise image qu’il renvoie.