Alors que les affaires s’accumulent sur le dos de Noël Le Graët, on se demande encore comment cet homme de 81 ans, soit 19 ans de plus que l’âge de la retraite, dirige encore une fédération aussi puissante que la FFF. La raison se trouve justement dans la question.
Après la nouvelle sortie de route de Noël Le Graët sur Zinedine Zidane*, la réaction de la Ministre des Sports a été claire : Amélie Oudéa-Castréa a demandé des excuses « pour ce mot de trop ».
Déjà dans le collimateur du Ministère, qui a diligenté un audit sur la gestion de la fédération, Noël La Graët s’est exécuté. Moins de 24 heures après sa déclaration polémique, le président de la FFF a publié un communiqué pour présenter ses excuses. « Ces propos maladroits ont créé un malentendu, a-t-il déclaré. Je tiens à présenter mes excuses personnelles pour ces propos qui ne reflètent absolument pas ma pensée, ni ma considération pour le joueur qu’il était et l’entraîneur qu’il est devenu. »
Noël Le Graët peut dire n’importe quoi, il est indéboulonnable
Après son peu de considération des problèmes d’homophobie et racisme dans le football, les accusations de harcèlement sexuelles et ses propos sur la Coupe du Monde au Qatar, Le Graët a démontré qu’il pouvait tout dire. Il est indéboulonnable. Rien ne peut faire chuter l’ancien président de Guingamp de son piédestal.
Même si le Ministère des Sports a toujours entretenu des liens étroits avec la FFF (qui l’a d’ailleurs conduit à diligenté un audit sur la gestion de l’organisme, pour lequel Le Graët doit être entendu ce mardi) la « pression morale » reste son seul levier.
En effet, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, la Fédération Française de Football est totalement indépendante. Et, au sein de cette fédération, au budget d’environ 260 millions d’euros, avec près de 350 salariés, représentant plus de 2 millions de licenciés, Noël Le Graët a tous les pouvoirs ! D’ailleurs, la FFF est souvent comparée à un « Ministère des Sports bis », ce qui en dit long sur le pouvoir de son président.
Elu par le Comité Exécutif de la FFF, lui même nommé par les électeurs d’une Assemblée Fédérale toute puissante et dédiée à la cause de sa « tête de liste », le président est intouchable.
Pour un « coup d’Etat » au sein de la FFF, il faudrait que le Comité exécutif, qui dirige la FFF, soit démis de ses fonctions, notamment, sur demande de la haute Autorité du football (elle-même choisie par les membres de l’Assemblée Fédérale).
Autant dire que, sauf problèmes de santé majeurs (âgé de 81 ans, le président Le Graët a notamment été traité pour une leucémie lymphoïde, en 2018), il y a très peu de chance de ne pas le voir aller au bout de son mandat, en mars 2025.
*Dimanche sur RMC, le dérapage de Noël Le Graët
Dimanche soir, interrogé sur RMCn Noël Le Graët a créé la polémique, en répondant à une question sur Zinédine Zidane : « Ça m’étonnerait qu’il parte là-bas (au Brésil, ndlr). Mais il fait ce qu’il veut, ça ne me regarde pas. […] Est-ce que ça ferait mal au coeur qu’il aille là-bas ? Moi, je n’en ai rien à secouer. Il peut aller où il veut ! Il peut aller où il veut, dans un grand club, une sélection, j’y crois à peine en ce qui le concerne. Si Zidane a tenté de me joindre ? Certainement pas, je ne l’aurais même pas pris au téléphone. »
A la suite de ses propos polémiques, Kylian Mbappé a été le seul membre de l’Equipe de France actuelle à réagir.