En passant de la ferveur lensoise à la chaleur niçoise, l’ancien formateur du FC Lorient a découvert un nouvel environnement qu’il juge tout aussi favorable à sa perception du métier d’entraîneur. Au cœur de la dernière trêve internationale, en toute simplicité, il a accepté de nous confier quelques réflexions sur ses premiers mois de Nissard.
De Lorient à Nice en passant par Lens, qu’appréhendez-vous en premier quand vous arrivez dans un nouveau club ?
Le premier élément est lié à une identité, celle du club, de la ville ou de la région. Si les contextes de ces trois clubs sont très différents, ils reposent tous sur une identité locale très forte. Je m’attache donc toujours à essayer d’appréhender l’environnement et les attentes des uns et des autres, des dirigeants évidemment, des supporteurs et de tous ceux qui gravitent autour du club.
Vous avez choisi Nice cette saison alors que d’autres clubs, français et étrangers, s’étaient manifestés. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
La qualité des contacts et des échanges (notamment avec Fabrice Boquet, le directeur général du Gym qu’il avait connu à Lorient, Ndlr), ce que j’ai pu ressentir à partir du moment où on m’a sollicité. Lorsque les dirigeants présentent leur club, lorsqu’ils vous parlent de leur perception du rôle d’un entraîneur principal… vous voyez rapidement si ça peut coller ou pas. A Lorient, c’est Régis Le Bris, qui dirigeait le centre de formation, qui m’a appelé pour prendre en charge l’équipe réserve avec l’assentiment de Christian Gourcuff. A Lens, à la base, c’était aussi pour prendre la réserve…
A Nice, c’est donc la première fois que vous avez été recruté comme entraîneur de l’équipe première ! Ça change quoi pour vous ?
Dans la mesure où les rapports humains restent les mêmes, ça ne change pas grand-chose dans mon approche du métier d’entraîneur.
« Un club n’appartient ni aux joueurs, ni aux entraîneurs »
A Lens, dans votre management, vous aviez rapidement insisté auprès des joueurs sur les valeurs ancestrales d’une région marquée par son histoire minière. Quels leviers actionnez-vous à Nice ?
J’ai effectivement pu faire référence à certaines valeurs héritées de l’époque des mines sur Lens, mais sans avoir à actionner ce levier en permanence non plus. A Nice, même si on ne le perçoit pas forcément de l’extérieur, il existe aussi une identité forte. Ici, les gens aiment les équipes qui pratiquent du beau jeu tout en faisant preuve de caractère, de grinta. C’est en tout cas ce que je ressens depuis que je suis là.
« A Nice, c’est le beau jeu et la grinta ! »
Votre discours est toujours empreint d’une grande humilité. Est-ce dû à votre caractère ou à votre parcours d’entraîneur relativement récent au plus haut niveau ?
Cela fait plus de vingt ans que j’exerce dans un club pro, 28 ans exactement que je suis dans la formation, que je croise le milieu pro et le milieu amateur, je n’ai pas l’impression d’être un nouveau venu ! Mais j’ai toujours considéré que le club devait passer avant. Ça n’empêche pas de laisser une trace, des empreintes fortes, d’incarner un style de jeu, c’est même mon ambition, que les gens se disent en voyant jouer mon équipe : “Ça ressemble à Haise”. Mais le club passera toujours avant, sera toujours plus important qu’un entraîneur. Je sais aussi d’où je viens, je n’oublie pas le gamin qui faisait ses premiers pas du côté de Gouville…
Pour expliquer votre départ du RC Lens, après celui d’Arnaud Pouille le directeur général du club, vous avez dit que vous n’aviez pas envie de repartir de zéro…
Repartir de zéro… ce n’est pas le bon terme, je me suis mal exprimé. Il est souvent plus difficile de gérer trop de modifications dans un club où vous avez construit beaucoup de choses, que d’arriver dans un nouveau club où beaucoup de choses existent déjà, où beaucoup de choses fonctionnent bien comme ici à Nice. Si on a eu la chance de jouer une Coupe d’Europe, c’est parce que mon prédécesseur (Francesco Farioli, Ndlr) a bien fait le boulot. Mais je ne prétends pas faire ici en quelques mois ce que j’ai mis quatre ans à bâtir à Lens.
Six mois après votre arrivée, êtes-vous dans les temps de passage que vous espériez ?
Le lien a été établi avec les joueurs, le staff, les gens autour du club, on a bien avancé malgré des résultats qui pourraient être meilleurs. Notre victoire face à Monaco (2-1, 9ème journée, le 28/10, Ndlr), qui était alors la seule équipe européenne encore invaincue avec Manchester City, a démontré qu’on savait répondre face aux très très forts. Mais dans le foot, en championnat, il faut confirmer pendant 34 journées, même dans les matches un peu moins fringants. Il faut progresser dans ce domaine…
« La Ligue 1 arrive toujours à se renouveler »
Entre Lens et Nice, qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis votre arrivée sur la Côte d’Azur ?
De manière générale, j’évite toujours de comparer parce que ça ne nous fait pas beaucoup avancer. C’est juste différent. La météo surtout (rires) ! Il est très agréable d’être tout le temps en short, plus difficile pour les joueurs de produire des efforts sous la chaleur.
Sur fonds de droits TV en baisse, la L1 a démarré avec pas mal de doutes et de craintes en tête. Comment vivez-vous cette période ?
Malgré les départs de certains grands joueurs, notre championnat continue d’évoluer. La Ligue 1 arrive toujours à se renouveler. Même si nous avons des moyens très inférieurs aux autres, le foot français dans son ensemble reste très attractif notamment grâce à notre formation.
« Cet été, j’avais encore envie de rester en Ligue 1 »
Plusieurs clubs étrangers (un en Angleterre, un en Arabie Saoudite) vous ont contacté cette année, n’est-ce que partie remise ?
Oui, certainement, parce que je trouve intéressant de se confronter à une culture différente, en club ou en sélection. Mais ce n’est pas non plus un rêve ou un objectif précis car j’appréhende mon métier à court ou moyen terme et que je considère que tout ça n’est finalement qu’une histoire d’hommes, d’opportunités. Cet été, j’avais encore envie de rester en Ligue 1.
A quoi pourrait ressembler une première saison réussie à Nice ?
Il faudrait que les gens soient satisfaits de ce que nous avons produit, et pas seulement le staff, les joueurs ou les membres du club, tout son environnement. Il faudrait que tout le monde soit heureux d’être là, à s’entraîner tous les jours, à venir au stade avec plaisir parce qu’ils se reconnaitraient dans leur équipe.
Bref à faire avec l’OGC Nice ce que vous avez fait avec le RC Lens !
Oui, peut-être si je me fie à l’accueil que m’ont réservé les supporteurs lensois pour mon retour à Bollaert (le 28 septembre dernier, 6ème journée de L1, 0-0, Ndlr) avec l’OGC Nice. Même si je n’en ai pas fait des tonnes sur le moment car je ne voulais pas centraliser l’attention sur ma seule personne, ce genre de réactions est tellement rare que je l’ai apprécié à sa juste valeur…
Retrouvez la version longue de l’entretien, dans le journal LE FOOT, en vente à partir du samedi 7 décembre.