jeudi 18 avril 2024

Fredéric Piquionne sur les Verts : « Le projet de Claude Puel n’était pas viable »

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Passé par Saint-Etienne où il a connu les plus belles heures de sa carrière, Fredéric Piquionne est aujourd’hui consultant pour RMC. Son nouveau métier, son avis sur les Verts, son avenir… L’ancien attaquant international s’est confié au Quotidien du Sport.

Vous avez toujours pensé devenir consultant après votre carrière ?

Pas du tout. Ça s’est fait complètement par hasard. Quand j’ai travaillé pour Canal+, c’était pour commenter la MLS avec qui la chaine venait de signer et où j’avais joué. Ensuite, comme j’ai joué en Premier League, j’ai commenté la Premier League…

Et aujourd’hui vous travaillez pour RMC où vous détonnez parfois un peu… On ne vous sent pas à la recherche du clash ou du buzz mais davantage dans la sagesse et le calme.  Ça change d’un Jérôme Rothen par exemple…

Il faut de tout… Chacun a sa manière d’appréhender les choses, de dire ce qu’il pense. Et heureusement ! Le principal, c’est de toujours rester soi même.

« Consultant, c’est un vrai métier »

Quand tout le monde ou presque a voulu disséquer, critiquer et voir le mal dans le remplacement de Messi contre Lyon, vous avez été le seul à ramener ce choix uniquement sur le plan du jeu…

Parce que personne ne se met à la place d’un entraîneur. Messi venait de prendre un coup, juste avant, et, même si on a toujours envie de rester sur le terrain et qu’à chaud ça va passer, l’entraîneur voit le besoin de te remplacer. Derrière, il y a des échéances importantes. D’ailleurs, Messi n’a pas joué à Metz, il est forfait pour Montpellier et incertain pour Manchester City mardi.

On voit que vous prenez du plaisir dans ce rôle de consultant…

C’est un vrai plaisir ! ça permet de rester au contact du football, en pratiquant un vrai métier. Parce que c’est un vrai métier. Il ne faut pas croire qu’on arrive cinq minutes avant une émission, les mains dans les poches… Ce métier nous permet de rencontrer beaucoup de monde, de partager nos idées et de s’exprimer sur l’actualité.

« Le Salary Cap a fait beaucoup de mal aux Verts »

Tout en restant soi-même comme vous le disiez, ce qui ne doit pas toujours être évident, surtout sur une radio comme RMC à l’identité très forte…

Il ne faut surtout pas vouloir « copier » ce que font les autres, mais, je le répète, rester soi-même, sans vouloir en faire trop. J’essaye de prendre du recul par rapport à l’actualité, mais aussi me servir de mon expérience de joueur.

Justement, vous avez eu une riche carrière de joueur qui vous a fait passer par Saint-Etienne puis quelques années plus tard par Lyon, lequel de ces deux clubs vous a le plus marqué ?

D’abord, moi je suis avant tout un Parisien. J’ai grandi à Paris. Après, au cours de ma carrière, j’ai joué pour de nombreux clubs, toujours en essayant de faire mon métier le mieux possible. Mais il est clair que si je devais ressortir un club, c’est Saint-Etienne, sans hésiter. D’abord parce qu’on ne reste pas trois ans dans un club si on ne s’y sent pas bien (ndlr : en fait il est resté deux ans et demi à Saint-Etienne), mais parce que c’est le club qui m’a permis de jouer en Equipe de France, puis de découvrir des clubs comme Monaco et Lyon. D’un point de vue affectif, je me sens plus proche de Saint-Etienne où j’ai passé de très belles années.

Entre juin 2004 et janvier 2007, Frédéric Piquionne a joué 89 matchs pour les Verts et inscrit 23 buts. Deux mois après son départ, il connaitra une sélection en Equipe de France.

Que pensez-vous aujourd’hui de la situation du club ?

C’est triste. Saint-Etienne n’est pas à sa place… Malheureusement, c’est un club qui est dirigé par deux présidents qui, depuis de nombreuses années, n’ont pas la même façon de voir les choses.

C’est ce qui a conduit les Verts aux portes de la Ligue 2 ?

Ce qui a fait beaucoup de mal au club, c’est le fameux « salary cap » qui a été instauré. Même si c’était un faux salary cap, avec des primes importantes pour compenser, il a fait fuir des joueurs… C’est bien beau de proposer des salaires à 80 000 euros par mois avec des primes à partir de 10 matchs joués, une autre à partir de 20 matchs… Mais si vous vous blessez ? Vous n’avez aucune garantie. A l’époque de Galtier, c’est ce qui a fait qu’un joueur comme Andy Delort n’est pas venu.

« Claude Puel a des idées, un fort caractère, mais il ne peut pas tout faire »

Aujourd’hui, Claude Puel a les pleins pouvoirs…

Il est manager général, ce qui implique que tout passe par lui. Mais il ne peut pas tout assumer, il n’a pas le temps. C’est un entraîneur qui a des idées, avec une forte personnalité, mais ça ne suffit pas. Il ne peut pas tout faire.

Il s’est trompé dans son projet pour les Verts ?

Il a voulu faire son équipe autour des joueurs qui ont gagné la Gambardella, avant de se rendre compte que ce n’était pas viable. Pourtant, à Saint-Etienne, il y a de très bons jeunes. Mais il faut les entourer, les encadrer avec des joueurs d’expérience.

Il semble vraiment seul pilote à bord…

A partir du moment où il est manager général, et le connaissant, je me doute qu’il décide seul.

Fred Piquionne passe le premier diplôme d’entraîneur “spécifique attaquants”

Le mercato des Verts a déçu, notamment son refus de prendre Mbaye Niang…

Il faut avouer qu’il y a quelques doutes sur le joueur… Il n’a pratiquement pas joué depuis deux ans (ndlr : en fait, Mbaye Niang est apparu à 12 reprises la saison dernière et n’a pas joué la moindre minute cette saison. Il restait sur 11 buts en 31 matchs lors de la saison 2019/2020), on peut se poser la question sur son état de forme.

Je pense que Claude Puel ne voulait pas faire « une Modeste », qui a joué quatre matchs avant de se blesser. A Rennes, Niang ne s’entraînait pas avec les pros, mais avec la réserve. Il va avoir besoin d’un bon mois avant d’être opérationnel. Bordeaux n’est pas pressé. Ils ont Hwang, ils peuvent attendre de le remettre en forme tranquillement. Si j’avais été entraîneur de Saint-Etienne, j’aurais pris la même décision.

On a aussi parlé de De Préville, qui a finalement rejoint Metz…

Mais il n’a jamais été question de De Préville à Saint-Etienne. Je discute souvent avec Claude Puel que je côtoie au Variété. Il m’a souvent répété que le club n’avait pas d’argent ! Le joueur a sans doute été proposé à Saint-Etienne, comme il a dû être proposé à tous les clubs de Ligue 1 en dehors du PSG, Lyon et Monaco, mais les Verts n’avaient pas les moyens de le payer !

Parlons de votre avenir, vous le voyez sur un banc de touche ?

Je passe mes diplômes, tout en travaillant avec le club de Fleury (ndlr : club de National 3 du 91). Aujourd’hui je suis en mesure d’entraîner jusqu’en National 2. Je passe aussi mon diplôme d’entraîneur spécifique « attaquants ». C’est un nouveau diplôme créé par la FFF et je ne me voyais pas ne pas participer à la première session.

Après les gardiens de but, c’est désormais une possibilité pour les défenseurs et les attaquants. Aujourd’hui les entraîneurs sont entourés d’un staff important, avec des préparateurs physiques, des analystes vidéo, des adjoints pour pratiquement tout faire. Le métier d’entraîneur spécifique au poste est en train de se développer de plus en plus.

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