dimanche 26 janvier 2025

Geoffroy Lequatre : « Mon ambition est de devenir la marque haute couture du cyclisme »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Pro pendant 12 ans, Geoffroy Lequatre a créé en 2014 une marque de vêtements de cyclisme (G4) qui ne cesse de gagner en notoriété. A l’aube d’une saison 2025 qui a révélé ses nouvelles tenues, l’ancien coureur du Crédit Agricole, Cofidis, Agritubel et RadioShack nous dévoile ses préférées et se risque aux tendances de demain. 

Geoffroy, plus de dix ans après l’avoir créée, comment se porte votre société, G4 ?

J’étais encore sur le vélo, chez RadioShack, quand j’ai eu envie de développer ma marque, plus dans une logique de vocation que de reconversion. Aussi, même s’il est toujours difficile d’arrêter le vélo, j’ai pris ma décision en une semaine. Depuis, il y a des hauts et des bas, comme dans toute vie d’entrepreneur. Après le covid, le marché du vélo a explosé, des marques ont arrêté, d’autres sont reparties, souvent sous la tutelle de grands groupes, nous faisons partie de celles qui demeurent parce que c’est avant tout la passion qui nous guide. Mais je ne suis pas prêt à tout pour la pérenniser, je veux contrôler ce que je fais. On est toujours en recherche de partenaires, d’investisseurs, qui veulent vivre la même chose que nous et développer la marque. Il est difficile de trouver des profils qui correspondent. Mais mon ambition est toujours la même : devenir la marque haute couture du cyclisme ! 

« Si tu signais chez Cofidis et que tu n’aimais pas le rouge… tant pis pour toi (rires) ! »

De manière générale, que pensez-vous des tenues des cyclistes des années 2020 ?

L’évolution a été importante depuis mes années de coureur où tu devais t’habiller toujours pareil 365 jours sur 365. Si tu signais chez Cofidis et que tu n’aimais pas le rouge… tant pis pour toi (rires) ! Le déclic est venu entre 2012 et 2016 de la collaboration entre Rapha, qui avait une vision différente, et Sky, qui fut une des premières formations à prendre conscience de l’importance de l’image et du ressenti des coureurs.  C’est aussi à cette époque, alors que j’étais encore chez Agritubel, que j’ai commencé à designer, à taguer mes valises, à avoir une vision un peu décalée. Aujourd’hui les partenaires arrivent avec leur charte graphique pour essayer d’harmoniser les couleurs. 

Aimez-vous les nouveaux maillots de la saison 2025 ?

J’ai un faible pour celui de Jayco AlUla, une vraie réussite qui ne m’étonne pas car MAAP, qui arrive dans le milieu pro, est un bon manufacturier dans un style un peu à part.  Une marque australienne pour une formation australienne, c’est cohérent. Cette tendance purple-violet me rappelle mes débuts et je lui donne la palme du plus beau maillot de la nouvelle collection.

A l’inverse, lesquels vous piquent les yeux ?

J’ai un peu plus de mal avec celui de Cofidis. La marque espagnole, Etxeondo, est arrivée avec ses codes couleurs et coutures… peut-être qu’on s’y fera au fil du temps. 

Pour les autres ?

J’aime bien le dégradé d’Astana, j’attendais mieux des maillots d’UAE Emirates qui sont restés très classiques alors qu’ils auraient pu facilement comporter une touche un peu plus créatrice. L’unique sponsor titre s’y prête davantage que lorsqu’il faut caser une dizaine de partenaires. 

« Le futur sera dans un textile plus protecteur, ou un maillot qui change de couleurs… »

Dans votre approche, faites-vous une grande différence entre les coureurs et les coureuses ? 

A quoi pourrait ressembler votre maillot idéal ?

Nous avons chez G4 des modèles pour les dames et pour les messieurs et d’autres plus transgenres. Le problème, c’est que les cyclistes femmes veulent souvent s’habiller comme leurs homologues masculins… avec plus d’exigence dans les finitions, et plus de coups de cœur sur des tenues. C’est un équilibre à trouver.

Grâce à des fibres intégrées, il changerait de couleur en fonction de la luminosité. Pour le futur, il y a beaucoup de choses à faire dans le textile notamment en terme de sécurité. Je m’étonne d’ailleurs qu’on ne protège pas davantage les coureurs autrement qu’avec des tissus en Lycra qui, certes sont légers, confortables et aérodynamiques mais peu efficaces en cas de chutes à 80 km/h ou plus. Le futur sera dans un textile plus protecteur, à l’instar des pilotes moto. 

A l’instar du foot qui inspire de plus en plus les créateurs de mode, avec des footeux devenus ambassadeurs de grandes marques, les stars du cyclisme peuvent-elles suivre la même voie ?

Au contraire des cyclistes, les footballeurs ont des partenaires privés, ce qui leur permet d’avoir plus de liberté. Un cycliste qui signe dans une formation s’engage aussi avec une marque, avec des sponsors, sans pour autant récupérer ses droits d’image à titre individuel. Chez Visma Lease a Bike par exemple, La Machine (vêtement casual) et Agu (vêtement vélo) équipent toute l’équipe. Rares sont ceux qui peuvent se libérer de ces contrats collectifs. Peter Sagan l’a fait en imposant ses équipementiers (Specialized pour le vélo et Sportful pour les maillots : ndlr) en arrivant dans une nouvelle formation mais c’est une exception. 

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