vendredi 2 juin 2023

Gilles Simon : « Aujourd’hui, les joueurs sont de vraies bêtes »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Le Français (158ème ATP), ex 6ème mondial en janvier 2009, a livré son dernier match de sa carrière à Roland-Garros contre Marin Cilic (23ème ATP) au 3ème tour. Et donné son ressenti avec humour sur l’ensemble de sa carrière, avec classe et un sens de l’analyse qui le caractérisent tant. 

Clap de fin pour Gilles Simon Porte d’Auteuil, et ce avant de terminer sa saison. Marin  Cilic a été trop fort pour lui dans tous les secteurs du jeu. En moins de deux heures, le Croate a réglé la mire sur le court Philippe Chatrier (6/0, 6/3, 6/2). Mais le Niçois de naissance avec lucidité et recul, ses 37 ans et ses désormais 17 Roland-Garros disputés cette année, a su faire la part des choses à la sortie du court. 

« J’ai fait et mis tout ce que j’avais à mettre »

Sur son ressenti sur sa dernière défaite Porte d’Auteuil : « C’était un match très difficile. L’adversaire est de taille, c’est vrai. Marin a joué un tennis fantastique dès le début, jusqu’à la fin. Il ne m’a donné aucune solution, aucun choix. Du côté physique, je l’ai ressenti plus que jamais. J’avais l’impression qu’il m’était difficile de gagner des balles, des points ». 

Sur son état d’esprit après coup : « Honnêtement, je suis très heureux. J’ai fait et mis tout ce que j’avais à mettre. Je ne peux plus bouger la hanche droite, mais ce n’est pas grave. Cela aurait dû être comme ça dès le premier tour. Je me sens juste extrêmement chanceux. Évidemment, j’espérais faire mieux ». 

Sur son apprentissage ces dernières semaines : « Ces dernières semaines, j’ai fait une demande de wild card (invitation). Tu ne sais pas forcément si tu vas l’avoir. C’était une année assez compliquée à ce niveau. Déjà, ce n’est pas dans tes mains. Il y a un truc que j’ai toujours adoré dans le tennis : normalement, tu as ton classement, tu joues, c’est au mérite, c’est comme ça. Là, quand ce n’est pas dans tes mains, tu fais avec.  Par contre, j’ai appris beaucoup cette année en Challengers sur terre battue, plus que sur toutes les autres années, parce que sur les Challengers, tu as beaucoup de spécialistes, beaucoup plus que sur le circuit. Sur le circuit, tu joues des joueurs que tu affrontes chaque semaine, sur dur, sur terre, sur gazon. Ils changent un peu leur jeu. Marin Cilic par exemple, si je vous demande ce qu’il a fait différemment aujourd’hui (hier) que sur dur, vous seriez bien ennuyés pour me répondre. Quand on passe sur ces Challengers, tu vois des mecs, ça fait 4 ans, 5 ans, 6 ans, ils ne font que de la terre. J’ai beaucoup appris ». 

Sur son admiration pour Marin Cilic

« C’était bien de jouer contre Marin ce match fantastique – nous avons souvent joué ensemble, lui et moi, autrefois – et de pouvoir profiter de cette dernière expérience, de l’atmosphère. De façon générale, je me sens chanceux car j’ai pu jouer trois matchs ici ; et j’ai de la chance, parce que j’ai joué, ici, mon dernier match contre un joueur que j’admire profondément. Marin est non seulement fantastique en tant que joueur, mais est aussi quelqu’un de bien.C’est le genre de joueur que l’on voudrait voir soulever le trophée. Il ne s’est jamais plaint de quoi que ce soit. Il est fabuleux ».  

« Je pense que je suis arrivé aux limites physiques de mon corps »

Sur le beau jeu pratiqué par Gaston avec lequel il a joué le double : « J’aime beaucoup ce qu’il fait. On a des styles de jeu très différents. Il mène bien sa barque. Il joue toujours bien ici. Il sait très bien jouer avec le public. Je pense que son style de jeu en plus déclenche ça, marche mieux ici qu’ailleurs, parce que quand ailleurs, il fait un rétro et un lob et qu’il n’y a personne, bon, c’est cool, mais humiliant, mais ça passe, parce qu’il n’y avait pas grand monde. Quand il le fait là sur un central et que tout le monde se lève, ça a un peu plus d’impact sur le joueur. Ce n’est pas un hasard si ça se passe bien à chaque fois qu’il joue à Paris et il le fait formidablement bien. J’ai envie de lui dire de continuer ce truc-là ». 

Sur l’évolution du tennis actuel et ses propres limites personnelles

« Aujourd’hui, quand on regarde du côté des messieurs, ce sont de vraies bêtes : ils sont forts, ils sont grands, ils se déplacent rapidement, ils sont endurants ; ils ont toutes les qualités. Donc, cela me coûte beaucoup de rester à ce niveau. Je ne suis pas fait du même bois que Félix (Auger Aliassime), par exemple. Penser à Félix qui décoche un coup droit à pleine force ; pour moi, c’est difficile de contrer cela. Je pense que je suis arrivé aux limites physiques de mon corps. Je ne peux pas être à 100 % tous les jours ; et aujourd’hui (hier), c’était vraiment un jour sans pour moi ».

Sur la reconnaissance par rapport à sa carrière 

« Je le dis très gentiment, elle m’intéresse très peu, parce que je n’ai jamais cherché de reconnaissance. Je me suis toujours dit : « si je l’ai, tant mieux, sinon, je survivrai ». On m’en a souvent parlé, parce que je fais partie d’une génération de joueurs qui étaient extrêmement charismatiques pour le coup, chacun dans des styles différents. Chacun représente finalement et incarne presque un personnage de bande dessinée. Que ce soit Jo (Wilfried Tsonga), Richard (Gasquet), Gaël (Monfils), ces mecs, dans la vraie vie, ils n’existent pas. D’ailleurs, dès qu’ils sortent de là, vous ne les voyez pas. Ils sont exceptionnels, chacun à leur manière. Je pense que moi – je ne sais pas si ça veut dire quelque chose –, je suis plus normal ; donc, je suis un peu dans l’ombre de ces joueurs. Ça me va très bien, parce que dans ma personnalité ce n’est absolument pas un problème ». 

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