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- L’avis d’un joueur, Lucas Vanègue « La saison passée déjà, je voyais le HBC gagner… »
- L’avis d’un entraîneur, Philippe Gardent : « Si ce n’est pas cette année, ce sera la prochaine »
- L’avis d’un président, François Lequeux : « Tout le monde met une pièce sur le H »
- L’avis d’un ancien sélectionneur, Daniel Costantini : « Pour Nantes, ça ressemble à l’année ou jamais »
- L’avis du DTN, Pascal Bourgeais : « C’est possible… mais compliqué ! »
- L’avis d’un ancien international, Christophe Kempé : « A chaque fois, on se dit que c’est la bonne… »
- L’avis d’un journaliste, Frédéric Sourice : « Gagner à Montpellier, comme Dunkerque en 2014 ! »
La victoire face au PSG en fin d’année (34-31) a relancé la course au titre en même temps qu’elle ouvrait la perspective d’un possible premier triomphe nantais en fin de saison. Peut-on enfin croire à la fin de l’hégémonie parisienne, douze ans après son premier titre. Le H peut-il imiter Dunkerque, le dernier à avoir devancé le PSG en 2014 ? Nos témoins sont partagés.
L’avis d’un joueur, Lucas Vanègue « La saison passée déjà, je voyais le HBC gagner… »
Et si le destin de cette StarLigue 2024/2025 dépendait de la Team Chambé ? Les hasards du calendrier ont en effet placé Nantes au Phare, et le PSG à Coubertin, comme derniers adversaires des coéquipiers de Lucas Vanègue (Chambéry) les 4 et 7 juin.
Parce que vous jouez les deux postulants au titre lors des deux dernières journées, pouvez-vous jouer le rôle d’arbitre ?
Que notre destin soit assuré ou pas, on fera tout pour. Mais vu ce que ces deux équipes ont montré dans la première partie du championnat, il n’y a pas eu photo, surtout face à Nantes où on a clairement pris le bouillon (25-32).
Où se jouera le titre selon vous ?
À lireMaxime Gilbert (Toulouse) passe ses partenaires au crible : « Il est toujours à la limite… »A Coubertin, pour le match retour (le 9 mars, Ndlr) car je ne vois pas les deux équipes faire de faux pas par ailleurs. Elles comptent parmi les meilleures équipes du monde, leurs résultats en Ligue des Champions le montrent, avec aucune faiblesse et des effectifs très complets.
Malgré tout, qu’est-ce qui peut faire la différence ?
Les blessures. On l’a vu au match aller où l’absence de Prandi a été très préjudiciable à Paris. Si Minne ou Briet, qui sont énormes cette saison, venaient à manquer à l’appel, ils manqueraient beaucoup à Nantes. Plus que mentalement, entre deux équipes qui se préparent à jouer tous les trois jours jusqu’en mai, la différence peut se faire sur le physique.
On a quand même l’impression que Nantes n’a jamais été aussi proche du titre.
À lireGuéric Vincent (Nîmes) : « L’équipe de France est dans un coin de ma tête »Mais la saison passée déjà je voyais le HBC finir champion… avant que Paris finisse par gagner quand même.
N’êtes-vous pas lassé par cette hégémonie parisienne ?
Lassé n’est pas le mot car je suis content d’avoir une équipe comme le PSG dans notre championnat, de pouvoir y côtoyer [ 8 ] HANDBALL MAGAZINE N°24
des joueurs parmi les meilleurs du monde. Avec Nantes et Montpellier, ce sont nos locomotives. Et il serait peut-être temps d’en changer un peu, c’est vrai, ça me ferait plaisir de voir Nantes gagner.
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L’avis d’un entraîneur, Philippe Gardent : « Si ce n’est pas cette année, ce sera la prochaine »
Pour l’ancien coach de Chambéry, Paris, Toulouse et Aix, Nantes n’a jamais été aussi proche d’un premier titre.
« La différence entre les deux équipes est tellement faible, la nature du projet nantais est tellement affirmée, qu’il n’y a aucune raison de douter que le HBC Nantes parviendra à être champion de France. Cette année peut-être, sinon la saison prochaine, celle d’après… »
« En tout cas, on n’est pas dans la logique de « cette année ou jamais » ! Pour tout le peuple nantais, pour ce projet qui fait l’unanimité, dans son fonctionnement et son modèle économique, un premier titre de champion ne serait pas volé. Même si je donne un avantage au PSG qui reçoit au retour, il est tellement léger que je vois quand même Nantes finir premier. Les deux équipes faisant très peu d’erreurs en championnat, ça va se jouer à la fraîcheur mentale, à la gestion des blessures, aux conséquences de leur parcours en Ligue des Champions… et au facteur chance. »
L’avis d’un président, François Lequeux : « Tout le monde met une pièce sur le H »
La dernière place de son club à la trêve n’empêche pas le président de l’US Ivry de regarder avec intérêt la lutte pour le titre.
À lireMontpellier/PSG L’entente cordiale ?« Nantes a cette saison une équipe plus aboutie, une force collective supérieure aux années précédentes. Comme dans le même temps le PSG semble avoir levé un peu le pied, en étant moins tranchant, le petit plus de l’un associé au petit moins de l’autre rendent cette fin de championnat bien indécise. Les deux équipes sont vraiment au-dessus du lot et si elles restent concentrées, ça se jouera au match retour. Vaccinés par la défaite à Toulouse, qui est une simple erreur de parcours, je ne vois pas les Nantais refaire la même erreur. »
« Pour le moment, Nantes est en bonne position et tout le monde met une pièce sur le H car ce serait une bonne chose pour le handball français dans le sens où son projet est bien ancré dans son territoire, à l’image de ce que fait Montpellier depuis longtemps. Certes, la dépendance aux collectivités est grande, autant que celle du PSG vis-à-vis du Qatar, mais ça montre qu’une agglomération comme Nantes peut générer de vrais projets sportifs et économiques. »
« Depuis plus de dix ans, si le PSG est notre locomotive médiatique, à travers l’investissement de beIN SPORTS qui ne serait certainement pas le même sans le club qui appartient à la même société, sportivement je ne vois pas ce qu’il apporte aux autres wagons que nous sommes sinon de nous vendre du rêve. Le jeu qu’il déploie, cette volonté de perfection, me fait rêver. Je n’oublie pas non plus que c’est grâce à lui qu’un Elohim Prandi, formé chez nous, peut évoluer dans notre championnat. »
L’avis d’un ancien sélectionneur, Daniel Costantini : « Pour Nantes, ça ressemble à l’année ou jamais »
Le sélectionneur aux deux titres mondiaux ne serait pas étonné de voir le H aller chercher son premier titre de champion de France en fin de saison.
Peut-on considérer que la StarLigue n’a jamais été aussi proche de tomber dans l’escarcelle du H ?
En tout cas, tout ce qui s’est passé dans la première partie de la saison, jusqu’au Trophée des Champions, va dans ce sens. On a vraiment l’impression que c’est l’année ou jamais pour Nantes. Attention quand même à la constellation de stars du PSG qui ne se laissera pas faire. Il en est ainsi des stars qui ont parfois du mal à assumer leur statut au quotidien, mais qui parviennent à se transcender dans les moments importants. Surtout si la presse commence à titiller leur orgueil !
Nantes reste sur deux victoires d’affilée face au PSG, l’ascendant mental peut-il faire la différence ?
Oui, surtout si l’épanouissement des Briet, Minne et autre Tournat se confirme. Leur seul souci peut venir de la blessure de leur international slovène, Matej Gaber, qui leur enlève une rotation. Vont-ils prendre un joker médical ? Au-delà de l’effectif, je veux souligner l’excellent travail effectué depuis longtemps par un club qui gravit doucement, mais régulièrement les échelons. A ce rythme, la roue va bien finir par tourner un jour en leur faveur. Pour en avoir parlé avec Thierry Anti (entraîneur de Nantes de 2009 à 2019, Ndlr), je sais qu’il est impressionné par la progression du club et l’excellent travail effectué par son successeur, Grégory Cojean.
Le handball français n’a-t-il pas aussi tout intérêt à voir un autre champion le représenter ?
Après Montpellier, Paris, les hégémonies lassent tout le monde. Le championnat a besoin de suspense. Il y en a eu un peu l’an passé, mais ça ne suffit pas à assurer un renouvellement. Le handball français a choisi de rester sur un championnat régulier, sans play-offs, mais avec l’inconvénient de voir toujours le même qui gagne à la fin.
Où va se jouer le titre selon vous ?
Dans un tel championnat, la régularité sera évidemment un aspect important, mais peu d’équipes sont en capacité d’inquiéter Nantes et Paris. Je ne vois que Toulouse (qui a gagné le H à l’aller) et Montpellier qui n’a pas renoncé à jouer les trouble-fêtes, qui en a en tout cas le profil idéal. Ces deux équipes peuvent jouer le rôle d’arbitre. Quoi qu’il en soit, le match retour a de grandes chances d’être décisif. A ce titre, il serait bien qu’il se joue ailleurs qu’à Coubertin où la salle n’a pas trop évolué depuis que j’y jouais dans les années 70 !
L’avis du DTN, Pascal Bourgeais : « C’est possible… mais compliqué ! »
Sans se défaire de son devoir de réserve, le Directeur Technique National n’imagine pas le titre échapper à Paris ou à Nantes.
« Même si le PSG venait à céder son titre, je ne crois pas qu’on pourrait parler pour autant de fin de cycle car le club parisien est et sera toujours un sérieux prétendant. Pour Nantes, la poursuite d’un cycle de progression le conduit à être de plus en plus compétitif. Est-ce que ce sera pour cette année ? C’est possible mais, eu égard à son calendrier, ce sera quand même compliqué car le H doit se déplacer à Montpellier, à Paris et à Saint-Raphaël. »
« Je pense que ça ne se jouera pas dans les confrontations directes, mais plus dans tous ces matchs pièges qu’il faudra éviter contre des équipes classées entre la 4ème et la 8ème place, parfois calés entre la Coupe d’Europe ou la Coupe de France… La StarLigue offre de moins en moins de matchs faciles et aucune équipe n’est à l’abri d’une défaite si elle ne répond pas présente le jour J. »
À lireQuand Livry-Gargan disait adieu à la D1…« Pour autant, parce que leur effectif est plus dense, Nantes et Paris ont encore un peu de marge qui tient à leur capacité à effectuer des rotations, pour assumer les matchs de Ligue des Champions notamment, ou d’éventuelles blessures. En attendant le verdict, je me réjouis de voir que Nantes est devenu une place forte du hand français pour une concurrence salutaire. Après les Clasico Montpellier-Chambéry, la domination parisienne, le handball français a tout à gagner à voir plusieurs équipes en capacité de gagner notre championnat d’élite. »
L’avis d’un ancien international, Christophe Kempé : « A chaque fois, on se dit que c’est la bonne… »
Le champion olympique 2008, joueur du PSG entre 1995 et 1998, fait du match retour entre les deux protagonistes une vraie finale.
« Nantes n’en était déjà pas loin l’an dernier et chaque fois on se dit que, cette fois, c’est la bonne ! Sauf que cette année, ils sont plus forts que jamais. Bos, Minne, Briet, Abdi, avec le retour de Tournat… cette ossature et cette force collective peuvent faire la différence face aux grosses individualités parisiennes. Mais pour compenser l’absence de Prandi, les jeunes parisiens ont aussi été étonnants. Au final, ça va se jouer sur des détails. J’étais à Toulouse où Nantes a perdu son seul match en raison de l’absence de Minne, avec lui je ne les vois pas perdre ailleurs qu’à Paris au retour. Idem pour Paris, donc ça risque de se jouer sur ce match. »
« C’est peut-être l’année ou jamais pour Nantes… avant que le PSG se renforce encore pour la saison prochaine. Un titre ferait du bien au HBC, récompenserait son travail et l’engouement qu’il suscite. Indirectement, il le devrait aussi au PSG qui tire le hand français vers le haut, qui a obligé tous les autres clubs à aller chercher d’autres moyens, à accentuer leur formation pour suivre le rythme. Il ne faut pas oublier tout ce que ce PSG apporte à un championnat qui est devenu le deuxième d’Europe. »
L’avis d’un journaliste, Frédéric Sourice : « Gagner à Montpellier, comme Dunkerque en 2014 ! »
Depuis Dunkerque où il suit l’USDK, le journaliste de La Voix du Nord est bien placé pour cerner les bases d’un succès nantais qui pourrait ressembler à celui des Dunkerquois il y a dix ans.
« En début de saison, je pensais que Nantes pouvait être champion de France. Je le pense encore, mais la différence entre les deux prétendants est tellement faible que tout pronostic s’apparente à jeter une bouteille à la mer. Pour espérer terminer premier, Nantes va devoir copier Dunkerque qui, en 2014, avait su s’imposer à Montpellier, où se jouera peut-être le sort de ce championnat dès la reprise pour le HBC. »
À lireHandball : le nouvel ordre mondial« Il lui faudra encore aller s’imposer à Paris car je n’imagine pas les Parisiens lâcher beaucoup de points en route… Le défi est immense mais, après dix années de domination parisienne, le hand français gagnerait à fêter un champion comme Nantes, un club qui s’est construit intelligemment depuis 15 ans en s’appuyant notamment sur un socle populaire important. »
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