L’équipe de France de Michel Platini remportait pour la première fois en 1984 une grande compétition internationale, l’Euro sur ses terres. Un anniversaire que les Bleus de 2024 seraient bien inspirés de fêter par un nouveau succès…
Il y a longtemps, une éternité, que le moment était attendu. On ne parle ici même pas de la victoire : pour la première fois depuis la Coupe du Monde 1938, notre pays accueille enfin une grande compétition internationale. Bien sûr, tout le monde souhaite la victoire des Tricolores.
Elle est envisageable : demi-finalistes de la précédente Coupe du monde en Espagne, les Bleus comptent dans leurs rangs le Ballon d’Or en titre, un certain Michel Platini, vainqueur quelques semaines auparavant avec la Juventus Turin de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes.
« C’est certainement la plus belle chose que nous avions vécue dans notre carrière, témoigne Bernard Lacombe. L’avant-centre de l’équipe de France de l’époque poursuit : « Il y avait une confiance incroyable dans notre groupe. Notre sélectionneur, Michel Hidalgo, était un phénomène qui avait réussi à ressusciter l’équipe de France. Tous les joueurs étaient au service du collectif, avec Michel Platini comme leader incontesté. »
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Platini en leader
Dès le premier match, « Platoche » prend les commandes. Contre le Danemark, la rencontre est tendue, engagée, mais les hommes du sélectionneur Michel Hidalgo s’en sortent grâce à un coup de patte de leur capitaine à dix minutes du terme (1-0). L’histoire est en marche.
Quelques jours plus tard, dans un stade de la Beaujoire inondé de soleil, la France atomise la Belgique 5-0 : triplé de Platini (un but du droit, un but du gauche, un but de la tête) et des réalisations de Luis Fernandez et d’Alain Giresse. Pour finir en beauté la phase de groupes, les Bleus dominent les surdoués Yougoslaves (3-2).
Dans son ancien jardin de Geoffroy-Guichard, à Saint-Etienne, Platini réussit une nouvelle fois le triplé parfait : un but du droit, un but du gauche et un but de la tête ! A l’époque, l’Euro n’est pas une compétition à rallonge comme aujourd’hui. La compétition ne compte que huit nations et les deux premiers de chaque groupe s’affrontent en demi-finales.
Le 23 juin 1984, la France hérite ainsi du Portugal à Marseille en demi-finale. Rapidement devant grâce à un coup-franc de Jean-François Domergue qui grille la politesse à « Platoche », les Français sont rejoints en fin de match (1-1). La prolongation est irrespirable.
Les Portugais prennent les commandes grâce à Jordao, auteur d’un doublé. Mais Domergue, encore lui, égalise en profitant d’une frappe contrée de Platini. A la 119ème, le numéro 10 ne laisse à personne d’autre le soin de faire chavirer dans l’ivresse le Vélodrome en concluant le plus calmement du monde après un rush fantastique de Jean Tigana. 3-2, pour la première fois de son histoire, la France est en finale !
Le record de platoche
Le mercredi 27 juin 1984, le Parc des Princes accueille la finale de cet Euro : France-Espagne. La rencontre est équilibrée. Elle bascule sur un coup du sort en fin de première période : un coup-franc de Michel Platini mal maîtrisé par le portier espagnol Luis Arconada.
Depuis cette erreur invraisemblable, le portier, pourtant auteur d’une magnifique carrière, a laissé son nom dans la postérité : une grotesque faute de main d’un goal est depuis quarante ans fréquemment qualifiée d’une Arconada (sic). En remémorant ce souvenir à Bernard Lacombe, celui-ci nous a offert une anecdote savoureuse :
« C’est moi qui obtiens la faute en finale, pour le fameux coupfranc de Michel (Platini) avant l’erreur d’Arconada, mais je peux bien l’avouer aujourd’hui : j’en avais un peu rajouté ». En fin de match, Bruno Bellone double la mise d’un piqué magnifique. 2-0, la France est championne d’Europe.
Le sélectionneur Michel Hidalgo est porté en triomphe, mais c’est l’autre Michel, Platini évidemment, qui est le héros de l’été : avec neuf buts en cinq matches, il est toujours à ce jour le meilleur buteur d’un seul Euro. Cristiano Ronaldo a bien marqué 14 buts dans cette compétition, mais il a fallu au Portugais cinq éditions et 25 matches pour arriver à ce total.
Avec une moyenne hallucinante d’1,8 but par match, Platini ne sera sans doute jamais battu. On n’en demande pas tant à nos Bleus de 2024, juste d’offrir à la France un 3ème Euro après ceux de 1984 et 2000.
1984, une année en or
France-Brésil en finale. On ne parle pas de la Coupe du Monde 1998, mais bien des Jeux Olympiques 1984. Le 11 août 1984, devant plus de 100 000 spectateurs au Rose Bowl de Pasadena, les Bleus l’emportent 2-0 grâce à des buts de François Brisson et Daniel Xuereb. Avec cinq réalisations en six matches, ce dernier est le meilleur buteur du tournoi.
Gardien de but tricolore, Albert Rust est le seul joueur à avoir réalisé le doublé Euro-JO 1984 lors de cet été. Entraînée par le futur sélectionneur des A Henri Michel, cette équipe de France Espoirs compte dans ses rangs beaucoup de bons joueurs (José Touré, Dominique Bijotat, Jean-Christophe Thouvenel, William Ayache…), mais pas de véritable star. Il n’empêche que ces 17 garçons et leur sélectionneur sont encore à ce jour les seuls champions olympiques de l’histoire du football français. Peut-être jusqu’à cette année…