lundi 17 mars 2025

Isabelle Autissier : « Violette Dorange est loin d’être naïve »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Première femme à avoir accompli un tour du monde en solitaire en 1991, Isabelle Autissier a accepté de se livrer, notamment sur le nouveau phénomène de la voile Violette Dorange.

Que devenez-vous ?

Je finis un livre qui va sortir au mois d’avril sur la vie d’une femme inuite au début du XXème siècle. Je demeure toujours la présidente du Conseil consultatif des terres australes et antarctiques françaises. Je prépare aussi une navigation cet été au Spitzberg. Je suis également toujours la présidente d’honneur du WWF. Je donne aussi beaucoup de conférences. J’ai pas mal d’activités. Bref, j’ai une retraite occupée ! (à 68 ans, Ndlr)

Que vous inspire le Vendée Globe et son évolution au fil des années ?

Cette épreuve est conforme à ce qu’elle a toujours été. C’est une course à l’innovation, à la préparation des bateaux et des skippers. Que ce soient sur des aspects techniques, de vie à bord, mais surtout de météo. On a des bateaux de plus en plus rapides et de plus en plus innovants. Cela ne va pas s’arrêter ! C’est une course qui reste très populaire. Elle marie des skippers très expérimentés et d’autres bien moins ; sans leur faire de l’ombre. C’est comme s’il y avait un Roland-Garros avec des joueurs très bons localement, mais qui n’ont jamais figuré dans les classements mondiaux. Je pense que le public aime bien cela. Peut-être car les gens se projettent mieux. A l’instar de tous les événements sportifs, ils vont quand même devoir commencer à s’intéresser à leur empreinte carbone et environnementale. Cela explose avec des dizaines de milliers de gens venant en voitures pour voir les bateaux avant le départ. Il faut vraiment essayer de trouver des moyens pour répondre à ces problématiques. Sinon on ne parviendra pas à faire perdurer des activités qui vont à l’encontre du bien-être collectif. Ce qu’on attend tous. Il existe des skippers qui réfléchissent par rapport à leurs bateaux. Cette réflexion va se poursuivre.

« Maintenant, il faut confirmer…»

On a beaucoup parlé de Violette Dorange révélation du dernier Vendée Globe. Quel regard portez-vous sur elle ?

Elle a 23 ans. Ce n’est pas la première fois que quelqu’un de son âge dispute le Vendée Globe. Ellen Mac Arthur à 24 ans a fait 2ème du Vendée Globe (en 2000/2001, Ndlr). Je n’ai jamais navigué avec Violette. Elle est sur une pente ascendante en termes sportif. C’est bien qu’elle ait déjà fini son Vendée Globe. Elle demeure sur une rampe de lancement. Elle veut continuer à travailler. C’est général pour tous les marins voulant entrer dans la catégorie. On commence avec un bateau plus modeste et, si on travaille, on a des chances d’accéder à des classements meilleurs.

Après, du fait de sa jeunesse, elle se situe dans l’ère des réseaux sociaux. En accord avec son manager de la communication, elle a su faire vivre de l’intérieur cette course en partageant ses émerveillements de débutante, ses premiers moments dans le grand sud, ses plaisirs, ses angoisses… Le public, ne connaissant pas bien ce que c’est, prend conscience ce qu’est qu’être skipper d’un Vendée Globe. Elle a su susciter de l’enthousiasme. Globalement, c’est bien…

Avec ce type de communication, le risque existe-t-il de pouvoir agacer ?

Que les grincheux grinchent (sic). Honnêtement, je ne vois pas ce qui est agaçant là-dedans. D’abord, tout le monde peut en faire autant. Il n’y a absolument rien de méchant dans ce qu’elle fait. Elle dégage une sorte de candeur sympathique. Elle découvre tout cela. Cependant, elle est loin d’être naïve. Heureusement, tout cela a bien été organisé. Cela va lui servir pour la suite de sa carrière.

Les médias en parlent beaucoup. Les sponsors sont très intéressés. J’imagine qu’elle va trouver facilement un gros budget. On verra par la suite, mais elle fait une carrière. C’est comme les jeunes gens talentueux dans un sport, ils se font un peu remarquer. Après, il faut confirmer. Il faut travailler. J’ai cru comprendre qu’elle allait travailler avec Samantha (Davies Ndlr). Maintenant il faut se retrousser les manches. Mais je n’ai pas besoin de le lui dire (sourire)

Que certains la comparent à la nouvelle Ellen MacArthur, est-ce justifié ?

Je le lui souhaite de tout coeur. Pour l’instant, on ne peut pas dire cela. Ellen a été 2ème. A l’instant T, Violette a été 25ème. Elle a encore du chemin à faire. Mais pourquoi pas, peut-être…

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