lundi 7 octobre 2024

J.O. Paris 2024 : exploitation, abus, arnaque… La vérité sur le prix des places

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Alors que le prix des billets pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 font polémique, Vincent Chaudel, expert en sport business nous explique tout, en répondant à 6 questions précises. 

Le prix des billets est-il plus élevés que les éditions précédentes ?

Il y a toujours un phénomène dû à l’inflation, mais les prix restent globalement dans les mêmes fourchettes. Les leviers de financement des comités d’organisations des compétitions sont importants, donc il n’est pas facile à la fois de concilier la volonté de pratiquer des prix accessibles et la nécessité d’équilibrer les budgets.

Plus de 600 euros pour l’athlétisme, ce n’est pas trop ?

La question doit être abordée de deux manières différentes : les prix pour les fans francais et les visiteurs étrangers.  Pour aller par exemple à L.A. en 2028 les étrangers auront une enveloppe les permettant de passer une semaine sur place, avec hôtel et déplacement donc le prix des billets qui paraissent cher pour les locaux sont dans l’enveloppe du voyageur. Exemple la CDM de Rugby avec les Australiens, les Néo-zélandais… Ils vont prévoir probablement un séjour qui va leur couter 10/20/30 milles euros.

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Alors ce n’est pas pour tous, mais quand on regarde un évènement comme les jeux olympiques on parle de 13 millions de billets sur la terre on est 8 Milliards. Il y a forcément plus de demandes que d’offre, donc le comité d’organisation doit à la fois prévoir des enveloppes de billet pour sa population local et des billets pour la population du monde entier. A ce niveau-là,  faut distinguer la réalité des choses, il y a belle et bien des billets a 24 euros et qu’il y a aussi des billets qui vont se vendre très cher certes mais qui trouveront preneur.

Comme pour la CDM de rugby, le sport ne se coupe-t-il pas de sa base ?

Mais tout le monde aimerait bien avoir une très belle voiture mais, à un moment donné, on prendra une voiture qui correspond à notre enveloppe budgétaire. Moi aussi j’aurai aimé avoir une place pour la finale de la CDM France Argentine. Il fallait payer l’avion la place etc… J’ai donc soutenu l’équipe de France a la télé. Oui y a des places cher mais si on ne veut pas de place chère, il faut accepter plus de sponsors ou plus d’argent publique. Il y a une économie et il faut trouver le point d’équilibre. On ne cesse de pointer du doigts les déficits des J.O. précédents, on a des J.O. qui veulent rester assez proches du budget initiale, lors de la candidature, en dessous des 7 milliards d’euros. On relève un déplacement dû notamment à l’inflation et l’évolution du pouvoir d’achat, car l’euro 2017 n’est pas le même que l’euro 2023. Grace a ces éléments là, on pourra expliquer le coût de la sécurité qui augmente. On a globalement des J.O. en France qui vont être assez proches du budget de la candidature.

Assister ou regarder du sport est-il devenu un luxe ?

Regarder du sport n’est pas forcément un luxe, mais assister a un match pourrait le devenir en fonction des catégories. Entre 1998 et 2022, pour les CDM, on est passé d’une enveloppe de prime dédies aux équipes, de 4 millions d’euros a 440 millions d’euros. La France, pour sa finale, a reçu quelque chose comme 32 millions de prime reversée par la FIFA. On multiplie alors quasiment par 100 car l’économie aussi a évolué, en termes de parrainage, droit tv…

Cet argent là retourne dans le milieu du sport, quand le FIFA donne la prime à la France c’est quasiment autant d’argent qui va être reversé dans le football amateur. Dans des J.O., il y a le CIO qui utilise ses compétitons pour lever l’argent auprès des diffuseurs, de ses sponsors, et qui va redistribuer aux fédérations internationales après. Vous avez le comité d’organisation qui, lui, doit trouver d’autres sponsors, d’autres revenus pour financer l’accueil de la compet.

Oui on peut faire plus populaire mais ça aura comme conséquence de mettre plus d’argent publique a un moment ou l’Etat, les collectivités, en ont moins qu’avant. C’est un vrai débat philosophique, car aujourd’hui il est plus difficile pour les populations de soutenir et d’accepter des investissements trop importants. Il y a vraiment un point d’équilibre à trouver entre la dimension populaire et son mode de financement. Les J.O. 2024 seront accessibles avec des premiers billets dès 24 euros mais aussi grâce à des places de offertes par l’Etat, pour les subventions et le soutien. Il y a un mécanisme de solidarité permettant de rajouter 2 euros pour les secours populaires qui offriront des places par la suite.

Et oui, effectivement a un moment donné, il y aura les billets les plus cher qui vont financer le budget des compétitons, un peu comme dans un avion avec la first, la bizness et l’éco c’est un peu le même principe.

Les places VIP (même vides) ne sont-elles pas trop privilégiées par rapport au Grand Public ?

C’est encore un autre sujet. Une distinction doit être faite, entre le solde-out, qui signifie que tous les billets sont vendues, et le fait que toutes les places soit occupées. Il est vrai que quand vous payez vous-même votre billet, vous avez tendance a vous rendre directement au stade, que ce soit une place bon marché ou pas. Quand vous êtes invité, il y a le phénomène du no-show, donc effectivement les places les plus chères sont celles des loges, peut importe l’événement. Ces loges sont prises souvent en charge par des entreprises invitant les « guest » qui viendront, ou pas, selon leur envie.  A Rolland Garros on aperçoit des sièges vides mais ça ne veut pas dire qu’ils sont absents, cela signifie juste qu’ils sont en loges.

Les 13 millions de billets trouveront preneur pour Paris 2024. Un des enjeux pour les organisateurs, c’est que les billets vendus soient occupés et c’est un vrai défi. Vivre un évènement majeur avec un stade à demi plein dégrade l’image de la compétition, donc c’est un vrai enjeu pour les organisateurs. Cela fait partie de la valeur de l’évènement.

La billetterie française est-elle « bon marché » ?

C’est vrai, j’avais fait l’étude il y a 10/15 ans avant le rachat du PSG par QSI, l’ensemble des recettes de la billetterie de la Ligue 1 était comparable au seul club d’Arsenal. Donc on se rend compte qu’il y a un décalage, mais Arsenal possède un stade de 70 000 places tandis qu’en France on a en moyenne des stades de 20/30 milles. Il n’y avait pas encore le Vélodrome, le Groupama Stadium ou la Décathlon Arena. Oui les pays de sport ont des recettes billetterie bien supérieures à ce qu’on peut voir en France. On a déjà un écart au niveau du taux de remplissage, ici c’est 70% en moyenne, alors qu’un stade allemand ou anglais c’est 95%. Quand vous remplissez un stade a 95%, vous avez une variante des prix de façon à élever le prix plus facilement que lorsque vous êtes a 70%. Si tout le monde veut des places pour OM-PSG et bien le prix de la place va monter, grâce au mécanisme de l’offre et la demande. Je pense que la France n’est pas un pays de supporters, ou alors on l’a pas démontré pleinement. on aime l’évènement sur l’instant, comme pour soutenir la France lors des grosses échéances, mais au quotidien, on a un peu plus de mal. Les francais sont un public d’événements plutôt qu’un public de supporters a l’ADN d’un club.

Si le prix augmente c’est que le marché peut le supporter d’une manière ou d’une autre. En revanche il faut garder à l’esprit qu’il y a toujours des places populaires quelque soit l’organisation.

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