OL – ST-ETIENNE (DIMANCHE, 20H45)
Très proche des Verts de la grande époque, Jacques Vendroux se rappelle d’une époque que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaitre. Mais le journaliste d’Europe 1 évoque aussi la rivalité entre les deux clubs aujourd’hui.
Personnellement, vous n’avez jamais caché votre amour pour les Verts…
J’ai toujours affiché ma préférence pour les Stéphanois. Si je suis devenu ce que je suis, c’est en partie grâce aux Stéphanois. J’ai commencé ma carrière en suivant Saint-Etienne, au début des années soixante-dix. J’ai toujours été marqué par les Verts et je le revendique. Je l’assume complètement.
Comment voyez-vous le derby aujourd’hui ?
C’est un derby qui est un peu dévalué. Tu n’as plus Aulas, tu n’as plus Rocher… T’as plus Lacombe et Larqué… Il n’y a plus de grosses personnalité. A la limite, Textor, il ne sait pas ce qu’est Saint-Etienne, et le nouveau propriétaire de Saint-Etienne, il ne sait pas ce que représente ce derby. Ce n’est pas la passion d’avant.
A l’époque, Roger Rocher disait : « En matière de football, Lyon sera toujours la banlieue de Saint-Etienne », ce n’est plus trop le cas aujourd’hui…
Plus du tout ! D’abord, tu n’a plus de grandes personnalités, d’un côté comme de l’autre.
Vous avez vécu les derbys de l’intérieur à l’époque, dans quel état d’esprit était les Stéphanois avant d’aller à Lyon ?
Ils étaient hyper motivés. En schématisant, c’était le seul match qui comptait pour eux. Ils voulaient leur mettre une raclée. Saint-Etienne voulait mettre une raclée à Lyon et Lyon voulait mettre une raclée à Saint-Etienne ! Personne ne voulait entendre parler d’un match nul, c’était une catastrophe.
Un souvenir particulier ?
Je me souviens d’un jour ou Jean-Michel Larqué a marqué un but de la tête dans un derby. Ça a tenu Bernard Lacombe fou. Il a dit à ses coéquipiers : « Mais d’où Larqué marque de la tête ?? Il n’a jamais marqué de la tête de sa vie ! ». Il vivait ça comme une humiliation.
« Avant, il y avait des joueurs exceptionnels des deux côtés. Des grosses personnalités. Aujourd’hui, il n’y en a pas »
Même les étrangers prenaient ce derby autant à coeur ?
Mais bien sûr. Je me souviens de Curko (ndlr : Ivan Curkovic, le légendaire gardien des Verts) et Piazza (Oswaldo), ils étaient remontés comme des pendules avant de jouer à Lyon. C’était la même chose pour les Lyonnais. Mais attention, à cette époque, il y avait des joueurs exceptionnels des deux côtés. Des grosses personnalités. Aujourd’hui, il n’y en a pas. Il n’y a pas un mec qui ressort, ni à Lyon, ni à Saint-Etienne.
Comment expliquer ça ?
Mais c’est l’évolution de la société qui veut ça. L’évolution de ce sport.
Cette saison, les deux équipes ont mal commencé, vous croyez que les Verts peuvent se sauver ?
Ça va être compliqué pour eux. Malheureusement, je crois qu’ils ont une équipe moyenne, comme Lyon du reste. J’ai l’impression qu’il n’y a pas beaucoup de charisme des deux côtés. Pour avoir de bonnes équipes, il faut avoir des personnalités à l’intérieur. Pour l’instant, il n’y en a pas, ni à Saint-Etienne, ni à Lyon. Cela ne se résume pas uniquement à ces deux clubs. Il y a de moins en moins de personnalités dans le foot.