Gravement blessé dans la catastrophe de Furiani, il y a 30 ans, Jacques Vendroux a toujours été contre l’abandon des matchs pour tous les 5 mai. Il nous explique pourquoi.
Les anniversaires se suivent et n’ont pas le même goût pour Jacques Vendroux. Lundi, le journaliste-éditorialiste d’Europe 1, qu’il a rejoint en début d’année après 55 ans à Radio France, a fêté les 56 ans de la signature de son premier contrat professionnel (c’était le 2 mai 1966), avant de commémorer, ce jeudi 5 mai, les 30 ans de la catastrophe de Furiani, qui, en 1992, faisait 18 morts et 2357 blessés, après qu’une tribune montée spécialement pour agrandir la capacité du stade du SC de Bastia se soit effondrée.
Un événement douloureux qui a marqué Jacques Vendroux à vie. « Tu ne t’en remets pas, tu vis avec », explique aujourd’hui, celui qui gardera à jamais ce souvenir douloureux du 5 mai 1992. « J’ai rien vu, parce que je suis tombé très vite et donc j’ai été KO très vite. J’ai très peu de souvenirs du stade. Il y avait 7 personnes à ma droite, 7 autres à ma gauche, elles sont toutes mortes ! ». Pourquoi lui s’en est-il sorti* ? La question le hantera toute sa vie.
« Pourquoi ajouter de la peine à la peine ? »
« J’attends avec impatience cette date, pour qu’elle soit vite évacué. Forcement, on va y repenser, on va en parler… Moi, j’ai toujours refusé d’en parler. J’en ai parlé une fois sur France Info il y a un an ou deux ans, j’en parle dans mon livre (« Sur un malentendu », aux éditions Michel Lafon) mais je n’ai pas envie d’en parler. Je veux bien témoigner une fois de temps, mais il ne faut pas que ça devienne un feuilleton. Parce qu’il y a des gens qui sont morts, en allant voir un match de football. Il y a des gens qui sont devenus paraplégiques ! J’étais à Furiani et j’y repense tous les jours. Quand je vois passer un handicapé, quand je suis en voiture et qu’une ambulance me double toutes sirènes hurlantes ».
Depuis 2015, plus aucun match géré par les instances françaises ne se déroule un 5 mai, « pour en faire un jour de mémoire », comme l’explique le député (corse) Michel Castellani à l’initiative du projet de loi.
Jacques Vendroux, lui, a toujours été contre cette idée. « Pourquoi ajouter de la peine à la peine ? », explique-t-il. « A l’époque, j’avais participé à une commission chargée de réfléchir sur la question. Nous nous étions rendu compte que jamais, pour aucune catastrophe, une telle décision n’avait été prise. Comme pour la catastrophe de Hillsborough (ndlr : 96 morts, le 15 avril 1989)… Pour aller plus loin encore : 13 ans après le crash du Rio – Paris (ndlr 228 morts), ce vol existe encore… ».
Une minute de silence avant OM – Feyenoord, en hommage aux victimes de la catastrophe de Furiani
Jacques, qui est à Marseille où il rencontre Pablo Longoria pour Europe 1, préfère la solution envisagée pour le match de l’OM contre Feyenoord, ce jeudi 5 mai : les Marseillais porteront un brassard noir et une minute de silence sera observée en hommage aux victimes de la catastrophe de Furiani). « C’est parfait. Pour moi, c’est le bon choix », souligne le journaliste.
Demain soir vers 21h, l’Europe entière rendra hommage aux victimes. Certains, devant leur poste de télévision, entendront peut-être parler pour la première fois du drame du 5 mai 1992. « C’est mieux que ne pas jouer et ne plus en parler », ont réagi certains sur les réseaux sociaux…
*Jacques Vendroux sera gravement blessé. Avec notamment deux vertèbres cassées, les poumons perforés, la vessie éclatée. Il passera plusieurs jours dans le coma et restera hospitalisé de longues semaines.
Non Monsieur Vendroux, il ne s’agit pas « d’ajouter » de la peine !
Il s’agit de préserver la mémoire des victimes…