mardi 10 décembre 2024

Jawad El Hajri : « Le Teqball : Une alternative solidaire au football pour répondre aux défis sociaux »

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Ancien international franco-marocain, Jawad El Hajri est désormais président de la Confédération Européenne de Teqball, un sport qui se développe à toute vitesse au point d’avoir déjà la reconnaissance du mouvement olympique, moins de 10 ans après sa création. Rencontre avec un passionné aux grandes et belles ambitions.

Il y a bientôt dix ans, Jawad El Hajri, ancien international français (3 sélections militaires) et marocain (3 sélections en A), passé par Guingamp, Boulogne-sur-Mer, Brest et le Paris FC (entre autres) mettait un terme à sa carrière et se lançait dans l’aventure du Teqball. Ce sport désormais classé « Olympique », se veut un mix entre le tennis de table et le football, mais a de nombreuses autres utilisations. Convaincu par le potentiel social transformateur du sport, Jawad joue un rôle clé dans le développement du Teqball à l’international en ayant notamment fondé la Fédération Internationale, la Confédération Européenne et la Fédération Nationale de Teqball. Son ambition : promouvoir un sport qui inspire espoir, solidarité et inclusion, tout en apportant des solutions concrètes aux enjeux sociaux en France. Il nous en parle…

A quel moment êtes-vous tombé sous le charme du Teqball ?

Cela remonte à ma rencontre avec les deux créateurs de la fameuse table incurvée (spécialement adaptée et brevetée), qui me parlent de leur projet de créer un nouveau sport et d’en faire une discipline olympique… Cela a été une évidence : j’y ai vu une forme de continuité de ce que j’avais pu vivre pendant les 18 ans de ma carrière professionnelle. Comparé au côté « élitiste » du football, avec un professionnel pour 365 000 jeunes footballeurs par génération, c’était un moyen d’offrir une solution aux 364 999 autres. 

« Nous voulons convaincre les collectivités locales de s’équiper de ces tables multisports, afin de rendre cette pratique accessible à tous »

Devenir un sport olympique ? Vous aviez mis la barre très haut…

Dès le départ, c’était notre ambition, bien que beaucoup nous ont pris pour des fous au début. Mais une fois que nous avons obtenu les premières reconnaissances officielles, les choses ont évolué. Aujourd’hui, le Teqball est reconnu comme un sport olympique, ayant obtenu toutes les validations nécessaires, y compris celle de l’Association des Fédérations Internationales. Il ne nous reste plus qu’une étape : être intégré au programme des Jeux Olympiques.

Vous parlez de sport « élitiste » avec le football, mais aujourd’hui, le Teqball n’est pas facile d’accès. Le foot, il suffit de mettre quatre plots pour faire les buts où se rendre sur un City stade, il y en a pratiquement partout…

Notre objectif est justement de rendre le Teqball accessible, comme cela a été fait pour le tennis de table auparavant avec les équipements en béton dans l’espace public. Grâce au travail colossal déployé depuis près de 10 ans maintenant, des tables ont été installées dans l’espace public de près de 1.500 communes. Tout comme les City-stades ont facilité l’accès au football, nous souhaitons que les gens puissent s’approprier le concept TEQSPORTS grâce à ses équipements en accès libre. A partir de là, ils pourront s’exercer et progresser dans la pratique. Je vous concède le fait que nous sommes encore bien loin d’avoir atteint un nombre d’équipements implantés suffisant sur le territoire. Cependant, grâce à l’Agence Nationale du Sport et son plan des 5.000 équipements, nous espérons convaincre les collectivités d’amplifier l’implantation des tables Teqball en les accompagnant avec de la formation pour leurs éducateurs. Nous devons leur faire prouver que le Teqball s’inscrit comme une alternative, offrant à la fois une réponse sportive et sociale. Avec cette approche, nous voulons convaincre les collectivités locales de s’équiper de ces tables multisports, afin de rendre cette pratique accessible à tous, tout en permettant de progresser dans plusieurs disciplines.

VOIR ICI NOTRE VIDEO SUR LE TEQBALL

Pourquoi les collectivités locales investiraient dans le Teqball ?

Je ne vois aucune raison qui freinerait une collectivité à investir dans un équipement qui propose 5 activités sur un seul et même équipement, une emprise foncière dérisoire au regard des 5 pratiques, qui est mixte, intergénérationnel et inclusif. En investissant, elles ne financent pas seulement un sport, mais cinq activités. Le Teqball n’est pas juste un mélange de tennis de table et de football : selon les règles appliquées, il permet de pratiquer le tennis, le tennis de table, le football, le handball et le volley-ball, de quoi satisfaire tous les publics. Si une collectivité doit choisir entre un City-stade à 90 000 euros et une table de Teqball à 3 000 euros, l’intérêt économique est évident.

Vous ciblez aussi les établissements scolaires ? Les collèges, les lycées…

Absolument, c’est l’une de nos priorités. Nous souhaitons que les collèges, lycées, et universités s’équipent pour que les jeunes grandissent avec le Teqball comme j’ai pu grandir avec la table de ping-pong en béton dans mes quartiers. Mais au-delà de s’équiper, notre mission à la FNTEQ est surtout de former derrière. Cet aspect est crucial pour assurer le bon développement de notre pratique.

Après les joueurs de haut niveau, vous vous tournez donc vers les amateurs…

Au départ, pour établir la légitimité et définir l’ambition du Teqball, nous avons mis l’accent sur le sport d’élite. Mais on était très conscient du fait que pour développer le haut niveau, il nous fallait une base solide. Nous avons donc orienté notre stratégie sur un développement plus organique, certes plus long mais plus solide à mes yeux. Dans ce sens, nous avons noué des partenariats, notamment avec la Fédération Française des Clubs Omnisports pour créer une centaine de sections TeqSports. Cela va accélérer notre développement en rendant accessible le concept à un plus grand nombre et surtout en formant des joueurs et joueuses qui pourront participer à des premières compétitions dites « d’amateurs », afin de se jauger sans affronter directement des joueurs expérimentés pour éviter de les frustrer dès le départ..

« Notre principal défi aujourd’hui est de nous faire connaître ».

Sur le plan national, la visibilité reste faible, on voit surtout le Teqball sur les réseaux sociaux…

C’est notre principal cheval de bataille si je puis dire. Il est vrai que la visibilité est encore très limitée, faute de ressources suffisantes. Nous devons quand même saluer ceux qui nous ont accordé leur confiance car nous avons déjà eu la chance d’être diffusés sur des chaînes comme L’Équipe TV par exemple, qui a retransmis plusieurs fois les championnats du monde. A l’échelle internationale (FITEQ), nous avons également un contrat avec Eurosport pour diffuser nos plus grandes compétitions. Cependant, notre principal défi aujourd’hui n’est pas tant de convaincre de la pertinence du Teqball, mais plutôt de nous faire connaître. Sur le plan médiatique, nous sommes encore « un bébé qui vient à peine de naître »…

Une entrée du teqball aux Jeux Olympiques serait une formidable mise en lumière…

C’est la vision de base et clairement un objectif prioritaire à l’échelle internationale, même si pour y arriver la FITEQ, fédération internationale, disposent de moyens complètement différents de ceux que nous avons en France. Pour ma part, je suis revenu à une échelle plus locale et continentale, je me concentre davantage sur le développement de la FNTEQ et de la Confédération afin de renforcer la notoriété du Teqball en France et en Europe. Nous avons d’ailleurs plusieurs joueurs français parmi les meilleurs mondiaux…

Comment sont organisées les compétitions internationales aujourd’hui ?

Nous organisons des championnats du monde chaque année, en plus de cela il y a une compétition internationale appelée WORLD SERIES pour que les joueurs compétissent durant l’année et à l’échelle continentale, nous ambitionnons d’organiser des championnats d’Europe tous les deux ans. Les derniers ont eu lieu en 2023, et les prochains sont prévus pour 2025.

Et où cela se passera-t-il ?

Ce n’est pas encore annoncé officiellement, mais la France est une possibilité. L’annonce devrait être faite début 2025.

Et au niveau national ?

Les championnats nationaux se déroulent sous forme de circuit en quatre étapes, toutes à Issy-les-Moulineaux, en raison des infrastructures disponibles. Fin octobre, nous avons organisé la dernière étape pour pouvoir sélectionner les joueurs qui représenteront la France aux championnats du monde, début décembre, au Vietnam.

Combien de clubs y a-t-il en France aujourd’hui ?

Il y en a une petite quinzaine actuellement bientôt renforcés par la centaine de sections dans les clubs omnisports début 2025.

Même si le Teqball peut s’adapter à 5 sports, son développement semble surtout lié au football…

Le Teqball est un des 5 sports du concept TEQSPORTS. Pour le football, il est vrai de dire que c’est la locomotive qui accroît la notoriété du concept. Nous avons d’ailleurs un projet que nous allons déposer auprès de l’ANS, en lien avec les clubs de football. Pour les clubs, c’est un outil exceptionnel, particulièrement pour les amateurs. Ils s’entraînent presque sans s’en rendre compte, en jouant au « tennis-ballon ». Cela nous permet d’attirer ceux qui jouent au football depuis longtemps mais qui ne peuvent pas accéder à une carrière professionnelle, à envisager d’en avoir une avec le Teqball.

10 ans après le lancement de ce sport, votre motivation est-elle toujours aussi forte ?

Absolument ! Elle est même renforcée chaque jour par l’intérêt croissant que suscite le Teqball auprès de ceux qui le découvrent. Et puis, le sport m’a appris à ne jamais rien lâcher donc je ne suis pas prêt à faire mentir cette vérité…

Rendez-vous à Issy-les-Moulineaux

Les 21 et 22 décembre, le Palais des Sports d’Issy-les-Moulineaux accueillera les meilleurs joueurs du monde pour des compétitions internationales de Teqball. Dont une réservée aux meilleurs joueurs européens. 

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