C’était à Palavas-les-Flots, ce petit coin de Méditerranée où la mer semble toujours nous regarder avec un sourire un peu moqueur, comme si elle en savait plus que nous sur le destin des hommes. Là, sur la terrasse d’un café un peu râpé, entre un ballon qui roulait sous une table et un verre de rosé qui attrapait le soleil, j’ai écouté Jean-Louis Gasset me parler durant des heures de football comme d’autres parlent de poésie ou de musique.
Et toujours avec ce sourire — un sourire de vieux complice, un peu las parfois, mais jamais amer. Un sourire de ceux qui savent. Il avait cette voix, traînante et douce, avec des inflexions du Midi qui donnaient au football des airs de fable. On aurait dit que le ballon avait poussé avec lui, entre deux rangées de platanes, là-bas, du côté de Montpellier.
Jean-Louis, c’était un homme sans éclats tapageurs mais avec une lumière continue. Il avait l’élégance rare de ceux qui ne se prennent jamais pour ce qu’ils sont. Joueur, adjoint, entraîneur, confident, il fut tout cela à la fois — et souvent en même temps. Son ombre planait sur les bancs de Ligue 1, sur les vestiaires, sur les sourires des joueurs qu’il n’élevait pas comme des machines, mais comme des hommes.
À lireMais où est donc passé Vincent Labrune ?Je me souviens aussi — et je le revois encore — de cette silhouette familière qui traînait près du petit terrain de foot planté sur le sable, juste au bord de la plage. Les enfants y jouaient des matchs du matin au soir, sans arbitre, à 3 ou à 30, avec des t-shirts en guise de maillots. Et lui, assis sur un muret, il regardait, immobile. Il ne disait rien, ou presque. Il souriait. Parfois, il commentait à mi-voix : « Regarde celui-là… il a vu avant les autres. Il y a du jeu, là-dedans. »
Il aimait ce désordre joyeux, cette vérité brute du football d’enfance.
Jean-Louis Gasset ne cherchait pas les trophées pour les vitrines, il les cherchait pour le vestiaire, pour les larmes discrètes après la victoire, pour les accolades sincères quand ça ne tenait qu’à un fil. Il avait ce sens du collectif, du lien tissé à force d’heures passées sur le terrain, ou devant un tableau noir à dessiner des schémas tactiques comme d’autres griffonnent des poèmes d’amour.
On parlait, et le temps passait. Il avait ce don rare de suspendre les horloges. Tout devenait simple avec lui. Le football, la vie, la mort peut-être aussi.
Aujourd’hui, Jean-Louis est parti.
Mais il nous laisse tout. Sa voix, son sourire, ses silences, ses complicités. Il nous laisse aussi une idée du football qui ne se mesure ni en millions ni en polémiques, mais en humanité pure. Il nous laisse cette image d’un homme droit, fidèle, profondément bon, presque à contre-temps dans un monde trop pressé.
À lireJanvier 2026 : un mois qui compte double pour les Européens de la Ligue 1Jean-Louis Gasset, toi, mon ami, tu avais cette grâce discrète des héros modestes. Tu es de ceux dont on se souviendra longtemps — pas seulement pour les résultats, mais pour les discussions à Palavas, pour ce regard franc, pour cette façon de mettre la main sur l’épaule, et de dire simplement : « Allez, on y va. »
Et nous, désormais, on ira sans toi, mais jamais très loin de ton souvenir.
Adieu, mon ami. Merci.
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Merci M. Francoeur pour ce tres bel hommage rendu à notre Jean-Louis Gasset. En effet, il était tres connu à Palavas où il venait souvent