En exclusivité, Jean-Luc Vasseur, l’entraîneur des Lyonnaises championnes d’Europe, se livre.
Un an et demi après votre arrivée à la tête des féminines de l’OL, quelles sont vos impressions ?
C’est super riche. C’est une aventure différente de ce que j’ai pu connaître auparavant. Bien sûr, ça reste du foot. On me donne les moyens de très bien travailler, que ce soit en termes de joueuses ou d’accompagnement.
« Ça reste du foot. » C’est une phrase que vous répétez souvent. Pourquoi, car on vous emmène souvent sur le terrain de la différence entre le football masculin et féminin ?
Exactement et ça m’embête. Bien sûr que c’est différent, mais cela reste du foot avec des enjeux et des incertitudes. Elles ne sont pas des déesses, elles sont humaines et il y peut y avoir des défaillances. Il faut qu’elles soient capables de se remettre en permanence en question. Je dis aussi souvent que ce sont des championnes. Auparavant, je n’ai pas eu l’occasion de gérer des champions. Elles ne négligent jamais le moindre détail, quel que soit le match.
Une question que beaucoup se posent : gère-t-on différemment un vestiaire de femmes qu’un groupe d’hommes ?
En effet, ce n’est pas pareil. C’est différent, il y a des qualités et des avantages. Il y a quelques défauts qu’il faut prendre en compte. Ce sont aussi des championnes avec des atouts différents. Mais, de toutes façons, chaque vestiaire est différent.
« A Paris, nous nous sommes battus nous-mêmes »
Mais vous évoquez quelques « qualités et avantages ». Lesquels concrètement ?
(Rires) Je le garde pour moi. Mais ce sont des choses à prendre en compte dans le management. Les gens ont raison de donner leur avis sur les managers, mais il y a plein de choses qui se passent en interne et que les personnes extérieures ne peuvent pas maîtriser.
Comment surmonter la défaite à Paris 1-0 en championnat fin novembre quand on ne perd jamais ?
A mon goût, c’est une soirée ratée par l’ensemble du groupe, staff compris. Il faut que cela nous serve. Paris n’a pas fait un grand match, nous nous sommes battus nous-mêmes sur cette rencontre. Il faut se dire que nous sommes notre propre adversaire à partir du moment où nous ne jouons pas et quand nous ne sommes pas ensemble dans le même projet. Cette défaite nous rend plus humains, mais le rythme d’une défaite tous les quatre ans me va très bien (sourire).
Il est difficile de ne se pas se dire que la crise en équipe de France féminine avec les tensions entre Amandine Henry et Corinne Diacre n’a pas pesé dans la préparation de ce choc.
Je ne peux pas vous dire que ça n’a pas impacté. A quel niveau ? On ne le sait pas et je ne veux pas que ce soit la seule raison à notre non-match.
Quelle est votre position au sujet de ces problèmes en sélection ?
C’est très compliqué. Je fais en sorte que les filles soient dans les meilleures conditions possibles quand elles partent ou quand elles reviennent. Souvent, elles sont plutôt bien quand elles partent en sélection… Elles reviennent toujours (Il coupe sa phrase). On le prend en compte, on est là pour réparer tout ça afin de rendre la joueuse la plus performante possible quand elle joue pour nous.
« On devient des chasseurs et c’est plutôt bien pour une meute de lionnes »
Le retour de la mi-mars contre le PSG est-il déjà dans toutes les têtes ?
Bien sûr. On le doit à tout le monde, au président, aux fans, au board… Il ne faut pas non plus tout remettre en question. On s’est loupés, cela arrive à tout le monde. Il faudra aussi voir si Paris est capable de faire la course en tête. On devient des chasseurs et c’est plutôt bien pour une meute de Lionnes.
Comme Rudi Garcia, vous êtes en fin de contrat au terme de la saison. Quelle est votre position ?
Vous savez, quand on est entraîneur, qu’on soit sous contrat ou pas, vous n’avez aucune garantie. On travaille sans filet et il faut en mettre le maximum dans les buts adverses. Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est mon équipe ainsi que les objectifs qu’on m’a donnés.
L’ambition, c’est de battre le record du Real Madrid des années 50 avec une sixième Ligue des Champions d’affilée.
Bien sûr que c’est un objectif très important. Ce serait une manière de rentrer encore un peu plus dans l’histoire. Mais tout le monde veut notre peau. A nous de travailler plus que les autres et d’innover afin de garder cette avance.