mardi 23 avril 2024

Jérôme Fernandez et Billère, un mariage parfait

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Le quadruple champion du monde Jérôme Fernandez est monté cette saison dans le bateau béarnais pour l’aider à poursuivre sa progression avec l’objectif de franchir la dernière marche qui le sépare encore de la StarLigue.

C’est en qualité de chef de projet du développement du Billère Handball Pau Pyrénées que le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France (1463 buts) a débuté la saison. Aussi vaste soit-elle, cette dénomination n’offre aucune prérogative sportive à Jérôme Fernandez qui définit ainsi sa fonction :

« Ma mission principale est d’aller chercher des ressources supplémentaires pour le développement du club en m’appuyant sur mes réseaux. »

Après avoir débuté comme coach à Aix pour amener le PAUC au niveau européen pour la première fois de son histoire, entre 2017 et 2020, le demi-centre légendaire avait fait une pause. Consultant pour France Télévisions lors des derniers JO de Tokyo, il était en quête d’un nouveau challenge, pas forcément que sportif. Parce qu’il souhaitait s’installer dans son Sud-Ouest natal, qu’il connaissait la nature du projet atypique du BHBPP, c’est lui qui a contacté les dirigeants béarnais.

Jérôme Fernandez passe sur le banc

« Il est déjà important de souligner qu’il n’est pas salarié du club, nous dit Julien Olek, le directeur général depuis quatre ans. Sa démarche n’est donc pas financière, de toute façon nous n’aurions pas eu les moyens de nous payer un Jérôme Fernandez ! »

Depuis son arrivée au Sporting d’Este en septembre, le Bordelais de naissance, longtemps joueur à Toulouse, et dont le frère, Arnaud a joué au club entre 2013 et 2017, observe, écoute, s’approprie l’écosystème local, découvre la spécificité d’un des plus petits budgets de ProLigue, avec la masse salariale la plus faible de tous les clubs pros français, comme un passage obligé avant d’espérer être réellement opérationnel.

« Même si vous avez un magnifique palmarès, un gros réseau, une vraie crédibilité, il faut d’abord comprendre le club car en ProLigue comme en StarLigue aucun ne se ressemble, poursuit Julien Olek. Ici, pour une agglomération comme Pau, la concurrence est exceptionnelle avec le basket en Betclic Elite, le foot en L2, le rugby en Top 14, un concours 5 étoiles d’équitation, un tournoi de tennis réputé… il faut faire avec. »

Ou plutôt sans tous ces partenaires potentiels qui préfèrent les lumières de la Section Paloise, du Pau FC ou de PauLacq-Orthez, et qui ne sont déjà pas indifférents à l’arrivée d’une légende du handball français dans la ville.

« Il est certain que sa notoriété est un atout, avoue le directeur général. A considérer que le maire, François Bayrou, en a peut-être un peu marre de nous voir avec le président Laffitte, on se dit qu’il aura plus envie de parler avec Jérôme ! »

En s’appuyant sur un réseau construit tout au long de sa carrière internationale, sur son envie de s’investir dans ce projet, de créer aussi une académie sur la Côte basque qui pourrait affiner la touche formatrice du club, Fernandez doit permettre au BHB de dépasser sa zone de chalandise habituelle, d’en faire une référence nationale.

 « Si François Bayrou en a peut-être un peu marre de nous voir avec le président Laffitte, on se dit qu’il aura plus envie de parler avec Jérôme ! »

« Sans se priver de son expertise sportive s’il le faut, il est surtout là pour nous aider à passer un cap économique car par ailleurs le club est déjà structuré à tous les niveaux. La crédibilité sportive, le savoir-faire, l’adn formation, tout ça… on a. Il nous faut maintenant plus de moyens financiers. »

Les Béarnais, qui ont « l’habitude de faire beaucoup avec peu », espèrent augmenter leur budget de 300 000 euros à l’horizon 2024 et ont fixé à la fin de la saison un premier bilan à effectuer avec leur nouvelle prestigieuse recrue.

« Tout se passe bien pour le moment et on a envie de continuer à collaborer avec Jérôme le plus longtemps possible. Mais on a cette culture paysanne bien ancrée en nous qui nous fait aussi appréhender les choses avec bon sens et pragmatisme. »

En disant ça, Julien Olek pense évidemment au départ précipité d’un autre géant du handball français, Didier Dinard, nommé manager général du Cavigal Nice Handball la saison passée, mais qui n’aura honoré qu’une de ses trois années de contrat. A Billère, la nature de la collaboration est différente, peut-être plus authentique et désintéressée, certainement pas moins ambitieuse. Elle doit permettre au Sporting d’Este, où la Brasserie vient de réouvrir comme un beau symbole, de rugir aussi fort que le Palais des Sports, le Hameau ou Nouste Camp.

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