jeudi 28 mars 2024

Arkéa-Samsic, TotalEnergies : où va signer Julian Alaphilippe ?

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Sous contrat jusqu’en 2024 avec Soudal-Quick Step, le double champion du monde n’a jamais paru aussi proche d’un départ. La perspective de le voir quitter la formation belge avant la fin de son bail est même de plus en plus sérieusement envisagée. Un retour en France semble être sa piste privilégiée.

Né à Saint Amand-Montrond il y a 31 ans (le 11 juin prochain), le plus titré et populaire des cyclistes français de la dernière décennie n’a encore jamais évolué, chez les professionnels, dans une équipe française. De ses années dans l’Hexagone, il ne reste que sa formation à l’US Florentaise, son premier club de l’Allier, et un passage d’une saison par l’Armée de Terre en 2011.

Au-delà, ses deux titres de champion de France de cyclo-cross espoirs en 2012 et 2013 n’ont pas suffi pour recevoir des propositions de formations françaises. C’est donc à défaut qu’il a été contraint de s’exiler, par la porte de la Conti Etixx-iHNed, réserve de la formation Omega Pharma-Quick Step, qu’il a débuté sa carrière, et intégré le World Tour en 2014, pour ne plus jamais s’éloigner de son emblématique manager, Patrick Lefevere.

Et dix ans après, d’être toujours là, en leader de plus en plus contesté d’une formation belge qui n’a désormais d’yeux que pour son héros local, Remco Evenepoel. Sans remettre en cause son excellent bilan et ses nombreuses victoires, l’éclosion de son jeune coéquipier, autant qu’une dynamique en nette baisse depuis son deuxième titre de champion du monde, lui font appréhender la fin de son contrat, en 2024, avec pas mal d’interrogations.

Alaphilippe sous pression

Régulièrement titillé par Lefevere, qui stigmatise sa baisse de compétitivité, la compare à son salaire important, en vient même à regretter de lui avoir permis une prolongation de contrat aussi longue, il a beau donner le change en public, campé sur une communication de circonstance, Alaphilippe se sait sur la sellette. Avant de mettre une nouvelle fois sa saison entre parenthèses, après une énième chute (sur le Tour des Flandres), il s’exprimait ainsi au micro de la RTBF :

« Mon avenir ? Je ne me pose pas la question. Mes relations avec Patrick Lefevere n’ont jamais été si tendues que ça. Il y a juste eu un effet boule de neige dans les médias car je n’avais pas forcément de résultats. Mais les relations ont toujours été très bonnes. Patrick a toujours été là et j’ai toujours fait mon boulot. Pour mon futur dans l’équipe, je ne me pose pas la question. »

Concentré sur le moment présent, il ne peut pas faire autrement que d’anticiper l’avenir et considérer qu’il vit peut-être ses dernières heures sous casaque belge. Il est surtout conscient qu’une nouvelle saison sans victoire de référence le pousserait inexorablement vers un départ parce qu’elle conforterait Lefevere dans un changement de stratégie radical entièrement tourné vers Evenepoel (qui fera le Tour de France en 2024) et les grands Tours.

Soudal-Quick Step bâtirait son équipe avec plus d’équipiers susceptibles d’aider leur leader à gagner le Tour, moins de stars très bien payées pour gagner les Classiques comme Asgreen, Pedersen, Ballerini, Merlier ou… Alaphilippe.

« Après dix ans, ça lui ferait du bien de voir autre chose »

Dans quelle mesure le Français pourrait-il profiter de cette réorientation ? Pour son ancien coéquipier, le néo-retraité Philippe Gilbert : « Après dix ans, ça lui ferait du bien d’aller voir ailleurs. J’ai été le premier à faire la même chose, parce que c’est toujours bon de changer. C’est un nouveau défi, vous voyez de nouvelles personnes, de nouvelles méthodes d’entraînement, de nutrition, du nouveau matériel, ça vous redonne un coup de boost et vous oblige à vous remettre en cause. »

Moins catégorique est Philippe Raimbaud, l’un des agents influents du peloton : « Ses contre-performances actuelles sont-elles liées à son appartenance à Soudal ? Marcherait-il mieux dans une équipe française ? Qui peut affirmer quoi que ce soit ? » A 31 ans, on peut tout de même imaginer qu’il s’agirait d’un nouveau départ, une seconde carrière à condition de rejoindre une formation ambitieuse où il jouirait d’un incontestable statut de leader avec l’objectif de rattraper le temps perdu ces deux dernières années.

En n’allant pas au bout de son contrat, il s’offrirait le luxe de se réinventer lui qui était redescendu en mai à la 169ème place du classement UCI avec une seule petite victoire cette saison, l’Ardèche Classic, le 25 février. Avant de se tourner résolument vers le Tour de France, son bilan était trop maigre pour ne pas révéler un profond malaise et le pousser à tourner définitivement la page des Wolfpacks.

Arkéa-Samsic en rêve

Avec un salaire estimé à 2,3 M€ par an, dans le top 10 des coureurs les mieux payés, peu d’équipes peuvent s’offrir le double champion du monde. En France, si Emmanuel Hubert s’est d’ores et déjà mis sur les rangs, TotalEnergies semble être sa seule autre destination possible.

Cette année, la montée en World Tour d’Arkéa Samsic a permis à la formation bretonne de changer de dimension. De là à envisager de recruter l’une des stars du peloton, il n’y a qu’un pas qu’Emmanuel Hubert s’est clairement dit prêt à franchir. Sur Eurosport, avant même que ne débute la saison, il n’hésitait pas à reconnaitre son intérêt pour Julian Alaphilippe :

« Pourquoi pas ? D’abord parce que c’est un garçon très sympathique, très attachant et qui est quand même double champion du monde en ayant porté le maillot jaune à plusieurs reprises de façon mémorable et remarquable. Dans le passé, nous en avions parlé, mais il n’était pas forcément câblé pour revenir dans une équipe française à ce moment-là. »

Désormais, les planètes pourraient vite s’aligner à condition de trouver un arrangement pour racheter une année de contrat et assumer derrière un salaire qui apparait hors d’atteinte, plus du double des émoluments d’un Barguil ou d’un Bouhanni, les mieux lotis cette saison chez les Rouge et Noir. Sachant que les deux arrivent en fin de contrat cette année, ça pourrait le faire… dans un budget à revoir à la hausse autour des 20 M€. Alaphilippe arriverait en leader charismatique capable de mettre aussi sur orbite les jeunes prometteurs Champoussin, Vauquelin, Costiou, Barré ou Louvel.

TotalEnergies, l’autre piste…

En se délestant des 5 M€ annuels du salaire de Peter Sagan, qui met fin à sa carrière sur route en fin de saison, TotalEnergies aura-t-elle pour autant les ressources financières pour attirer Alaphilippe ? Le manager français avait déjà tenté le coup en 2021 avant de s’orienter vers Sagan avec plaisir mais à défaut, son premier choix étant bien de convaincre le Français de revenir en France.

« Ce n’est qu’après avoir stoppé les négociations avec Julian que nous avons contacté Peter », nous disait Jean-René Bernaudeau il y a un an. Forcément frustré, voire déçu du bilan du sprinteur slovaque (7 victoires en deux ans), l’ancien lieutenant d’Hinault rêve de remplacer un champion du monde par un autre champion du monde.

Tom Boissy

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