En fin de contrat avec Soudal-Quick Step, le double champion du monde français se donne, à 31 ans, le temps d’une saison avant de décider de son avenir. Que l’on espère encore dans le peloton…
Pour Julian Alaphilippe, cette saison n’est pas comme les autres. Après 10 ans sous les ordres de Patrick Lefevere, le Français sait qu’il vit en 2024 ses derniers coups de pédale avec la formation belge. Le temps pour lui de retrouver la flamme qui lui avait permis de dominer le peloton mondial pour devenir notamment champion du monde à deux reprises en 2020 et 2021 ?
Car, depuis, Julian Alaphilippe semble surtout recueillir les foudres de son employeur qui ne mâche pas ses mots le concernant. Lors de la présentation de l’équipe et au moment d’expliquer l’absence de Julian Alaphilippe, son manager général expliquait que « son style de coureur impulsif, pas toujours intelligent, mais que les gens aiment » conviendrait mieux au Giro.
Une phrase qui n’a pas manqué de faire réagir, démontrant le point de non-retour de la relation entre les deux hommes qui devront encore cohabiter cet-te année. Pour Steve Chainel, consultant pour Eurosport, cette phrase signifie surtout que Julian Alaphilippe est un coureur généreux qui cherche à gagner avec la manière.
« On ne va pas retirer à Julian tout ce qu’il a réalisé. Dans un grand jour, il fait du Julian. Dans le vélo, intelligent signifie être rat (avare). Finalement, pas intelligent signifie être généreux. Julian ne va pas chercher des victoires de raccrocs, au millimètre. Le mec qu’on n’a pas vu pendant 200 km et qui attend juste la petite bosse pour attaquer. »
« Il est de la même trempe que les Mathieu Van der Poel. Le premier à avoir réalisé des performances comme ça… C’est Julian. Malheureusement, le cyclisme roule tellement vite qu’on ne peut plus être aussi généreux qu’il l’est. Sur le dernier Tour de France, on a vu sur le nombre de coups de pédale qu’il a mis devant, c’était normal de péter en premier. Il est trop généreux. Mais on l’attend comme ça et il est comme ça. On le verra toujours à l’attaque. »
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Privé (injustement) du Tour de France
Après une année 2023 mitigée, Julian Alaphilippe va enfin pouvoir se libérer même si officiellement son cousin Franck Alaphilippe ne fait plus partie du staff de l’équipe belge. Depuis sa lourde chute sur Liège-Bastogne-Liège en 2021, le Français se reconstruit physiquement pour redevenir le coureur qu’il était et qui savait prendre la mesure de la concurrence. Désormais libéré de tous les regards qui seront fixés sur Remco Evenepoel, le Français aura la liberté de refaire vibrer les gens.
Au moment de lancer sa saison, en Australie, comme à ses débuts chez Quick Step, en 2014, il n’avait pas manqué d’afficher son état d’esprit. « Je suis heureux de revenir en Australie après une décennie. L’Australie est un pays formidable, avec des fans qui aiment ce sport et vous montrent leur soutien à chaque fois. Je me souviens encore de l’émotion et de la joie que j’ai ressenties en épinglant un numéro pour ma première course avec l’équipe là-bas en 2014. J’espère connaître un bon début de saison. »
En terminant à la 6ème place du général, Alaphilippe a pu se montrer. C’est de bon augure pour la suite même si cela ne devrait pas passer par le Tour de France. Une injustice alors que Julian est le coureur préféré des Français qui en seront privés sur la Grande Boucle ! Pas de quoi inquiéter Steve Chainel qui lui voit d’autres objectifs en 2024.
« Le Tour de France est la plus grande épreuve du cyclisme mondial mais, tous les quatre ans, il y a les Jeux Olympiques. Et cette année, à Paris, il y a un parcours qui correspond parfaitement aux qualités de Julian. Au-delà de la montée de Montmartre, la descente est super technique. Tout le monde aura les yeux rivés sur Vingegaard, Pogacar, Van Aert ou Van der Poel, mais je reste persuadé qu’il peut être champion olympique. »
Alaphilippe en eaux troubles
« Ne pas faire le Tour de France, c’est une bonne option. Il aura fait le Giro. Il aura le temps de bien récupérer pour faire du bon travail derrière. Je préfère voir le verre à moitié plein que vide. Oui, le fait de ne pas le voir sur le Tour, c’est triste. En revanche, s’il nous fait la même course qu’il a faite à Rio et qu’il est récompensé d’un titre olympique… J’espère pour lui qu’il n’aura pas encore signé son nouveau contrat (sic). »
Pour l’ancien coureur, devenu consultant chez Eurosport, il ne fait aucun doute que Julian Alaphilippe sera encore présent dans le peloton l’an prochain grâce notamment aux critiques de Patrick Lefevere qui vont lui redonner un surplus de motivation.
« Je ne sais pas si je vais continuer à faire du vélo »
« S’il n’avait rien dit, peu d’équipes se seraient intéressées à Julian, en le pensant trop cher. On ne va pas hésiter à lui faire de belles offres pour lui prouver qu’on l’aime vraiment. Il va tirer profit de cette guerre qui n’en est pas. Ça va être le feuilleton jusqu’au 1er août. Julian Alaphilippe reste un coureur de classe mondiale. Il n’est plus seul sur le créneau des puncheurs. Les rivalités sont importantes. Il a mis une année pour retrouver son niveau après sa lourde chute à Liège-Bastogne-Liège. Je suis hyper optimiste. Je ne vois pas pourquoi ça ne va pas marcher. On va voir une belle et grande saison de Julian Alaphilippe. »
Pourtant, le Français a laissé sous-entendre la possibilité de prendre sa retraite lors d’une interview dans un média australien… « Pour être honnête, je ne sais pas où je serai l’année prochaine, si je vais continuer dans l’équipe ou si je vais continuer à faire du vélo. Je ne sais pas ; Je prends chaque saison comme si c’était la dernière. Je ne me dis jamais ‘putain, c’est ma dernière année de contrat’ ou ‘oh, j’ai beaucoup gagné l’année dernière donc cette année, je m’en fiche.’ J’aborde chaque nouvelle saison avec la grinta, comme si je n’avais rien gagné auparavant. Je pense toujours comme ça. »
« C’est une motivation supplémentaire interne pour lui », selon Chainel. La preuve que Julian Alaphilippe est encore motivé pour offrir de grandes émotions cette saison. Avant de penser à la suite. A nous maintenant de lui montrer notre soutien et notre affection pour lui offrir une raison de plus pour continuer.