Ancien joueur de l’OM et du PSG, Kaba Diawara a bien connu les deux clubs pour pouvoir comparer de la passion qui anime les deux villes.
Comment avez-vous accueilli les mots de Leonardo expliquant que Paris n’était pas une ville de foot contrairement à Marseille ?
C’est forcément difficile à entendre. Mais quand on reprend la phrase dans son entier et dans son contexte, il n’a pas forcément tort. Pour avoir joué dans les deux clubs, je me rappelle qu’à Paris on recevait des invitations pour tout et pour rien. On pouvait aller dans des spectacles, on recevait des bouquins, des places de cinéma pour les avant-premières. A Marseille, ce n’est pas le cas. C’est toi qui dois aller voir les groupes de supporteurs. C’est plus centré sur le foot. Paris, c’est la ville lumière, la capitale de la France, il y a d’autres centres d’intérêt. A Marseille, le premier truc que l’on voit c’est la Bonne Mère et le stade Vélodrome. Mais en tant que dirigeant du PSG, c’est moyen de le dire. Mais le club est encore jeune. S’il y avait un deuxième club à Paris, ce serait peut-être différent. Ce n’est pas le cas. Dans l’histoire du foot français, il y a eu trop rarement deux clubs parisiens en première division. Est-ce que la France est prête à avoir un club de l’envergure du PSG ? Je ne suis pas sûr. A Marseille, tout est centré autour de l’OM. On ne te laisse rien faire en dehors du foot.
Marseille est donc le club populaire par excellence…
(Sourire) Même en allant acheter le pain, les mamies vous parlent du résultat de la veille. On ne peut pas aller se balader. Encore plus si on perd. On t’oblige à rester focalisé sur ton rôle de footballeur de l’OM. Ça veut dire que les supporteurs sont derrière toi. Il y a une vraie passion dévorante. A Paris, il y a des tentations possibles. Il est plus facile d’aller en soirée.
Paris peut-il gagner ce côté populaire ?
En rappelant régulièrement l’histoire du club et en mettant des anciens à des postes stratégiques, mais aussi en faisant confiance à des joueurs symboles comme Presnel Kimpembe aujourd’hui. Cela aurait pu être Mamadou Sakho, Adrien Rabiot ou encore Blaise Matuidi. A chaque fois qu’un jeune sort du lot, il est toujours vendu. Dans les grands clubs comme Milan ou le Bayern, il y a des joueurs issus de la formation. Ils font toute leur carrière au club comme Philippe Lahm ou Paolo Maldini. A Paris, on ne leur permet pas de s’épanouir. Il faut savoir faire confiance aux jeunes et les faire progresser.
« On voit des maillots du PSG qui se baladent sur le Vieux Port »
Pour avoir joué dans une capitale comme Londres et dans des clubs comme Arsenal ou West Ham, la ferveur était-elle similaire à ce que l’on peut trouver à Paris ?
J’ai pu voir qu’un club comme West Ham est beaucoup plus chaud qu’Arsenal. Quand on était à Highbury, ça poussait plus qu’à l’Emrates. C’est le stade en Angleterre où les places sont les plus chères. Ce sont maintenant des spectateurs qui y vont. Les joueurs arrivent moins à se transcender. A Paris et à Marseille, on est poussé par les supporteurs. Venir au Parc et au Vélodrome, c’est quelque chose.
Pensez-vous que la nouvelle génération pourra s’identifier un peu plus au PSG dans les années à venir ?
C’est déjà le cas depuis quelque temps. On voit des maillots du PSG qui se baladent sur le vieux port. Avant, ce n’était pas possible. En faisant venir des stars, Zlatan (Ibrahimovic) en premier, c’était un déclencheur. Maintenant Neymar et Mbappé vendent des maillots à Marseille. Mais on aime détester le PSG en France. C’est le grand contre le petit. C’est dans la mentalité française. On préfère supporter le petit par rapport au grand. Le PSG aura du mal à rentrer encore dans le cœur des Français. Une victoire en Ligue des Champions pourrait changer la donne, mais j’en doute.