vendredi 17 janvier 2025

La chronique tactique de Noël Tosi : comment le coach peut influencer l’arbitrage !

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La troisième chronique de Noël Tosi* n’est pas franchement tactique à proprement parler. Elle est consacrée à l’arbitrage, et plus spécialement, à l’influence de l’entraîneur sur l’arbitrage…

Je vais faire une révélation qui risque d’en faire sursauter plus d’un, mais l’emprise d’un coach sur son groupe, sur son équipe dépend aussi de sa façon d’arbitrer les jeux et les oppositions à l’entrainement. En effet votre façon d’arbitrer va conditionner votre pouvoir et votre contrôle sur le groupe que vous entrainez !

Si vous êtes laxiste dans votre arbitrage ou si vous laissez arbitrer l’adjoint, qui lui va s’en prendre plein la tête, ne vous étonnez pas des réactions de vos joueurs en match, car elles seront identiques à celles que vous n’avez pas gérer à l’entrainement.

L’entraîneur donne le ton

L’entraineur moderne doit savoir se saisir de tous les éléments d’un match pour pouvoir le gagner. C’est lui qui crée l’état d’esprit de ses joueurs, c’est lui qui provoque l’attitude de ces derniers par rapport à l’arbitrage en match.
 Pour cela, il faut que l’entraineur principal donne le ton et gère les attitudes de ses joueurs.

Par exemple : on a tous connu le joueur qui, lorsqu’une faute est commise sur lui, s’arrête de jouer et lève les bras au ciel. En match cette attitude peut être rédhibitoire et les conséquences parfois très importantes dans le jeu (but encaissé sur la contre attaque, énervement de l’arbitre par rapport à l’attitude négative du joueur, qui peut être pris en grippe etc etc…..). L’entraineur peut gérer positivement ce genre de situation en les sanctionnant au niveau des entrainements.

Une autre particularité qui agace les coaches que nous sommes, ce sont les contestations permanentes dans les jeux d’entrainement. Là aussi c’est de votre faute si ces contestations se répercutent en match car vous ne pouvez pas accepter que les joueurs se cherchent des excuses en permanence…Les excuses sont des signes de faiblesses en football. Il faut aussi habituer les joueurs à accepter les erreurs d’arbitrage, l’arbitre ne peut pas tout voir.

Créer l’état d’esprit propice à un arbitrage positif

Evidemment ces constats sont bien beaux ! Mais ce ne sont que des constats. Quelle attitude doit avoir le coach aux entrainements ?
Intraitable ! L’entraineur doit tout voir, tout gérer, il doit créer l’état d’esprit propice à un arbitrage positif. Attention je ne parle pas ici d’arbitrage avantageux, non ! Je parle du climat dans lequel peut se dérouler un match malgré les enjeux. Supprimer les contestations des jeux d’entrainements est une arme indispensable à provoquer la chance en match. Comment ?

Si les contestations sont incessantes pendant les entrainements, supprimez les jeux et remplacez-les par une séance de préparation athlétique de « derrière les fagots », une séance qu’ils n’oublieront jamais. Je peux vous certifier que vous avez supprimé les contestations d’arbitrage pendant au moins trois mois.

Dans le même ordre d’idées, l’entraineur doit parfois arbitrer à contre sens si une faute est pour les Bleus, sifflez là pour les rouges et attendez les réactions ! Plus votre emprise sera grande sur le groupe, plus votre personnalité sera forte plus les joueurs seront à même de respecter des décisions anachroniques et injustes. Vous formerez ainsi vos joueurs à être plus concentrés sur le jeu et moins sur l’arbitrage qui est la principale excuse des protagonistes d’un match, surtout lorsque ce dernier est perdu !

Utiliser l’humour

Toutefois vous pouvez exprimer avec humour que vous arbitrez de cette façon, pour que le groupe puisse s’habituer à des vents contraires durant l’arbitrage d’un match. Les joueurs vous diront « Coach vous êtes le pire des arbitres ! »
 Et vous leur direz : « C’est pour que vous vous concentriez seulement sur le jeu. »

De l’attitude de vos joueurs dépend le déroulement arbitral d’un match, l’arbitre doit être aider, encourager et cela sera d’autant plus facile si vous avez préparé vos joueurs à avoir une mentalité irréprochable en match.
Vous doutez de mes propos ? Je peux vous certifier que l’attitude vos joueurs sur le terrain sont autant de points positifs pour vous permettre de gagner les matchs.

Pour ma part j’ai gagné deux fois le prix du fair play, grâce à mes attitudes envers les arbitres. Une première fois avec Gueugnon dans un match contre Beauvais entrainé à l’époque par Jacky Bonnevay. L’arbitre central avait sifflé trois penalties contre nous, et nous avions été battu à domicile trois à deux. A la fin du match, nous avions offert le champagne aux arbitres, ce qui était une tradition à Gueugnon.

Mais les arbitres ne le savaient pas… et tout ça sous les yeux d’Eurosport, ce qui m’avait valu de recevoir ce trophée du fair play. La deuxième fois était beaucoup plus drôle. Dans un match Le Mans – Angers. J’étais entraineur d’Angers et Daniel Jeandupeux entraineur du Mans.

Comment j’ai pu éviter deux rouges pour mon équipe…

Un de mes défenseurs, Jérôme Sonnerat, prenait 20 mètres d’élan pour aller couper en deux un joueur du Mans, qui partait seul au but le long de la ligne de touche. Jérôme taclait les deux pieds en avant et … loupait le joueur qui partait tout seul vers mon gardien devant mon banc. Je ne sais ce qu’il me passait alors par la tête, j’entrais alors sur le terrain et l’attaquant Manceau percutait mon épaule et se retrouvait au sol.Je voyais alors, l’arbitre se précipiter vers moi. J ‘allais être expulsé ! Avec mon joueur.

C’est alors que me vint une idée, je me précipitais vers Jérôme Sonnerat , je le prenais par l’oreille et je le sortais moi même du terrain au moment même ou l’arbitre se précipitait sur nous. Je disais alors à l’arbitre « Monsieur l’arbitre , laissez moi régler ça … et j’invectivais Jérôme, en lui disant : « C’est un scandale de tacler les deux pieds en avant … Laissez moi faire Monsieur l’arbitre je le sors immédiatement (toujours en tenant mon joueur par l’oreille) ».

L’arbitre, décontenancé, ne savait que faire, surtout que son juge de touche lui disait « Bravo c’est un vrai geste d’éducateur ! ». 
L’arbitre a sortit un carton jaune ! Pour … mon joueur que je remplaçais aussitôt par un autre joueur.
 Je n’étais pas très fier de ce que j’avais fait, mais j’avais surtout empêcher mon équipe d’encaisser un but en contre. 
Que ne fut pas ma surprise de voir, quelques temps plus tard que j’avais à nouveau gagné le prix du fair play de Ligue 2, pour ce fait.
 Et celle là je ne peux que la raconter qu’aujourd’hui.


Bien sûr, j’ai été comme les autres coachs, j’ai critiqué l’arbitrage, j’ai râlé, pleuré, contesté… mais avec l’expérience je peux vous certifier que la façon d’arbitrer les séances d’entrainement vous permet d’avoir votre emprise, votre main sur le groupe, et certainement influencer l’arbitrage en match.

*Premier technicien français à avoir entraîné aux Etats-Unis, Noël Tosi a commencé sa carrière sur un banc à l’âge de 27 ans. Passé par Grenoble, Nîmes, Gueugnon, Arles-Avignon, Angers et Cherbourg (entre autres) en France, il a aussi été sélectionneur du Congo et de la Mauritanie.

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