Capitaine de l’AS Béziers, l’ancien international algérien Mehdi Mostefa fait partie des voix qui s’élèvent pour crier à l’injustice face à l’arrêt du championnat de National 2.
Le joueur passé par Nîmes, Ajaccio, Lorient et Bastia dénonce une façon « incompréhensible » de gérer le problème, regrettant que les joueurs de National 2 soient considérés comme de simples amateurs qui font du foot un loisir pour le plaisir, sans rapporter de l’argent à la Fédération…
On vous a senti très agacé par l’arrêt du championnat de National 2…
Oui, on est agacé parce qu’on a l’impression d’être pris pour des joueurs qui font juste du football pour leur loisir. Mais aujourd’hui de nombreux joueurs, comme nous à Béziers, sont des semi-professionnels. Nous ne faisons que ça…
« Quand la Ligue 1 et la Ligue 2 s’arrêtent, vous pouvez comprendre, mais là, c’est incompréhensible ! »
Vous vous considérez quasiment avec le même statut que les joueurs de Ligue 1, Ligue 2 ou National…
Comme eux, pour beaucoup, c’est notre métier et on a du mal à concevoir que nous ne sommes pas considérés de la même manière. La saison dernière, sans entrer dans le débat de savoir s’il fallait arrêter ou pas, tout le monde était à la même enseigne. Quand la Ligue 1 et la Ligue 2 s’arrêtent, vous pouvez comprendre, mais là, c’est incompréhensible !
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Et en plus, on nous laisse dans le flou le plus total. On va reprendre et jouer au moins les matchs aller ? On ne reprendra pas et ce sera une saison blanche ? Des play-off ? Il faut savoir que pour certains clubs, comme à Béziers, le protocole sanitaire est plus stricte que dans beaucoup de clubs de National.
D’ailleurs, vous avez joué des matchs amicaux, avec une application stricte du protocole, comme pour la Ligue 1…
On a joué quatre matchs amicaux (ndlr : hier Béziers jouait contre la réserve de Montpellier). On fait un test avant, on joue, on rentre chez nous… Tout se passe bien.
C’est d’ailleurs comme ça que plusieurs clubs de National 2 ont pu, ou peuvent encore, participer à la Coupe de France…
A partir du moment où on arrive à faire jouer la Coupe de France, avec parfois des clubs de R1 (ndlr : Régional 1, 6èmeniveau national), pourquoi ne pourrait-on pas au moins terminer les matchs aller de notre championnat ? Il reste six matchs !
« On sait que c’est possible de jouer, c’est pour cela que nous sommes en colère. »
La fédération a obtenu une dérogation pour que les clubs amateurs puissent jouer la Coupe de France, mais visiblement ça n’ira pas plus loin…
C’est une question d’argent. Le championnat de National 2 ne rapporte rien. Même pas aux clubs quand les tribunes sont vides, donc pourquoi reprendre, se disent les gens en costumes à Paris !
Vous regrettez le manque de cohésion des clubs de National 2 aujourd’hui ?
C’est le principal problème. Si au moins il y avait un collectif… une union sacrée pour demander la reprise. Mais non, chacun voit midi à sa porte… Bien sûr, nous, nous sommes leaders et on vise la montée, donc on veut reprendre, c’est compréhensif. Mais il n’y a pas que ça.
Vous avez 37 ans, on vous vole vos dernières années de joueur…
Pas seulement moi. Une carrière de joueur, c’est environ sept ans à votre meilleur niveau. Aujourd’hui, en National 2, il y a plein de jeunes joueurs très prometteurs qui peuvent espérer aller jouer plus haut, faire une carrière… mais là, ils perdent deux ans de leur vie de footballeur à un moment capital. Beaucoup vont rester sur le carreau.
Pour ton cas personnel, tu vas être obligé de continuer, tu ne peux pas t’arrêter sur deux saisons pourries ?
Ça m’embêterait, oui… Surtout que je me sens bien et que j’ai encore envie. J’aime bien le rôle que j’ai aujourd’hui au près des jeunes notamment. Avec mes moyens, j’essaye de les aider, les entourer du mieux possible.
Objectivement, tu penses rejouer des matchs officiels cette saison ?
Il y a peu de chance, mais c’est possible. Jouer au moins les six derniers matchs aller pour que tout le monde ait rencontré tout le monde. On sait que c’est possible, c’est pour cela que nous sommes en colère.