Huit fois champion de France – troisième club le plus titré derrière Montpellier et le PSG – Ivry n’aura passé qu’un an en Proligue. Une Proligue (2ème Division) que le président de l’US Ivry Handball François Lequeux n’estime pas assez mise en avant.
Cette descente était-elle finalement juste un accident pour Ivry ?
En tout cas, c’était malvenu et j’espère que ça restera un accident dans le temps. Et surtout ça n’arrive pas souvent de jouer 11 matches en 5 semaines, surtout quand on a le plus petit budget… Quand on fait le choix politique de faire jouer 11 matches en 5 semaines à une équipe comme la nôtre, indirectement on fait le choix de la condamner. C’est pensé et prémédité.
Au profit de qui ?
Je ne sais pas, mais c’est souvent au profit des mêmes. En tout cas, des choix ont été faits la saison dernière qui ont condamné le club d’Ivry. La logique n’est pas la bonne. On cherche à tout prix à protéger les clubs européens pour pouvoir être performants sur les Coupes européennes, en pensant que ça va générer des retombées pour tout le monde. Une année, on a eu le PSG, Nantes et Montpellier au Final Four, avec Montpellier qui gagne et, à l’arrivée, ça n’a pas eu de retombées pour des clubs comme les nôtres. A Ivry, on n’a pas besoin de médailles. On les a déjà. On est 17 fois champion de France filles et garçons. L’histoire, on la connaît. C’est fait pour décorer les polos, mais ce n’est pas ça qui va faire développer le handball. Quand on voit l’équipe de France depuis 20 ans, ça aide en termes de renommée, mais concrètement ça se traduit comment ? Les droits télés n’ont pas bougé. Le modèle économique de développement ne peut pas être que l’Arena avec des partenariats public-privés. La saison dernière, on a dû tordre le championnat pour que Cesson joue le jeudi, parce que le vendredi Jennifer ou une autre starlette passait à l’Arena ! Le modèle économique d’Aix n’est pas non plus hyper stable puisqu’ils doivent louer à des prix mirobolants leur Arena. En Ile de France, avec la concurrence en termes de spectacles sportifs et culturels, le modèle économique des Arenas tels que le pensent la LNH et la Fédé est complètement inapproprié aux clubs d’Ile de France. Il n’y a pas ce public.
« La LNH ne communique quasiment pas sur la Proligue alors qu’elle se prétend être une Ligue de 32 clubs, mais qui finalement est centrée sur la Starligue voire même le Top 6 de Starligue »
Qu’avez-vous pensé de cette Proligue ?
En tant que président, je ne connaissais pas la Proligue. J’ai pu voir des choses sur la structuration et sur la LNH qui ne communique quasiment pas sur la Proligue alors qu’elle se prétend être une Ligue de 32 clubs, mais qui finalement est centrée sur la Starligue voire même le Top 6 de Starligue. C’est dommage en termes de développement.
Que voudriez-vous que la LNH fasse de plus concernant la Proligue ?
Il faut absolument que les matches soient diffusés pour que les clubs puissent se développer. Il faut surtout que la LNH mette des moyens pour développer la Proligue. La LNH doit être globale. Ça ne peut pas être le jour et la nuit à ce point-là. On ne peut avoir une communication centrée sur les six clubs européens. Il y a des publics formidables en Proligue ! Sélestat, ça sent, ça vit le handball. Des clubs ont aussi besoin d’un coup de pouce et pas forcément avec le bâton d’un cahier des charges.
L’instauration de play-off pourrait redistribuer les cartes et mettre un peu moins en situation de monopole le PSG, non ?
Pourquoi l’impose-t-on en Proligue et pas en Starligue ? Toute la direction politique de la LNH est noyautée par les clubs européens avec une stratégie centrée pour les clubs européens pour les protéger. La Coupe de la Ligue a été supprimée donc ce n’est pas un problème de calendrier. Peut-être que quand Monsieur Tebib (Nîmes, Ndlr) ne sera plus européen, il acceptera de faire bouger les choses. Mettons en jeu les places européennes à travers des play-off, ça va générer plus de suspense, ça va ouvrir et ça va donner la chance à plus de clubs. C’est quoi l’intérêt d’avoir un PSG qui écrase tout et qui est assuré de gagner tous les matches ? Il est où l’intérêt sportif et le spectacle ? Faisons des phases finales comme en rugby !
> Retrouvez son interview le 25 mai dans Handball magazine, le seul magazine consacré au hand en France