lundi 17 mars 2025

Le déclassement de l’AS Roma décrypté

FC PORTO - AS ROMA (21H)

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FC PORTO – AS ROMA (21H)

Seulement 15ème de la phase de Ligue de la Ligue Europa, 9ème en Série A, à 9 points du top 5, l’AS Roma n’est plus un club phare en Italie, et encore moins en Europe. On vous explique pourquoi.

Historiquement, la Serie A a toujours été dominée par les trois clubs du Nord de l’Italie : la Juventus avec 36 titres, l’Inter Milan avec 20 titres et l’AC Milan avec 19 titres. Cependant, l’AS Rome est dans une situation presque catastrophique depuis plusieurs années au vu du prestige que revêt ce club et de son superbe Stadio Olimpico. Il faut remonter à la saison 2019/2020 pour trouver les Romains dans le top 5 en Série A. En commençant la saison 2024-2025 avec trois entraîneurs en trois mois, le club de la Ville Éternelle est très loin de ses ambitions, encore une fois…

I – Une passion à double tranchant

L’Italie est caractérisée par une passion folle pour le football, et lorsqu’on supporte un club, cela signifie bien souvent détester tous les autres. L’AS Rome est le club le plus populaire de la capitale italienne. Né dans les quartiers populaires de Rome, la passion et les émotions au sein de cette ville sont irrationnelles, ce qui peut être à double tranchant. Chaque victoire et accomplissement promet une célébration folle, comme lors du dernier Scudetto (victoire en Serie A) en 2001, qui avait réuni près d’un million de Giallorossi. Mais lors des débâcles ou des mauvaises périodes, tout s’intensifie, faisant du club une véritable bombe à retardement, difficile à rattraper pour la direction et les joueurs. 

Cette passion est ancrée dans la culture romaine, et plus largement italienne, mais elle peut desservir le club dans le sport. Les supporters de la Roma exercent une telle pression sur les résultats du club que cela peut parfois inhiber leurs propres joueurs et créer de nombreuses tensions. Certains joueurs ou entraîneurs peuvent être célébrés comme des dieux vivants, puis, après quelques défaites, devenir la cible de haine et d’insultes. À Rome, il n’y a qu’un pas entre l’amour et la haine.

II – Une pression folle

La pression dans ce club est démentielle et bien au-dessus des standards qu’un club comme celui-ci devrait avoir. Olivier Dacourt, international français ayant joué plus de trois années à Rome, déclare : « Le mec qui réussit à Rome, il peut réussir partout. Les gens sont passionnés, ils nont que ça et vivent pour leur club, il y a une pression incroyable ». Pour lui, la pression n’est supérieure qu’au Real Madrid, car à l’AS Rome, les gens et la ville vivent en partie pour le club. Les journalistes et les radios spécifiques au club sont nombreuses. À titre d’exemple, l’AS Rome détient le seul quotidien au monde dédié à un seul club : Il Romanista. De la folie. Beaucoup d’experts et de dirigeants du club ont dénoncé cela et pensent que ce trop-plein de médias nuit à la sérénité et aux bons résultats du club. Ce bruit incessant autour du club empêche ou freine les projets à long terme et peut vite faire dérailler un joueur ou un entraîneur.

III – Des changements de coach trop fréquents

Ce que l’on a expliqué auparavant justifie en partie ce qui découle d’une mauvaise gestion et d’une absence de vision à long terme, souvent due à la passion émanant de ce club. On peut notamment citer les changements très fréquents d’entraîneurs. Depuis 2004, le club a changé 20 fois d’entraîneur, soit presque une fois par année. Sur les sept dernières années, et depuis la dernière fois que Rome a terminé sur le podium du championnat (3ᵉ en 2017-2018), le club a changé six fois d’entraîneur. Cette absence de continuité empêche le club de développer une identité et un plan de jeu sur le long terme.

L’arrivée du Friedkin Group, avec Dan Friedkin à la présidence du club en 2020, devait rattraper les déboires financiers de son prédécesseur James Pallotta (2012-2020). Alors, la nomination de José Mourinho comme entraîneur avait réussi à redonner de la crédibilité au projet, à créer un enthousiasme bénéfique au club et à relancer une dynamique positive. Cela avait d’ailleurs permis au club de remporter la Ligue Europa Conférence en 2022. Malgré de bonnes périodes, le club s’est encore montré trop instable, et tout a fini par imploser. Mourinho, décevant en championnat, a fini par quitter le club.

IV – Mauvais recrutement et absence de cadres

Le club de la Louve n’a jamais réussi à regagner un championnat depuis 2001. Ils ont fini à plusieurs reprises dauphins lors des années 2010, écrasés par une Juventus hors de portée. Mais depuis 2018, le club n’a jamais fait mieux qu’une cinquième place en championnat. Cette dégringolade peut s’expliquer par un retour au meilleur niveau des grands clubs italiens, mais pas uniquement.

Le club n’arrive pas à monter une équipe ambitieuse et régulière. Plusieurs recrutements ont pourtant tenté de rendre l’équipe performante. On peut penser à Nzonzi (26 millions d’euros) ou Patrick Schick (42 millions) : de grosses dépenses sans retour sur investissement, ce qui handicape grandement le club. Les classements catastrophiques et l’absence prolongée en Ligue des Champions (dernière participation en 2018-2019) empêchent également le club de recruter des talents dans la force de l’âge.

Les Rouges et Pourpre ont souvent été caractérisés par des cadres emblématiques, qui étaient de véritables symboles du club et même de la ville. On pense évidemment à Francesco Totti et Daniele De Rossi. Maintenant, aucune figure ne porte ce club. Lorenzo Pellegrini, enfant du club devenu capitaine, n’a jamais réussi à porter le club sur ses épaules, ce qui explique les critiques dures qu’il reçoit. C’est un joueur ultra-talentueux qui devrait comprendre l’exigence autour de ce club et la déception des supporters mieux que quiconque, mais ce n’est pas suffisant pour qu’il parvienne à transcender cette équipe des Giallorossi.

V – Une reprise financière encore inefficace

La reprise du club par le Friedkin Group a été sérieuse. Ils ont mis de l’argent et ont réussi à redresser en partie les finances du club, avec un déficit bien moindre que sous la présidence précédente. La vente de produits dérivés autour du club et les recettes des matchs ont augmenté, tandis que la masse salariale a été réduite. Cependant, cela ne se traduit pas encore par de gros recrutements, ou du moins des recrutements efficaces, qui feraient évoluer le club et lui permettraient de retrouver le plus haut niveau européen.

Après un début de saison catastrophique, l’enfant du club Claudio Ranieri est revenu pour tenter de sauver le club et limiter la casse. Il devrait ensuite occuper un rôle important dans la gestion des Giallorossi. Pour lui succéder cet été et faire table rase de cette année catastrophique, le club italien pense à Carlo Ancelotti, ancien joueur du club. Avec les nombreuses rumeurs circulant sur son remplacement à la tête du Real Madrid, les Romains espèrent grandement attirer le très expérimenté Ancelotti sur leur banc pour essayer de relancer l’équipe et tout un club après de nombreuses années difficiles.

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