La retraite internationale d’Antoine Griezmann a libéré un poste stratégique chez les Bleus, celui de meneur de jeu, axial ou excentré, pour un profil qui correspond à celui de deux joueurs prêts à assumer la relève. A l’horizon de la Coupe du Monde 2026, entre Nkunku et Olise, le match ne fait que démarrer.
Christopher Nkunku
Technique : 8/10
Il doit sa fluidité technique et son élégance balle aux pieds à une grande souplesse de sa cheville, qui lui permet de tenter et de réussir souvent des gestes qui sortent de l’ordinaire. Ainsi, ses dribbles, ses passes et son jeu dans les petits espaces sont des points forts qui lui permettent d’être efficace dans des zones de terrain surchargées.
« Techniquement, il est hors norme, nous dit Patrick Guillou, le consultant beIN SPORTS qui l’a souvent vu évoluer pendant ses années Bundesliga. Grâce à son bagage technique, il est capable de se mettre dans le sens du jeu, de trouver des espaces, d’être efficace aussi bien dans la finition que dans la dernière passe. »
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Mental : 7/10
Sa nonchalance, l’impression de facilité qui se dégage de ses initiatives laissent faussement penser qu’il est un dilettante préférant le beau geste à l’efficacité. Ses statistiques prouvent le contraire, la manière avec laquelle il revient de ses blessures également. Car la résilience fait partie de sa vie. « Je suis passé par des moments difficiles psychologiquement »disait-il en marge d’un rassemblement en équipe de France en octobre. « Je n’avais jamais été blessé aussi longtemps, ça m’a appris à mieux connaitre mon corps, à être plus patient et, au final, à être plus fort dans ma tête. »
Physique : 6/10
Sa fragilité physique incarnée par un genou récalcitrant lui a fait perdre beaucoup de temps. « J’ai un jeu qui nécessite beaucoup d’explosivité donc il faut que je sois au top pour pouvoir m’exprimer. »Au top physiquement, il ne l’a été qu’en 2021 et 2022, ce qui lui avait permis de valider son choix de quitter un PSG où il n’imaginait pas pouvoir s’imposer. Car pour trouver son rythme, il a besoin de beaucoup jouer, d’accumuler du temps de jeu, seul moyen d’améliorer son cardio pour être suffisamment lucide dans sa zone de vérité, celle où doit parler sa créativité.
Intelligence de jeu : 8/10
« Il sent les coups, est très bon dans le jeu de transition et son registre s’est enrichi avec l’expérience pour lui permettre d’être en capacité de mener le jeu, d’en assumer la responsabilité »(Patrick Guillou). Formé au milieu de terrain, Christopher aime se définir comme
« un joueur offensif, pour être au début et à la fin des actions, dans les espaces où il se passe des choses. »C’est donc au cœur du jeu qu’il excelle, là où il peut exploiter sa vision des choses. « J’ai joué à pas mal de postes, nous disait-il en 2020, même défenseur latéral où j’ai pu voir le football sous un autre angle, comprendre la problématique d’un milieu, d’un défenseur. »Depuis, c’est en se mettant à la place des autres qu’il renforce la sienne.
Expérience :7/10
Dans son club formateur, au début de l’ère qatari du PSG, sans avoir réellement eu sa chance, il a tout de même pu engranger trois titres de champion de France (2016, 2018 et 2019). Mais c’est surtout au RB Leipzig qu’il a trouvé un meilleur contexte à son épanouissement dans une Bundesliga où il fut élu meilleur joueur en 2022, et co-meilleur buteur en 2023. Deux fois vainqueur de la Coupe d’Allemagne (2022 et 2023), fort de quatre campagnes de Ligue des Champions, dont une jusqu’en demi-finale (2020), Christopher a fait l’objet d’un transfert de 60 M€ en 2023 pour s’engager à Chelsea jusqu’en 2029, mais sans encore avoir vraiment pu s’y exprimer en raison d’une blessure à un genou qui l’obligea à déclarer forfait pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar et qui explique son faible nombre de sélections (14).
Marge de progression : 5/10
Longtemps en déficit physique pendant sa formation, il a largement rattrapé son retard à Leipzig ce qui lui a permis de gagner également en confiance comme un cercle vertueux qui s’auto-alimente et lui permet de redevenir, à 27 ans, une alternative à Griezmann en équipe de France. A condition de s’imposer à Chelsea où son début de saison n’était pas conforme à ses ambitions, avec un coach, Maresca, qui n’en faisait pas sa priorité.
TOTAL : 41/60
Michael Olise
Technique : 8/10
Sa technique de gaucher lui permet toutes les improvisations techniques, celles qui débouchent de plus en plus souvent sur des buts ou des passes décisives. Soyeux, son toucher de balle est l’un des plus purs du moment, un régal pour les yeux. Sa qualité de passe le rend redoutable à l’approche de la surface adverse, autant que la puissance et la précision de ses frappes, notamment sur les centres ou les coups de pied arrêtés dont il s’est fait une spécialité dès son arrivée au Bayern.
Mental : 8/10
Le Franco-britannique d’origine nigériane et algérienne ne laisse pas de place au doute. La manière avec laquelle il s’est intégré dans le si redouté vestiaire bavarois illustre cette confiance en soi qu’il trimballe depuis ses plus jeunes années, à Chelsea, City, Reading ou Crystal Palace, aujourd’hui au Bayern, comme une évidence qu’il vit avec beaucoup de sérénité.
Physique : 7/10
Son apparence longiligne (1m84) et sa nonchalance naturelle tranchent avec la tonicité de son jeu et la vivacité de ses gestes. Car s’il n’est pas le plus rapide, si la vitesse n’est pas son point fort, il compense en étant très réactif et impliqué, capable de résister aux chocs. Sa corpulence physique lui permet de faire barrage à l’adversaire pour bien protéger son ballon et être aussi à l’aise dos au but pour être un appui solide, un relais dans le jeu aérien.
Intelligence de jeu : 7/10
« Face à la concurrence de Gnabry, Coman ou Sané, son implication dans la récupération du ballon a été un atout important qui lui a permis de jouer immédiatement, analyse Guillou. Parce qu’en plus, il a vite montré qu’il était capable de déstabiliser les défenses sur une passe, un geste, une inspiration technique, par la justesse de son jeu. »Ses cinq buts et ses trois passes décisives lors de ses six premiers matchs témoignent de son adaptation, un vrai signe d’intelligence.
Expérience : 5/10
De ses trois années de Premiership à Crystal Palace, après avoir été formé à Chelsea et avoir découvert le haut niveau à travers le prisme du Championship, à Reading, Michael Olise a surtout prouvé qu’il était, à défaut de buteur, un joueur de plus en plus décisif. Car niveau palmarès, il n’a encore rien gagné, la finale olympique de cet été à Paris restant pour le moment la seule ligne de son cv.
Marge de progression : 8/10
Désormais qu’il a montré qu’il avait assez de talent pour être un joueur du Bayern, un international en puissance, « sa marge de progression passe par l’acceptation de son nouveau statut. Les attentes ont changé à son égard et il va lui falloir intégrer tout ça mentalement, être prêt également à faire le dos rond dans les moments plus difficiles. »Désormais reconnu en Bundesliga, ce n’est plus un, mais deux ou trois défenseurs qui l’attendent dans sa zone d’influence pour le bloquer. Saura-t-il encore adapter suffisamment son jeu pour rester aussi efficace ?
TOTAL : 43/60
VERDICT
Dans deux registres comparables, mais avec des profils légèrement différents, Olise et Nkunku ont tous les deux le potentiel pour être les nouveaux animateurs offensifs des Bleus. Malgré une maturité et une expérience supérieure, le Parisien de Chelsea aura du mal à résister à la jeunesse et à l’insouciance d’un néo-Bavarois porté par sa dynamique olympique.