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Le 20 mars, lors de la 144ème session du CIO en Grèce, l’élection du nouveau président de l’instance internationale pourrait jeter un froid sur la présence du handball à l’épreuve olympique. Non pas en le remettant en cause, mais en le déplaçant des JO d’été à ceux d’hiver !
Intégré aux JO d’été depuis 1936 (en extérieur), et définitivement à partir de 1972 (en salle), le handball n’a jamais eu sa place aux JO d’hiver. Jusqu’à présent… Car, en fin d’année, une interview donnée à la BBC par Sébastian Coe, ancien champion olympique d’athlétisme et candidat à la présidence du CIO, a donné de la crédibilité à ce qui n’était qu’une rumeur sans réel fondement.
Dans une logique générale qui consisterait à rapatrier plusieurs sports de salle en hiver, pour alléger le programme estival, le rééquilibrer par rapport à son homologue hivernal, le handball ferait partie du lot.
Il ne disparaitrait pas pour autant en été puisqu’une pratique en extérieur encore bien hypothétique serait envisagée sous une forme restant encore à définir (le beach-handball est déjà présent sur les JO de la jeunesse), mais qui ne serait finalement qu’un retour aux sources (nordiques) lorsque les handballeurs jouaient en salle l’hiver et en extérieur l’été. L’idée remise au goût du jour par l’ancien champion britannique ne date pas d’hier.
L’outrageuse domination des nations européennes, imputée à l’inefficacité de la politique de développement de l’IHF (Fédération Internationale de Handball) avait déjà poussé le CIO à envisager un retrait pur et simple à échéance des JO de 2028. On y est presque. Malgré le passage en 2019 à 32 équipes, au lieu de 24, les derniers championnats du monde ont confirmé que l’internationalisation du handball n’était encore qu’à l’état embryonnaire.
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« Ce serait une punition ! »
Dans une compétition où le Qatar est le seul pays non-européen à avoir réussi à monter sur le podium, en 2015 avec une majorité de joueurs naturalisés, le Brésil et l’Egypte sont aujourd’hui les seuls en mesure de venir perturber l’ordre établi. Chez les féminines, la problématique est la même, à peine atténuée par la compétitivité de la Corée du Sud (1995) et du Brésil (2013), les deux seuls pays non-européens à avoir été champions du monde.
En août, interrogé sur franceinfo, le président de la FFHB, Philippe Bana, reconnaissait que « le hand était redescendu dans le système de classement des disciplines du CIO, mais, depuis, les critères ont un peu évolué avec la médiatisation et le taux d’écoute de la jeunesse qui sont le plus importants. Et là-dessus, le hand est très fort. »
Le sera-t-il assez pour exister face à la perspective d’accoster en 2028 et 2032, pour les deux prochaines olympiades, dans deux pays, les Etats-Unis (Los Angeles) et l’Australie (Brisbane) où le hand est plus que confidentiel et où le décalage horaire avec l’Europe ne promet pas de fortes audiences pour le détenteur des droits des JO, Discovery ?
Invitée par l’IHF lors des derniers Mondiaux, la sélection US (principalement alimentée par des bi-nationaux) parait encore bien loin dans la hiérarchie (26ème sur 32) et n’aura pas d’autre ambition que de sortir du 1er tour. En attendant qu’une décision soit prise, les réactions ne se sont pas fait attendre.
Directement concerné, Yérime Sylla, l’entraîneur franco-sénégalais qui a l’objectif d’amener la sélection féminine chinoise à Los Angeles, est partagé :
À lireQuand Livry-Gargan disait adieu à la D1…« Ça peut être une bonne idée car cela laisserait de vraies vacances en été à des joueurs qui, on l’a vu cette année avec l’équipe de France, ont eu du mal à enchainer un Euro et une Olympiade. Médiatiquement, par contre, je m’interroge davantage car les JO d’été ont quand même un impact nettement plus important. Le hand y est présent du premier au dernier jour. »
C’est d’ailleurs bien ça une partie du problème pour le CIO : gérer environ 400 athlètes sur 15 jours quand d’autres disciplines plus universelles nécessitent moins d’intendance.
400 athlètes à gérer sur 15 jours
Sportivement parlant, « vu sous l’angle de l’entraîneur, ça ne change pas grand chose, au contraire, ça simplifie le calendrier des années olympiques, poursuit Philippe Gardent, médaillé de bronze aux JO de Barcelone en 1992. Jouer l’hiver, ça ne me choque pas, à condition que tous les sports en salle basculent aussi, sinon j’aurais un peu l’impression de me faire avoir. Et qu’on ne nous invente pas des excuses bidons. Mais pour moi qui aie vécu les JO d’été à Barcelone, les faire l’hiver plutôt que l’été, ce serait une punition. L’ambiance du village était tellement fantastique, à croiser des athlètes de tous les pays et de toutes les disciplines, que je n’imagine pas la même atmosphère en hiver. »
Champion olympique en 2008 à Pékin, Christophe Kempé est « pour à 100% si c’est pour préserver la santé des joueurs et leur permettre de mieux se préparer, donc d’être en capacité de produire le meilleur spectacle possible. Si c’est pour offrir une plus grande visibilité au hand, je suis plus circonspect car rien ne fait du hand un sport d’hiver, ou alors à considérer que tous les sports co en salle suivent la même évolution. »
« Pourquoi pas ? Une chose est sûre, moi, joueur, je préférerais toujours être au milieu d’un village olympique en été qu’en hiver pour vivre le truc de l’intérieur de manière plus intense. Pas certain que les joueurs préfèrent aller à Cortina d’Empezzo en janvier plutôt qu’à Los Angeles en août ! En tout cas la question mérite d’être posée. » Pas sûr qu’on leur demande leur avis…
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