Trois clubs (Sarrebourg, Sélestat et Nancy) de cette région évoluent dans l’antichambre de la StarLigue. Pour différentes raisons, ils ne peuvent s’ancrer durablement à l’étage du dessus. Une fatalité ?
Si on élargit au Grand Est, Besançon et Dijon, on dénombre cinq clubs en ProLigue : Dijon, Sélestat, Nancy, Sarrebourg et Besançon. Aucun ne joue en StarLigue. Pourtant pour la plupart, ils ont connu l’élite. Mais ils ont fait l’ascenseur quasi automatiquement.
« Il faudrait vraiment donner davantage de chances aux équipes qui montent en StarLigue, martèle Wassim Helal, le gardien de Dijon. Elles ont besoin de davantage de temps. Les équipes en place sont, elles, déjà très bien préparées. Ce n’est pas le cas de celles qui accèdent à l’élite. »
« Pas étonnant alors de voir des équipes promues descendre l’année suivante. C’est l’issue dans 80% des cas. Elles ne sont tout simplement pas prêtes. C’est surtout lié au manque de budget et à la qualité de joueurs non présents sur le marché ».
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Erick Mathé, l’entraîneur de Montpellier, reconnait tout le potentiel existant dans l’Est : « Ce manque à combler des clubs de l’Est dans l’élite peut s’expliquer notamment économiquement. Pourtant, dans cette région, ils ont une culture handball très forte. On le ressent quand on joue là-bas. Ce n’est pas tout à fait dans l’Est pour Dijon, mais à Besançon, Nancy et Sélestat, ils sont dotés de très belles salles. »
« Elles mériteraient la StarLigue sans problème. Ces clubs font face à des difficultés en particulier économiques. Quand elles montent dans l’élite, elles redescendent. Pas simple non plus pour elles d’anticiper leur recrutement. A moins d’être premier de ProLigue et d’être qualifié directement pour la StarLigue. Si ce ticket est obtenu relativement tôt, il y a un peu plus le temps pour anticiper. C’est une difficulté supplémentaire ».
Romain Mathias, l’actuel gardien d’Istres, était encore à Sélestat il y a quelques mois. « La StarLigue n’est pas passée loin pour Sélestat (battu par Istres en demi-finales, Ndlr). On est passés à deux buts. Il y a deux ans, j’évoluais déjà dans l’élite avec Sélestat au sein d’une équipe jeune. On n’était pourtant pas loin du maintien. Ce club n’est pas loin de ce niveau et l’a donc connu. Ils sont à nouveau candidats cette saison pour espérer monter. Problème, Sélestat est une petite ville (19 000 habitants, Ndlr). Plus petite encore qu’Istres. Le club remplit sa salle à chaque fois. Mais, pour s’exporter et grossir, c’est une autre histoire ».
La StarLigue, un championnat trop petit ?
Et Romain Mathias de poursuivre : « Nancy a connu le haut niveau aussi il y a peu (en 2021/2022, Ndlr). Dans une élite à 16 clubs, tout le monde ne peut pas y jouer non plus. Certaines équipes parisiennes doivent percevoir certaines aides des collectivités. Ce n’est pas le cas partout non plus ».
Vincent Voltat, responsable technique dans la Ligue du Grand Est, refuse néanmoins de tout voir en noir :
« Il ne faut pas que retenir le contexte local, mais plutôt l’élargir au niveau national et se demander plutôt pourquoi dans notre pays on ne peut pas avoir d’équipes qui se maintiennent dès lors qu’elles ne sont pas les premières de ProLigue. Avec l’incertitude liée à cette division au championnat si disputé, il est toujours compliqué d’engager financièrement des joueurs de D1 à N1. »
Reste que le contre-exemple féminin est saisissant avec Metz. Les Dragonnes ont été couronnées pour la 26ème fois championnes de France en 2024. Elles sont aussi une équipe redoutée en Ligue des Champions. Alors comment expliquer un tel gap entre handball féminin et masculin ?
« C’est multi factoriel, estime Voltat. J’espère que ce n’est pas un état de fait et que ce n’est que contextuel pour qu’on arrive à avoir des clubs en ProLigue et en StarLigue. C’est déjà super d’avoir plusieurs clubs en ProLigue. Certains ont connu la D1 il y a peu. »
« L’ambition à court terme, pour Sélestat et Nancy, est de retourner en StarLigue. Ils ont les moyens de ces ambitions. Comme nous sommes une région de sports, notamment de basket avec Nancy justement, quand on a le club d’à côté qui fonctionne bien, il faut trouver des partenaires. C’est moins évident. Même remarque pour les subventions publiques ».
Quid de Strasbourg ? Chef-lieu de l’Alsace avec près de 300 000 habitants, cette ville se démarque sportivement entre autres, par son équipe de basket ; la SIG, et le RC Strasbourg en foot.
« Dijon, Besançon, Nancy et Sélestat sont dotés de très belles salles. Elles mériteraient la StarLigue sans problème… »
Dans un monde idéal, l’ESSAHB pourrait être la grosse locomotive du handball de l’Est. Il n’en est rien. Pour l’heure, l’équipe évolue en N3 masculine. Le président Roger Gentner n’en demeure pas moins ambitieux :
« A terme, l’ambition est de remonter en pro d’ici cinq ans ou peut-être de mener ce projet avec d’autres clubs pour être plus forts et plus outillés économiquement. Sur un rayon de 60 kilomètres, il y a plusieurs équipes évoluant à haut niveau. Pour se faire une nouvelle place, ce n’est donc pas simple. Tous les clubs en place veulent jouer leur propre partition. »
« Nous étions en pro il y a deux ans. Malheureusement, les gens qui avaient la destinée de cette équipe n’étaient eux pas suffisamment pros. Il y a eu alors une dégringolade avec beaucoup de répercussions, beaucoup de départs et de perturbations dans l’organisation du club ».
Et le président de Strasbourg de définir désormais la feuille de route : « Aujourd’hui, on essaie de restructurer, de redynamiser. Cela prend un peu de temps. Il y a eu des projets de fusion il y a quelques années, mais les gens en place n’étaient pas prêts à cela. Si on reprend l’historique, il y avait une grande équipe à Strasbourg. Ce club a connu des fortunes un peu compliquées pour des raisons économiques. »
« Ce n’est pas une critique, mais un club comme Sélestat en a profité. Une partie des forces vives a migré vers d’autres cieux. Si les collectivités à Strasbourg seraient prêtes à aider pour un projet plus grand ? Je ne sens pas cela. Je le déplore forcément. Les subventions, si on parle de Sélestat, sont bien plus importantes là-bas que chez nous. Les municipalités à Strasbourg n’ont jamais été des pro-sponsors de clubs… ».
On l’a bien compris dans l’Est comme partout ailleurs, l’argent est le nerf de la guerre.
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