L’une des pires saisons de l’ère QSI ne pouvait que déboucher sur un profond remaniement, dans le staff et l’effectif. Avec un objectif immuable, mais qui sera moins affiché, gagner enfin la Ligue des Champions, un retour à une philosophie de jeu résolument offensive et axée sur la possession est attendu pour enflammer de nouveau le Parc.
L’ancien défenseur latéral parisien, Lucas Digne, qui a aussi croisé le chemin de Luis Enrique au Barça lors de la saison 2016/2017, n’en doute pas une seconde (dans Le Parisien) :
« Le PSG va jouer offensif, avec de grandes phases de possession du ballon. Luis Enrique est un grand entraîneur, très passionné, qui vit le football à fond et veut donner du plaisir et de la joie aux spectateurs. »
Ça tombe bien, en termes de plaisir et de joie, les supporteurs parisiens, plutôt en manque depuis deux ans, n’attendent que ça. Frustrés de ne pas avoir pu profiter du passage trop neutre du plus célèbre ambassadeur du foot à la catalane, Messi, ils comptent sur le coach qui leur fit si mal un soir de mars 2017 pour retrouver la fierté.
Un coach qui n’hésita pas, dès son arrivée à Barcelone, à mettre La Pulga et Neymar sur le banc et à initier le retrait progressif de Xavi. Il est donc légitime d’espérer qu’à défaut de maîtriser le tiki-taka aussi bien que du temps de la MSN, Luis Enrique puisse amener suffisamment de cette philosophie de jeu et de cette gestion sans concession des stars qui lui permit de gagner la Ligue des Champions en 2015 en même temps que la Liga et la Coupe du Roi.
« Il ne faut pas espérer voir ce PSG jouer comme le grand Barça »
Très respecté du vestiaire catalan, eu égard à son passé de joueur, c’est aussi sur cette crédibilité que misent les dirigeants parisiens pour cadrer un vestiaire qui a été moins réceptif aux profils de Tuchel, Emery, Pochettino ou Galtier. Sous l’ère QSI, ce n’est peut-être pas un hasard si les deux entraîneurs les plus écoutés furent Ancelotti et Blanc, d’anciens grands noms du foot mondial.
« Les joueurs sont souvent basiques dans leur rapport au coach, précise Guy Lacombe, l’ancien entraîneur du PSG (2005-2007). Avoir été un grand joueur ne suffit pas même si ça aide au moins au début pour imposer ses idées et son management. L’expérience et le palmarès de joueur et d’entraîneur de Luis Enrique est un atout qu’il ne pourra exploiter que s’il a le soutien total de ses dirigeants. A Paris, ces dernières saisons, ça n’a pas toujours été le cas. »
Mbappé-Luis Enrique ça peut marcher ?
Délesté de l’ombre envahissante de Messi, avec un Neymar reboosté et un Mbappé plus impliqué que jamais dans sa volonté de marquer l’histoire avant de partir, la nature du recrutement sera évidemment essentielle.
« Mais il ne faut pas espérer voir le PSG jouer comme le grand Barça des années 2010, prévient Lacombe. Le contexte et les joueurs sont trop différents. On parle d’un club qui avait un effectif où les joueurs clés jouaient sur le même tempo ensemble depuis le centre de formation. A Luis Enrique de s’adapter et de prendre le meilleur de ce qu’il a déjà vécu et de l’effectif qu’il aura sous la main. »
Au sein d’un club qui s’interrogeait encore sur le sort qu’il entendait réserver à ses deux leaders offensifs, Mbappé (vendre maintenant ou céder gratuitement dans un an ?) et Neymar, les incertitudes étaient encore grandes. En espérant les stars (Kane, Lucas Hernandez, Bernardo Silva, Osimhen, Thuram, Kolo-Muani…), elles concernaient les recrues déjà actées, interrogeaient sur les capacités d’Asensio, Ugarte ou Skriniar, à amener une vraie plus-value.
Avec un nouveau coach, une vieille habitude sous l’ère QSI qui génère tous les ans ou presque le même fol espoir que, cette fois, sera la bonne !
Dernière chance pour Neymar ?
Sans être une garantie de performance, l’arrivée de Luis Enrique sur le banc parisien est tout de même de bon augure pour Neymar. C’est en effet avec le coach espagnol, dont il regretta publiquement le départ en 2017, que le Brésilien a vécu les meilleures saisons de sa carrière au Barça, avec une Ligue des Champions en apothéose en 2015 et quelques morceaux de légende comme la remontada face au PSG en 8èmes de finale de la Ligue des Champions.
D’abord réticents à le conserver, prêt à le… prêter ou à le vendre, les dirigeants parisiens ont aussi validé le choix Luis Enrique pour offrir une dernière chance au plus gros transfert de l’histoire du football. Les 222 M€ dépensés en 2017 valent bien ça…
Même si, jusqu’au bout, et en fonction du Mercato, ils ne s’interdisaient pas d’étudier toutes les propositions concernant un joueur de 31 ans à qui il reste encore deux ans de contrat avec une option d’un an supplémentaire.
Tom Boissy