De notre envoyé spécial Porte d’Auteuil
Le Brésilien de 23 ans, totalement inconnu du grand public, a signé une performance majuscule en écartant Daniil Medvedev n°2 mondial dès le premier tour de Roland-Garros. Renversant ! Malgré tout, il ne pourra sans doute jamais réaliser le rêve de sa vie.
Qui es-tu Thiago Seyboth Wild ? D’accord, d’accord la terre battue n’a jamais été la surface de prédilection de Daniil Medvedev. C’est la cinquième fois que ce dernier est sorti du Grand Chelem parisien au premier tour. Le Moscovite a confessé son aversion pour l’ocre en particulier dans la capitale. Toujours avec grande sincérité et naturel : « A chaque fois qu’une campagne sur terre battue se termine, je suis heureux.Aujourd’hui pareil. J’avais un goût de terre battue dans la bouche dès le troisième jeu. Je déteste cela. Le court était sec. Il y avait du vent. Je ne sais pas si des gens aiment manger de la terre battue, en avoir plein leur sac, leurs chaussures, dans leurs chaussettes blanches qu’il faut jeter ensuite. Moi je n’aime pas tout cela. Bon j’aurais quand même préféré continuer l’aventure même si c’était sur terre (sourire). Frustré par la foule ? Non, ça allait. La seule chose, quand j’ai demandé à l’arbitre de vérifier la marque, elle était très proche selon moi. J’en discutais avec elle où est-ce qu’elle voyait la balle. J’ai été hué pour je ne sais quelle raison. Je leur ai alors dit : « taisez-vous ! », parce que je parlais avec une autre personne mais pas avec la foule. Donc ils devaient se taire à ce moment-là…». En s’imposant il y a quelques jours à Rome en Masters 1000, le Russe débarquait Porte d’Auteuil avec davantage de certitudes.
Nadal sa source d’inspiration depuis tout jeune…
Et même dans la peau d’un sérieux outsider pour le titre. Du moins le croyait-on. Il a finalement mordu la poussière dès son entrée en lice contre le 172eme ATP au terme d’un combat épique de 4h15 en cinq manches (7/6, 6/7, 2/6, 6/3, 6/4). Sans chercher d’excuse, le vaincu a tenu à rendre hommage à son bourreau du jour : « Cela a été un match difficile, a analysé Medvedev. Je n’ai pas mal joué mais lui a très bien joué. C’est toujours la même chose. S’il continue à jouer de cette manière, il sera dans le top 30. J’espère qu’il va continuer à jouer comme cela, sinon je vais être déçu. Je vais me dire : pourquoi il a réussi aujourd’hui et pas dans deux jours ? »
Le natif de Marechal Candido Rondon dans le sud du Brésil, a accompli la plus grande performance de sa carrière. Poussé par le public du Chatrier acquis à sa cause, il a tenu bon nerveusement jusqu’au bout. Passé professionnel en 2018, il végétait encore au-delà de la 400 ème place mondiale fin décembre (417eme). Habitué du circuit secondaire, il a été 106ème à son meilleur en septembre 2020. Du coup sa joie a été surdimensionnée : « Je n’ai pas de mot, a avoué le vainqueur dans une salle comble de journalistes . Je suis tellement heureux. C’est le plus beau jour de ma vie. Daniil , je l’ai vu jouer un millier de fois. Je savais que ce serait très dur. Il fallait surtout que je crois en moi et en mon éthique de travail ».
« Je ne sais si mon rêve de réalisera »
Des qualités que ne renierait surtout pas le Roi Nadal. Cela tombe bien. Le Majorquin est une grande source d’inspiration pour le Brésilien : « J’ai lu son autobiographie quand j’avais quinze ans. Rafa je l’ai admiré toute ma vie. J’ai tout aimé chez lui, sa façon de jouer, sa volonté de gagner incessante. C’est juste Nadal. J’entretenais ce rêve de jouer contre lui à Paris. Je ne sais pas si cela arrivera un jour . Je l’espère… ».
Une victoire marquante donc pour le Brésilien. Un moment de grande joie gâchée néanmoins quand une question d’un journaliste lui a été posée concernant les accusations de violences conjugales (d’après le media UOL Esporte) émanant de son ex-femme.
Le sud-américain a répondu sèchement : « Je ne pense pas que c’est une question que l’on devrait poser ici, ni à personne. Ce n’est pas à vous de décider si c’est l’endroit pour parler de cela ou pas. Vous pouvez écrire ce que vous voulez. D’ailleurs, je n’ai jamais été marié, donc laissez tomber tout ça ! ».
Désormais sur le terrain la confirmation de son exploit XXL est attendue contre l’Argentin Pella qui est sorti aussi vainqueur d’un match marathon contre le Français Halys (6/4, 6/7, 2/6, 7/6, 7/6) au super tie-break en 4h20.