mercredi 4 décembre 2024

Le Stade Brestois peut-il exister en Ligue des Champions ?

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

L’historique qualification pour la Ligue des Champions ne fait pas pour autant du Stade Brestois un club européen en puissance. A moins qu’elle agisse comme un déclic pour lui permettre de franchir un palier ?

En passant de 48 à 60 M€, avec une enveloppe de 10 M€ pour le recrutement, le budget du Stade Brestois n’est pas de nature à en faire un club européen sous prétexte qu’il s’est qualifié pour la Ligue des Champions.

Avec l’incertitude qui plane sur le futur contrat sur les droits TV, qui seront de toute façon à la baisse, aucune folie ne sera effectuée pour éviter « de revenir 40 ans en arrière » prévenait le président Denis Le Saint dans le Télégramme début juin.

Avec la vente de Brassier à l’OM pour plus de 10 M€, et éventuellement celle de Pierre Lees-Melou qui ne passera pas à côté d’un gros contrat après son vrai faux départ pour Rennes cet hiver, plus les 18,6 M€ d’ores et déjà alloués par l’UEFA, la situation du club finistérien est tout de même relativement confortable, en tout cas pour un club qui n’aura d’autre ambition que de rester sur la même dynamique le plus longtemps possible. Dans l’incapacité financière de lever les options des joueurs prêtés, notamment Satriano (Inter) et Doumbia (Reims), un milieu offensif et trois attaquants étaient espérés.

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Roy : « J’étais loin d’imaginer la suite… »

De quoi aborder la saison avec une « ambition simple : gagner le plus de matches possibles. Nous avions gagné beaucoup cette année, on va en gagner moins certainement en Ligue des Champions car l’opposition sera supérieure, anticipe le coach des Bretons Eric Roy. On jouera pour faire du jeu, rester dans ce qu’on a fait cette saison. On est conscient que c’est une nouvelle page blanche à écrire, au cours d’une saison plus difficile, avec huit matches de plus à disputer… à l’extérieur puisqu’on jouera à Guingamp et pas chez nous. »

Et King Eric de se souvenir qu’en tout début de saison, après avoir battu Lens et Le Havre pour se retrouver à la 2ème place du championnat, il n’avait pas hésité à répondre, avec humour, à un journaliste qui lui demandait ses ambitions pour la saison : « La Ligue des Champions ! » « J’étais loin d’imaginer la suite de l’histoire… »

A plus de vingt ans d’intervalle, cette histoire rappelle celle du LOSC qui découvrait aussi l’Europe, par la grande porte de la Ligue des Champions en 2001, une saison à peine après être remonté en D1 et dans un stade qui n’était pas le sien, celui du RC Lens. Aux manettes des Dogues à ce moment-là, Vahid Halilhodzic avait su transcender son équipe pour qu’elle se mette au niveau européen.

Brest peut-il exister en Ligue des Champions ?

« On avait gagné notre match de barrage face à une des meilleures équipes européennes de l’époque, Parme, un vrai exploit, et peut-être la victoire la plus importante de l’histoire du club. Ensuite, en matches de poule, on était passé tout près de la qualification (1 victoire, 3 nuls, 2 défaites, Ndlr). » Au-delà de cette première campagne continentale, le LOSC avait confirmé en terminant 5ème du championnat.

« Ce fut le début de l’ascension du club, poursuit un coach qui n’irait pas au-delà de cette saison historique. Les politiques, les partenaires avaient pris conscience qu’il fallait faire quelque chose pour offrir au LOSC des moyens dignes de ses ambitions. Le stade actuel et le centre technique ont été conçus à ce moment-là. Sans cette qualification, peut-être que les supporteurs l’attendraient encore ! Ça a tout déclenché et aujourd’hui le LOSC est un solide club européen. » Alors qu’un nouveau stade est en projet, l’Arkéa Park, pour une livraison en 2027, le Stade Brestois peut-il rêver pareil scenario ?

« En tout cas, sur le terrain, c’est un exemple à suivre, nous dit l’ancien international breton Yvon Le Roux. Même si nous avons moins de moyens qu’une métropole comme Lille, nos partenaires nous ont toujours été fidèles, dans les bons comme dans les mauvais moments, depuis une trentaine d’années. Cette Ligue des Champions est avant tout une récompense pour eux aussi. »

L’ambassadeur du club qui accueille les équipes adverses avant chaque rencontre et représente le président Le Saint quand il n’est pas disponible nuance tout de même la comparaison avec le club lillois « où de nombreux partenaires étaient arrivés. Cela ne sera pas le cas chez nous. Notre président est un chef d’entreprise du coin, ici tout le monde se connait. L’ambiance est très familiale et il serait à mon sens dangereux de perdre cette identité qui fait notre force. On n’est pas prêt à vendre notre âme pour se donner les moyens de jouer l’Europe tous les ans. Qu’on joue la 3ème ou la 15ème place, l’ambiance est toujours conviviale. »

L’exemple du Losc en 2001…

Et elle le sera toujours dans le nouveau stade à taille humaine de 15 000 places. D’ici là, les Bretons se préparent à recevoir les grands d’Europe, Yvon Le Roux va peut-être accueillir le Real, le Barça, le Bayern…

« C’est exceptionnel et je sais que l’équipe donnera tout pour rivaliser. Les joueurs ont montré un mental de guerriers cette saison, je ne doute pas qu’ils répondront présent, en gardant les pieds sur terre, sans s’enflammer, mais sans faire de complexes non plus. »

A l’exemple du LOSC en 2001 qui avait tenu Manchester United en échec (1-1) à domicile, ne s’inclinant qu’à la 90ème minute à Old Trafford.

« Ces matches sont particuliers, conseille Halilhodzic, ils nécessitent psychologiquement et tactiquement une grande préparation pour les aborder sans avoir peur, avec beaucoup d’humilité. Il faut être mentalement prêt à subir, à courir, à souffrir et à profiter de la moindre occasion pour aller au bout, sans leur donner la possibilité de se faire contrer car à ce niveau la moindre erreur se paye cash. »

Dans le cadre plus champêtre d’un Roudourou qui sied bien à leurs caractéristiques, dans la peau des villageois gaulois qui résistent à l’envahisseur, les coéquipiers de Chardonnet savent à quoi s’en tenir.

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