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Les derniers défis de Tadej Pogacar pour devenir une légende

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A 26 ans, s’il en a déjà beaucoup fait, il reste à Pogacar autant sinon plus à réaliser pour espérer devenir le plus grand cycliste de tous les temps. Au terme de la meilleure saison de sa carrière, aucun défi ne semble inaccessible au champion slovène. 

1/ Gagner Milan-San Remo

12ème en 2020, 5ème en 2022, 4ème en 2023 et 3ème en 2024, à l’exception de Paris-Roubaix, qu’il n’a jamais couru, la Primavera est le seul Monument qui résiste encore à la boulimie du Slovène. Dans une course qu’il estime être une des plus difficiles à gagner parce qu’elle est accessible à beaucoup de profils différents, on n’imagine pourtant pas qu’il ne finisse pas par la dompter.

Trois fois battu au sprint, son salut semble passer par une stratégie qui lui permettrait de les éviter, à l’instar d’un Mondial ou d’un Tour de Lombardie où il a pris les devants bien avant la flamme rouge. En 2025, pour sa 5ème tentative, personne ne serait étonné de le voir accélérer dans la Cipressa. 

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2/ Gagner la Vuelta

C’est en gagnant trois étapes de montagne et en finissant sur le podium d’une Vuelta 2019 remportée par Roglic, pour son premier Grand Tour, à 21 ans, que son potentiel explosa aux yeux du peloton. Depuis, il n’est plus jamais revenu en Espagne, préférant se concentrer sur le Tour entre 2020 et 2024.

Mais après avoir remporté le Giro en 2024, il était probable que la Vuelta soit à son programme de 2025, ce qui lui permettrait, à condition de la gagner, d’entrer dans le cercle très fermé des coureurs aux 3 grands Tours aux côtés de Merckx, Hinault, Anquetil, Contador, Froome, Gimondi et Nibali. Parce que la concurrence y est moindre que sur les deux autres, le voir au moins une fois en rouge serait la moindre des choses. 

3/ Gagner Paris-Roubaix 

S’il n’avait pas déclaré dans L’Equipe en fin de saison dernière, “de ne pas avoir prévu de faire Roubaix dans les prochaines années”, l’arrivée la saison prochaine chez UAE Team Emirates de Florian Vermeersch, grand spécialiste des Flandriennes, 2ème de l’Enfer du Nord en 2021, augmenterait les chances de le voir pour la première fois au départ de son premier Paris-Roubaix.

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Certes, son profil physique ne l’amène pas naturellement vers les pavés du Nord, mais ses ambitions de devenir le meilleur coureur de l’histoire ne lui laissent pas le choix. Il lui faudra aussi prendre le risque de chuter, de se blesser, accepter la possibilité d’une crevaison, d’un coup du sort pour connaitre au moins une fois la sensation d’arriver en tête sur le Vélodrome de Roubaix.

La manière avec laquelle il a dompté les pavés du Tour des Flandres en 2023 démontre que ce défi est largement dans ses cordes malgré l’absence de dénivelés qui lui permettent souvent de faire la différence. Logiquement, la reine des Classiques devrait être la dernière à lui résister pour lui permettre de rejoindre Rik Van Looy, Eddy Merckx et Roger De Vlaeminck (le dernier en 1977), les trois seuls à avoir remporté les cinq Monuments. 

4/ Gagner plus de cinq Tours de France

Sans Vingegaard, il aurait déjà rejoint Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain qui ont tous remporté le Tour à cinq reprises. Avec le Danois dans les pattes, et parce qu’il est à l’heure actuelle le seul qui peut vraiment l’inquiéter, Pogacar a encore largement le temps d’ajouter deux autres Tour à son palmarès et d’aller en chercher un sixième qui le placerait au-dessus de tout le monde. A 26 ans, Merckx en avait déjà trois, Hinault, deux, Anquetil, un, et Indurain, aucun… ses temps de passage sont donc très prometteurs. 

5/ Etre champion olympique

Piégé par Carapaz lors des Jeux de Tokyo, finalement 3ème derrière Van Aert, son forfait aux JO de Paris cette année a repoussé à 2028, à Los Angeles, sa quête d’or olympique. Après Paris-Nice, le Giro et le Tour, “une fatigue extrême” l’a privé du sacre attendu au pied de la Tour Eiffel. Ce n’est que partie remise. 

6/ Gagner toutes les Classiques

En plus des 5 monuments, la course aux Classiques peut aussi lui permettre de donner à son palmarès une dimension encore plus exceptionnelle. Déjà vainqueur de la Flèche Wallonne, de l’Amstel Gold Race, des Strade Bianche, du Grand Prix de Montréal, du Tour d’Emilie et des Trois Vallées Varésines, en y ajoutant Gand Wevelgem, Milan-Turin, E3 Saxo Bank Classic, A Travers les Flandres, la Clasica San Sebastian, la Bretagne Classic ou le Grand Prix du Québec, il pourrait prétendre à l’exhaustivité. 

7/ Gagner les trois grands Tours la même année

Déjà détenteur de la triple couronne ; Giro-Tour-Mondiaux, à l’instar de Merckx en 1974 et Roche en 1987, Pogi a désormais en tête de s’attaquer aux trois grands Tours sur la même année. Rassuré par sa capacité de récupération, il avouait en fin de saison au média slovène SIOL : « Remporter les trois courses de trois semaines de la saison est réalisable.” Cette année, après le doublé Giro-Tour, il semblait avoir les jambes pour se présenter sur une Vuelta taillée à sa mesure.

« Mais je respecte mes coéquipiers, poursuivait-il. Je sais que l’équipe UAE a le potentiel pour remporter un grand Tour même lorsque je ne suis pas là. Je n’ai pas besoin d’être avide au sein de mon équipe et de me faire des ennemis là où je me sens chez moi. Je pourrai disputer les trois grands Tours au cours de la même saison, mais quand je serai un peu plus âgé. »

Cette année semblait pourtant propice à cet exploit sans précédent, Sivakov (9ème) et Adam Yates (12ème) n’étant jamais en mesure d’inquiéter Roglic. 

8/ Battre le record de Cavendish

Avec 17 victoires d’étapes sur le Tour, en cinq participations, donc une moyenne de trois bouquets par édition, s’il maintient le même rythme, il est certain de battre le record de Marc Cavendish (35) à l’horizon 2030. Cet objectif étant étroitement corrélé à celui d’aller aussi chercher le record de victoires finales, il n’en devient que plus réalisable. Au passage, pour accélérer le rythme, il a aussi en vue le record de victoires d’étapes sur une même édition, détenu par Merckx, Maertens et Pélissier (8). En 2024, il s’est arrêté à six.

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Une domination incontestable, des performances contestées…

La domination parfois insolente de Pogacar, qui n’est parfois pas sans rappeler celle d’Armstrong, les records d’ascension qu’il a battus cet été sur les pentes du Tour et qui dataient des pires années du dopage institutionnalisé, suscitent forcément pas mal de doutes. 

Il en est, et en sera certainement toujours ainsi dans le milieu du cyclisme qui pousse forcément à s’interroger sur la nature des performances exceptionnelles de ceux qui dominent le peloton. Il en était ainsi de Froome, il en est ainsi de Pogacar qui explose de quatre minutes le record de Marco Pantani dans la montée du plateau de Beille et enfile les victoires comme des perles avec une facilité déconcertante.

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Face au doute qui entoure le champion slovène, Bernard Hinault s’insurge « contre toutes ces accusations sans preuve qui reposent sur des comparaisons qui n’ont pas de sens. Depuis Pantani ou Armstrong, le vélo a tellement changé, évolué, ce ne sont plus les mêmes conditions d’entraînement, de préparation, ni le même matériel. »

« Sans parler de la nutrition, des vélos qui sont à la pointe de la technologie, des conditions de course…” Plutôt que de remettre en cause les victoires du Slovène, le Breton préfère penser “qu’il bosse plus et mieux que les autres, avec un mental hors norme qui lui permet de transcender toutes ses qualités naturelles. »

« Si on se pose des questions sur Pogacar, il faut aussi s’en poser sur tout le peloton »

Dans le même registre, sur la RTBF, Axel Merckx, le fils d’Eddy, ouvrait le débat : « Si on se pose des questions sur Pogacar, il faut aussi s’en poser sur tout le peloton, sur les performances d’Evenepoel et de Vingegaard… Ce qui peut faire taire les rumeurs selon moi, c’est sa constance. Pogacar a été au même niveau depuis la première course de la saison jusqu’à la dernière et il n’a pas faibli. »

« Il gère la pression d’une manière extraordinaire. Il faut faire confiance à la lutte contre le dopage même si on n’est jamais à l’abri de rien. Mais, contrairement à Armstrong, qui n’a jamais perdu sur le Tour, Pogacar a déjà montré des signes de faiblesses qui ont permis à Vingegaard de gagner à deux reprises »

Le même Vingegaard qui n’échappait pas aux mêmes interrogations lorsqu’il repoussait les assauts de son meilleur ennemi lors de ses deux victoires sur le Tour. Un récent sondage révélait que 54% des personnes interrogées doutaient des performances du champion du monde en titre.

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Tom Boissy



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