Proche de Peter Sagan, l’Italien nous fait rentrer dans la galaxie de l’atypique champion slovaque. Entretien pour Le Quotidien Du Sport et Cyclisme Magazine.
Quel rôle précis tenez-vous auprès de Peter Sagan ?
Je suis très proche de lui. Peter a un agent (Giovanni Lombardi) qui a d’autres coureurs. Je travaille auprès de Peter sur d’autres aspects. Car il n’est pas qu’un champion cycliste. Nous formons un trio soudé entre Peter, Giovanni et moi-même. Notre rencontre date d’il y a huit ans quand Peter a signé chez Tinkoff-Saxo.
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Je travaillais déjà dans cette structure quand Contador était encore coureur. Avant cela, j’avais officié durant trois éditions pour la Coupe de l’America, une compétition nautique internationale à la voile. J’interviens donc surtout au niveau de l’extra-sportif au sujet de Peter, sur son image, les réseaux sociaux, les relations avec la presse, son événementiel, ses sponsors… Ma mission se rapprocherait davantage de celle d’un manager.
Quand avez-vous compris que Peter Sagan était différent dans le peloton ?
Quand je l’ai rencontré pour la première fois, tout le monde savait déjà qu’il était différent. Ce qui m’étonne le plus chez lui est son naturel incroyable. Il ne joue jamais un rôle. De nos jours, on a de très grands champions cyclistes, mais Peter, lui, est un champion et une star.
Est-il apprécié des autres coureurs ?
D’après ce que j’en sais, quasiment tout le peloton aime Peter. Car c’est un gars sociable, gentil, sympathique. Il aime plaisanter même dans les moments à grande pression. Avec Wout Van Aert par contre, il n’a pas trop de relation, de communication. C’est probablement le fruit d’un quiproquo entre eux datant d’il y a deux ans, qu’ils clarifieront avec le temps. Ils sont assez grands pour le faire.
« Il rêve de remporter Milan-San Remo »
Etes-vous surpris qu’il n’ait pas gagné une étape sur le Tour cette année ?
Peter a connu une saison difficile. Quand vous subissez une lourde chute, vous avez besoin de temps pour revenir. Pendant quatre mois, Peter a eu des douleurs au niveau des jambes, de la poitrine, sans qu’on puisse exactement savoir d’où cela provenait. Parfois il s’entraînait, mais pendant un mois il n’a pas fait de vélo du tout. C’était très frustrant.
Le plus important était de rester calme. Donc pendant quatre mois, il a passé pas mal de temps à l’hôpital pour passer des examens. Son équipe l’a beaucoup soutenu. Elle a pris soin de l’homme et pas du coureur uniquement. Quand Peter s’est rendu dans l’Utah en stage en altitude après les classiques, le premier jour il a beaucoup souffert. Il n’a plus trop ressenti de douleurs par la suite. Curieusement, il s’est senti bien mieux, mais sans arriver sur le Tour avec une préparation optimale.
Peter est encore jeune (32 ans), mais de jeunes coureurs sprinteurs forts et affamés pointent le bout de leur nez. Et comme l’a précisé Peter, Van Aert incarne la prochaine génération. Avec cette jeune génération montante, Van Aert, un manque de préparation, cela n’a donc pas permis à Peter de lever les bras sur cette édition.
Peter Sagan est encore plus fort avec l’âge
Qu’est-ce qui fait la différence entre le Sagan d’avant et l’actuel ?
Pendant dix ans, Peter n’a pas été malade ou n’est pas tombé gravement. Physiquement, il est exactement le même. Mentalement, il est même encore plus fort. Mais les mauvaises passes peuvent survenir aussi. Cela prend du temps pour récupérer.
A-t-il encore des rêves de victoire ?
Il voudrait certainement remporter un autre titre de champion du monde (après ceux de 2015, 2016, 2017, Ndlr). Et remporter aussi une course qui le fuit depuis toujours ; Milan-San Remo. Après, il n’est pas obsédé par la victoire. Il aime prendre du plaisir et répandre son énergie avec les gens avant et après une étape. C’est un gars très marrant toujours en train de plaisanter. Avec lui, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Le résultat n’est qu’un élément dans le processus de Peter.
Et comment se sent-il chez TotalEnergies ?
Il est aux anges. Peter a dit qu’il ne savait pas précisément quand il prendrait sa retraite, mais il sait déjà qu’il finira dans cette équipe. Il ne veut pas en changer. Il aime cette formation et Bernaudeau. Jean-René a une approche très humaine des choses.