Le président de l’Olympique Lyonnais s’est livré comme jamais mi-mars lors du dixième festival Sport, Littérature et Cinéma organisé à l’Institut Lumière à Lyon.
L’évolution du football
« L’arrivée de l’investissement des pays dans le football (comme le Qatar avec le PSG, Ndlr) a modifié sans préavis l’économie du football. Si cela s’était produit dans d’autres domaines d’activités, comme l’automobile par exemple, l’Europe aurait dit stop car cela crée une concurrence déloyale. On porte une responsabilité, j’en ai parlé à beaucoup de politiques (…) Même le PSG, avec d’autres moyens, n’a pas réussi à gagner sept titres de champion de France d’affilée comme nous l’avons fait. »
Le rachat de l’OL par John Textor et Eagle Football
« L’OL n’a pas eu beaucoup de difficultés à s’ouvrir à des investisseurs car c’est une entreprise moderne avec des valeurs. (…) Dans tous les moments difficiles, l’Académie a été l’endroit où l’on a trouvé des solutions. On investit 12 millions d’euros dans la formation. On est sur le podium des meilleures académies en Europe. Dans l’entreprise que j’ai fondée, la CEGID, je suis resté après la vente président non exécutif. Quand il y a de la compétence et de la bienveillance, on reste dans le coup même si on n’est plus l’actionnaire principal. »
« Même le PSG, avec d’autres moyens, n’a pas réussi à gagner sept titres de champion de France d’affilée comme nous l’avons fait »
Le Groupama Stadium
« J’ai un petit regret : si le stade avait été construit avant comme je l’avais imaginé, on aurait pu gagner en 2010 la demi-finale de la Ligue des Champions contre le Bayern Munich (0-1, 0-3). Si nous n’avons pas gagné la Ligue des Champions, c’est car nous n’avions pas le stade au bon moment ! (…) On n’est pas champion d’Europe, pas encore (sic). Aujourd’hui, le stade, qui réunit 50 000 personnes en moyenne malgré le classement (à mi-saison, le chiffre officiel donné par la Ligue était de 46 305 spectateurs, Ndlr), est à la fois le plus sécurisé et le plus écologique d’Europe. »
La réussite de l’OL féminin
« J’en suis fier et ému car on a construit de A à Z l’OL féminin qui est aujourd’hui presque aussi titré que le Real Madrid chez les garçons. Or, le Real, c’est peut-être dix présidents… Le palmarès est parfois la pire des choses dans le football car on regarde derrière alors qu’il faut construire devant… Au sujet du football féminin, le temps de jeu effectif y est 15 à 16% supérieur à celui des garçons. Le foot est un sport d’hommes (sic), mais le football féminin est un ballet avec des choses tactiques qu’on ne voit pas spontanément chez les garçons. »
La sortie de Wendie Renard
« Wendie a fait preuve d’un grand courage, cela n’a pas toujours été perçu ainsi en dehors de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le courage est que quelqu’un qui a tout gagné en club ose annoncer sa volonté, son intention de se mettre en retrait de l’équipe de France et dire à voix haute : « On ne va pas y arriver’’. Il y avait neuf chances sur dix qu’elle perde sa place. Elle avait dû imaginer le futur en pensant qu’il serait proche de ses rêves… »
Sa mauvaise foi
« C’est la passion qui rend crédible. Les supporteurs ont compris que dans la mauvaise foi je défends ce qu’ils aiment le plus au monde. »
Son avenir
« Je n’ai pas l’intention d’aller beaucoup plus loin dans cette orientation où c’est du 24 heures sur 24. Il faut savoir imaginer prendre le recul nécessaire car les plus grandes erreurs dans le football ont été faites par des dirigeants usés ou grisés. J’en suis à ma 35ème ou 36ème saison dans le football, c’est incroyablement trop long pour l’entourage. C’est une pression totale et permanente qui fait que l’on devient un esclave de ses ambitions. »
Irremplaçable ?
« Bien sûr que non. Ceci étant, j’ai essayé de montrer ce qu’il fallait faire. Les valeurs permettront à ceux qui ont été avec moi de poursuivre la route avec efficacité et encore plus de pertinence. La plus belle chose quand on crée est que la suite soit assurée. »
