A quoi ressemblera « le foot d’après » ? Alors que celui d’avant a vécu et que celui d’aujourd’hui provoque les pires cauchemars chez les présidents de club, la révolution est inéluctable…
Touchés de plein fouet par la pandémie qui en même temps que ses supporters prive les club d’une belle rentrée d’argent (billetterie, loges… cela représente environ 25% des budgets des clubs), la Ligue 1 voit Médiapro lui donner le coup de grâce.
Pour avoir cru que le championnat de France valait plus d’un milliard, les clubs de Ligue 1 sont sur le point de tout perdre. Le milliard est toujours là, même largement dépassé, mais cette fois, il ne s’agit plus de droits TV, mais de déficit.
Un format à repenser
En lâchant la Ligue en pleine saison, Médiapro, rongé par ses propres pertes l’oblige à se regarder dans la glace et à prendre ses responsabilités. Avec un constat glacial : le format actuel de la compétition n’est plus adapté à la réalité économique. Producteurs comme diffuseurs sont d’accord sur ce point : il faut évoluer pour rester en vie.
Le directeur général de Canal+ a été le premier à mettre les pieds dans le plat : « Le football français peut-il encore supporter un système à plus de 40 clubs professionnels, dont 20 en Ligue 1 ? », s’interroge Maxime Saada qui ajoute : « Face à ce problème, il est souhaitable que les clubs se posent la question de l’attractivité de leur produit et acceptent de se réformer. Le monde du rugby l’a compris en créant le Top 14, un championnat homogène et attractif ».
Passer de 20 à 18 clubs (en Ligue 1 comme en Ligue 2), mettre en place un système de play-off… La Ligue étudie bien ces différentes évolutions inéluctables pour le football français. L’objectif est double : rendre le championnat plus attractif et diminuer le nombre de parts au moment de la distribution des droits TV.
« Mourir d’ennui en matière de spectacle et d’épuisement en matière d’investissement ».
Pour beaucoup, comme le journaliste du quotidien économique Les Echos Hervé Barroux l’explique, la réforme doit intervenir au plus vite pour sauver le foot français. « L’objectif étant que les clubs approuvent une réforme que la crise rend indispensable dès la prochaine assemblée générale de la LFP qui doit se tenir en juin ».
Il y a huit mois déjà, en pleine crise alors que la Ligue 1 était à l’arrêt, Jean-Michel Aulas avait été le premier à proposer un système de play-off. Mais à l’époque, il s’agissait de sauver la saison, et aussi la place de l’OL en Coupe d’Europe, aujourd’hui le président de l’OL persiste et signe.
Cette fois la motivation n’est plus la même et JMA ne peut être taxé de penser d’abord à son club. « Le football français doit se poser les bonnes questions. Nous devons nous aussi accepter de nous réinventer pour rendre le foot plus sexy. En diminuant le nombre de clubs de l’élite et en mettant en avant un format de playoff en fin de championnat » estime JMA dans Les Echos.
Un duel Labrune vs Le Graët ?
Réduire le nombre de clubs en Ligue 1 et en Ligue 2 : l’idée est partagée par Vincent Labrune. L’ancien président de l’OM, aujourd’hui à la tête de la LFP veut « ouvrir un débat » et « redessiner le format de nos compétitions ». Interrogé par le JDD, le président de la LFP va même très loin en ajoutant : « sinon nous mourrons d’ennui en matière de spectacle et d’épuisement en matière d’investissement ».
De son côté, Noël Le Graët n’est pas trop chaud. « Ce n’est pas le bon moment », estime le président de la Fédération qui craint la réaction des clubs. Car qui dit dix-huit clubs en Ligue 1 dit deux descentes de plus. Passer de la Ligue 1 à la Ligue 2 est très mal vécu par les clubs de l’élite.
Pour rappel, il y a quatre ans la LFP a mis en place le système des barrages, justement pour limiter ce désagrément avec un très fort impact économique qui serait encore plus mal vécu cette année.
Pour ces raisons, Le Graët préfère y aller en douceur et préparer la réforme en amont. Le perspective des élections à la Fédération n’y est certainement pas étrangère…